Le nouveau roi d’Ecosse

On ne remerciera jamais assez Domino Records d'avoir signé Kenny Anderson, le musicien qui se cache derrière King Creosote. Sans ce label, celui-ci serait encore en train de vendre ses CD.R sur le marché de Glasgow et en train d'aider son frère Gordon Anderson (alias Lone Pigeon) à se remettre de son éviction du Beta Band.

Depuis 2005, King Creosote ne cesse de nous surprendre et ne cesse d’élever le niveau à chaque sortie. En 2011, son album réalisé avec Jon Hopkins, Diamond Mine, l’a révélé au grand public. Depuis King Creosote semble libérer du carcan DIY et rend des disques de plus en plus arrangés et cossus.
Son nouvel album, Astronaut Meets Appleman, montre un King Creosote qui s’assume réellement et qui écrit des chansons à tomber.

King Creosote

Comment vas-tu ?

Discographie

Kenny Anderson : Ça va pas mal.

Quand as-tu écris les chansons de ce disque? Juste après la sortie From Scotland with Love ?

Kenny Anderson : Exception faite de Faux Call, qui est la face B du single You’ve No Clue Do You paru en 2007, toutes les chansons d’Astronaut ont été écrites entre 2014 et Septembre 2015.

King Creosote – You Just Want

Comment as-tu rencontré le groupe de 8 musiciens qui a enregistré ce disque avec toi ?

Kenny Anderson : J’ai rencontré Gordon Maclean (contrebasse) lorsqu’il a programmé un concert de King Creosote à An Tobar (Tobermory) en 2006. Il avait programmé son fils Sorren en première partie. Ce dernier joue de la guitare et chante sur le disque. Après cela Gordon et son fils sont venus régulièrement jouer aux clôtures de aux Jeux du Commonwealth et des événements organisés par l’Alter Ego Trading Company. J’ai enregistré avec Gordon à Mull de nombreuses fois sur les 4 dernières années et en 2014 Hannah Fisher (qui joue du violon et chante sur le disque) était une des invitées sur ce disque.

J’ai rencontré Amy MacDougall (voix et clavier) en 2011 quand je jouais dans les The Burns Unit et elle était la nourrice des enfants de Karine Polwart. Amy a déjà participé à quatre disques de King Creosote. Elle a participé à Greetings From Hamilton, Canada, 3 On This Island (2013) et évidemment From Scotland With Love.

J’ai rencontré Pete Harvey (violoncelle) lors de l’enregistrement de l’album des Cold Seeds album en 2010. Pete est un violoncelliste et un arrangeur pour de nombreux groupes écossais et il fut le premier choix quand il a fallu arranger les cordes pour From Scotland With Love.

Derek O’Neill jouait de la basse avec Ontefly. Il est ingénieur du son aux studios Chem19 où j’enregistre des titres depuis 2006. Il a rejoint King Creosote en 2010 pour jouer du piano sur That Might Well Be It, Darling.

Je connais Andy Robinson, qui assure la batterie, depuis que je suis gosse. Nous étions dans le groupe Skuobhie Dubh Orchestra de 1990 à 1994.

Qui est l’auteur de la pochette d’Astronaut Meets Appleman ? Pourquoi l’as tu choisi ?

Kenny Anderson : L’astronaute a été dessiné par Dan Willson aka Withered Hand et la nature morte est tirée de mon cahier de dessins. Je devais avoir six ans quand j’ai fait ce dessin. C’est trop beau pour être de moi alors j’ai crédité mon frère qui prétend que c’est trop merdique pour être de lui. Je voulais que l’astronaute évolue dans deux dimensions évoluant en dehors du planète en forme de pomme. Je voulais aussi que le dessin soit réalisé à la main.

Et ce titre? Qui est cet astronaute ? Et cet Appleman ?

Kenny Anderson : J’aime bien avoir un titre dès le début d’un enregistrement. Durant notre première semaine à Ann Tobar, Jenny Casino m’a donné une photographie de notre fille Louise Wren en train de jouer avec deux jouets. Le premier est un de ces jeux fabriqués de manière industrielle et le second un jouet ayant la forme d’une pomme difforme avec une saucisse cocktail avec écrit dessus Astronaut meets Appleman. L’astronaute est le trait d’union qui nous relie aux anciennes civilisations. Et l’homme-pomme est Adam évidemment. Ou peut-être que l’astronaute est le symbole de notre désir d’optimisme et l’homme-pomme notre attirance pour la terre du fait des lois de nature.

La nature morte est tirée de mon cahier de dessins. Je devais avoir six ans quand j’ai fait ce dessin.

Tu as déclaré au site Brooklyn Vegan que tu « voulais essayer de remonter le temps et de sonner plus jeune et que tu voulais être moins cynique ». Pourquoi ?

Kenny Anderson : Quand je réécoute mes anciens albums, je suis assez nostalgique de mon ancienne liberté artistique. A cette époque, je produisais moi-même mes disques. Pour ce nouvel album, je voulais quelque chose de plus spontané, de moins écrit.

