Les concerts à la Gaité Lyrique sont toujours un peu particuliers, on a à la fois l’impression d’un tête-à-tête privilégié avec les artistes, et en même temps d’être en club un samedi soir, prêts à danser toute la nuit.
C’est un peu ce que ça m’a fait avec Griefjoy hier soir, il faut dire que leur musique se prête d’ailleurs tout à fait à ce genre d’impression : à mi-chemin entre une performance vocale et musicale acoustique incroyable, et des beats électroniques ultra lourds sur lesquels tu ne peux que sauter frénétiquement en déconnectant complétement de l’espace-temps où tu te trouves.
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Ce sentiment paradoxal, je l’ai eu tout au long de leur live, qui m’en a rappelé étrangement un autre d’ailleurs, certes dans une moindre mesure : celui de Moderat aux Nuits Sonores à Lyon en mai dernier.
Griefjoy – Touch Ground
Mais ici, les Griefjoy avaient ce truc bien à eux qui en fait un groupe tout à fait attachant, malgré cette dimension musicale parfois un peu inaccessible : la communication, l’humour et l’auto dérision.
Pendant tout leur concert, ils ont alterné les phases musicales puissantes, où l’on se laissait emporter par le tourbillon de la voix de Guillaume, parfaitement coordonnée aux notes de son synthé, aux riffs de guitares, aux beats de batterie et à la déferlante de samples électroniques bien dosée, et les phases où ils nous ramenaient à la réalité en discutant avec nous comme si on était tous potes, effaçant quelques instants cette distance artiste-public qu’il peut y avoir lors de certains lives très électroniques où la scène se transforme parfois en une bulle créative dans laquelle il n’est pas évident d’entrer.
Jouer avec la salle
Ils ont pris des risques, et pour cause : vers la fin du concert, ils nous ont dit qu’ils avaient envie de s’essayer à une impro totale avec nous, et ont demandé au public de leur donner une base de quatre notes.
« La, Si, Ré Mineur & Sol » répond une fille devant la scène, interrogée au hasard. Pas évident ! C’est sur ce challenge qu’ils partiront, nous emportant avec eux dans un joli processus de création collectif.
« Bon, ça a un petit coté Get Lucky, mais on s’en sort pas si mal » lâche Guillaume, « Par contre je pense qu’on va arrêter là, parce-que j’ai un peu trop séché le solfège moi, je ne vais plus pouvoir suivre ! »
Ils assument sans complexes les aléas du live, les petites erreurs ou les problèmes techniques, faisant même des blagues dessus, et ça, ça fait du bien. Du coup, on rigole bien, on décompresse entre deux montées musicales intenses, et on se sent vraiment proches d’eux.
Griefjoy – Lights on
« Pour le dernier morceau, il est temps de nous montrer ce que vous avez VRAIMENT dans le ventre ! » et là, ils nous balancent le très attendu Touch Ground, dans un ping-pong de vocalises public-artistes rondement mené. On s’égosille entre deux sauts, tirant sur nos dernières réserves physiques avant épuisement, histoire de finir ce concert vraiment en beauté, à leurs côtés. Parfait !
Et ce n’est pas fini, les quatre niçois reviennent au rappel pour nous envoyer un Lights On particulièrement intense, si bien que dans ma tête, ça a scandé avec eux « All night long, all night long » sans cesse pendant tout le reste de la nuit. Merci les gars, Griefjoy à la Gaité on s’en souviendra en tout cas.