Comment perçois-tu From Scotland with Love aujourd’hui ? Ce disque semble être un tournant dans ta discographie. Depuis cet album, ta voix sonne magnifiquement. Et sur ce disque, tu touches le sublime.

Kenny Anderson : Merci beaucoup. Beaucoup de chansons sur Astronaut sont des « prises intégrales ». Quelques-unes d’entre elles ont été faites en un ou deux prises. Depuis quelques temps, je suis devenu trop rapide pour travailler mon falsetto. Ma voix est plus facile à contrôler quand je suis en falsetto. Sur les chansons Wake Up To This et Surface, je suis allé chercher des gammes inférieures. Les notes ne sont pas très précises mais je ne chante plus comme lorsque j’avais 20 ans. L’enregistrement de From Scotland With Love a été très difficile nerveusement. Je ne peux pas écouter ce disque sans avoir envie de m’évanouir. Je suis toujours étonné d’avoir réussi l’enregistrer. Il sonne bien en plus.

Pourquoi avoir enregistré quelques chansons d’Astronaut Meets Appleman en Irlande ?

Kenny Anderson : Pendant l’enregistrement de From Scotland With Love, j’ai adoré le rendu live d’un orchestre de 13 cordes. Pendant la tournée, j’ai dû me contenter d’une guitare, d’un violon ou d’un djembe et d’un clavier. Après From Scotland With Love, je voulais de nouveau enregistrer un disque qui mélange à la fois les côtés épiques et intimes d’un groupe. Et j’ai surtout voulu laisser une place plus grande aux instruments écossais traditionnels.
J’avais enregistré aux studios Analogue Catalogue avec Julie McLarnon quand elle habitait à Mossley (Manchester) et depuis 2004, nous sommes devenus très amis avec son mari Rob. Ils ont déménagé et se sont installés à Rathfriland. Alors que nous nous apprétions à jouer à Dublin, Galway et Cork, Rob nous a proposé de devenir notre tour manager. Comme nous étions tous là, on sait dit « Pourquoi ne pas rester là quelques jours en plus et enregistrer quelques morceaux ensemble ? »
C’est que nous avons fait en juillet dernier et c’est ainsi qu’est né le nouvel album. Cela avait du sens de commencer l’enregistrement de ce disque pendant la tournée.

Quel est ton meilleur souvenir lié à cet enregistrement ? Et le plus mauvais ?

Kenny Anderson : Il n’y a pas un seul mauvais souvenir lié à l’enregistrement de ce disque. Les meilleurs souvenirs sont visuels et sont ceux des images/visions des montagnes brumeuses, du soleil de l’estuaire de Port Meirion et de la baie de Tobermory et des neiges éternelles de Whitelee Wind Farm. Les meilleurs souvenirs musicaux sont tous là, prêts à être partagés.

Quelle est l’histoire de Surface ? C’est ma chanson préférée sur cet album.

Kenny Anderson : Surface est seulement la moitié d’une idée et un long couplet que nous avons commencé à enregistrer, et que nous avons uniquement enregistré car nous nous tournions les pouces un matin en attendant que La Young Team (Sorren et Hannah) arrive.
Sur la seconde partie de l’album j’ai essayé de contrer le thème de l’évasion en allant de l’extérieur vers le haut (Betelguese) avec une chanson aux paroles à la fois claustrophobiques et reposées (Surface). Ces deux chansons sont très personnelles et je n’ai pas de doute quant à leur pouvoir double : elles permettent le décollage et l’atterrissage, l’introversion et l’exhibition.
Quand Hannah a doublé ma voix avec la sienne j’étais en train d’écrire rapidement le deuxième couplet. Mais je dois reconnaître qu’il a fallu attendre l’arrivée des cornemuses pour que cette chanson devienne très folk.

Tu sembles obsédé par le temps qui passe. Ce disque évoque la coexistence de la tradition et des nouvelles technologies. Pourquoi as-tu ressenti le besoin d’évoquer ce thème ?

Kenny Anderson : J’ai l’impression d’être constamment à contre-courant et de lutter contre le changement rapide des technologies. Je me dois de rappeler et d’informer ceux qui ne voient pas ce changement, notamment dans la musique et les arts. Aussi mauvaises que sont les années 90, donnez moi un billet pour retourner en 1996.

Tu penses pouvoir venir jouer ce disque en France ?

Kenny Anderson : Depuis que j’ai joué avec le Skuobhie Dubh Orchestra en 1991, on a du me demander seulement six fois de venir jouer avec King Creosote soit une fois tous les six ans. On m’a appris à ne jamais réclamer. La balle est dans votre camp. J’en ai bien peur.

Astronaut Meets Appleman de King Creosote sera publié le 2 septembre 2016 via Domino Records.

King Creosote - Astronaut Meets Appleman

Tracklist : King - Astronauts
  1. You Just Want
  2. Melin Wynt
  3. Wake Up To This
  4. Faux Call
  5. Betelgeuse
  6. Love Life
  7. Peter Rabbit Tea
  8. Surface
  9. Rules of Engagement

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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