Laissant à sa voix une place réduite à sa portion congrue, Octave Noire nous emmène dans un monde de silence et de claviers qui s’emballent et nous plongent dans le monde du Grand Bleu. Dans les abysses mélodiques de Néon, on croise les ombres de Kraftwerk et de Jean-Michel Jarre.
La lumière du néon
Tu as un regard particulier sur la pochette de Néon. Que regardes-tu ? Pourquoi avoir-choisi cette photographie ?
Discographie
Octave NoireOctave Noire : Cette photo est dans la tradition des portraits qu’on peut trouver en médaillon par exemple, donc une forme assez classique. Il est noyé dans un bleu électrique et franc, ce qui donne une modernité à l’ensemble. J’essaie de faire en sorte que ma musique soit un mélange de tradition et de modernité. Mon regard ouvre vers l’ailleurs. il est comme un prisme qui redirige la lumière et l’auditeur vers les différents univers que continuent les chansons.
Comment as-tu rencontré Gaëtan Chataignier qui a réalisé le clip de Nouveau Monde ?
Octave Noire : Je l’ai rencontré par l’entremise de Vivien Gouery de mon label Yotanka. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur autres clips d’artistes du label (Mesparrow). C’était une vraie bonne nouvelle quand j’ai appris qu’il allait réaliser le clip d’Un Nouveau Monde. Je suis fan de son travail depuis un moment. Je savais que le résultat serait surprenant et beau.
Octave Noire – Nouveau Monde
Elle semble très importante pour toi cette chanson. Quelle est son histoire ?
Octave Noire : Elle est née au piano, très rapidement. Les paroles sont également arrivées d’un coup, sans réfléchir. La base harmonique posée et la mélodie trouvée, j’ai travaillé avec beaucoup de soin l’orchestration. Je savais que tout se jouait là, étant donné que le texte est très court, et répété, voire scandé. Il fallait donner à la musique le rôle qui est souvent dévolu aux paroles, à savoir le développement d’une idée. J’ai cherché un deuxième couplet, et un troisième, mais il n’y en avait pas besoin. Les cinq phrases suffisent à mon sens. La musique raconte plus encore.
Tu l’as fait mûrir pendant combien de temps ce disque ?
Octave Noire : Il a pris son temps. Le premier morceau est né il y a 4 ans. Il n’est pas né d’un coup. J’ai navigué dans beaucoup de styles différents ces dernières années, il fallait que tout cela se décante. En revanche, chaque morceau est arrivé très rapidement. C’est en général le morceau qui s’impose. Quand je commence à composer, je ne sais pas où il m’emmènera. Il ne faut pas lutter, mais plutôt le suivre.
La condition humaine
Pourquoi l’avoir appelé Néon ?
Octave Noire : Le Néon est un « gaz rare» que l’on trouve dans l’univers. Il y en a 6. Cela ouvre vers l’univers, l’infiniment grand. C’est un thème qui m’intéresse. Mais le néon fait aussi référence à cette lumière blafarde qu’on trouve en général dans des endroits qui manquent de poésie au premier abord (salle d’attente, laverie, bistrot vieillot). Pourtant, j’aime ces endroits. On est là dans le quotidien le plus banal. On est dans l’infiniment petit de notre condition humaine. A travers Néon, j’ai voulu relier ces deux extrêmes où nous sommes, d’où nous venons.
Synesthésie
Et pourquoi t’être appelé Octave Noire ?
Octave Noire : Mes textes et mes musiques sont relativement impressionnistes. Je ne suis pas dans le narratif, mais plus dans l’émotion, le ressenti. Il fallait que mon pseudo retranscrive cela. J’essaie d’être dans le sensoriel. Il y a donc l’ouïe (Octave), et la vue (Noire). Je crois en la correspondance entre les sens (synesthésie), j’essaie d’évoquer cela dans mon album.
B.O.F.
Ton disque, du moins sa production, met en avant les instruments et met ta voix en retrait. J’ai tout bon ou je suis complètement à coté de la plaque ?
Octave Noire : Bingo ! C’est la musique qui raconte l’histoire. Je suis musicien avant tout. J’ai toujours voulu faire de la musique de film, et les mots sont plus là pour souligner le propos des sons, et des notes.
L’Afrique
L’Afrique semble jouer un rôle important dans ta vie musicale. Elle est mentionnée dès la première ligne de ta bio. Quel est ton plus beau souvenir musical africain ? Ton premier souvenir ?
Octave Noire : Oui, elle est importante. J’y ai passé mes 10 premières années. J’en retiens des sensations et des impressions, encore une fois. Mes premiers souvenirs sont les tubes de chanson française que j’entendais à la radio sur R.F.I., mais aussi mes cours de djembé que je prenais avec Adama Dramé, un des maîtres de l’instrument. Du coup, je voulais devenir batteur, jusqu’à ce que je découvre le clavier. Le plus beau n’est pas musical, mais sonore. Mon plus beau souvenir, c’était lors d’une éclipse de soleil. Je me souviens très bien des gens de mon quartier sortir dehors avec toutes leurs batteries de cuisine pour faire le plus de bruit possible, afin de faire fuir l’obscurité. Cette cacophonie collective m’a beaucoup marqué. Ça aurait beaucoup plu à Jacques, le chantre de la musique bruitiste.
La solitude de l’octave
Comment s’est déroulé l’enregistrement de ce disque ? Cela a pris du temps ? Il y a des chansons qui n’ont pas été retenues ?
Octave Noire : J’ai fait mon album dans mon studio, tout seul. Je travaille seul, mais suis accompagné de Frédéric Louis, qui a co-écrit deux textes de l’album. Il est là pour me conseiller, et me servir de garde-fou par moments, pour m’empêcher de partir dans des directions périlleuses pour le morceau. Puis, j’ai rencontré Vivien Gouéry et son label Yotanka, et nous avons décidé de refaire les prises de voix et de batterie au studio Near Deaf Experience de Sébastien Lohro, qui a mixé, co-réalisé l’album et fait le mastering. Franck Richard avec qui je joue sur scène a joué toutes la batteries de l’album.
Oui, de nombreux titres n’ont pas été retenus. C’est toujours un déchirement. Mais je fais confiance à Vivien. Il n’a été que de bons conseils.
La résidence du néon
Comment te sens-tu avant de le défendre sur scène ?
Octave Noire : Excité. Tout se passe bien. L’accueil d’Un nouveau monde est très bon, et il semble que les premiers frémissements par rapport à l’album le sont également. Du coup, ça donne confiance. Nous avons beaucoup travaillé avec mes 2 musiciens Franck Richard à la batterie (Yelle), et Ton’s aux claviers / machine (Svinkles, Freedom for king kong). Le MAPL de Lorient dirigé par Anne Brulot-Thomas, nous a permis d’avoir des conditions de travail optimales pour préparer cette tournée en bénéficiant d’un réseau de salles en Bretagne pour faire des résidence de travail. Nous avons travaillé la scénographie, la lumière avec Jean-Loup del Frate, Sébastien Lohro et Rodolphe Mulot au son. On est chauds pour défendre l’album sur scène.
The Shapes
The Shapes est la plus belle chanson de fin d’album de 2016. Quelles sont tes chansons préférées de fin d’album ?
Octave Noire : Oh, touché, merci ! Deux me viennent tout de suite.
Je pense à Nanou 2 qui conclue DRUKQS de Aphex Twin et à Billy de Jackson and His Computer Band, qui conclut l’album GLOW.
https://www.youtube.com/watch?v=W5dcEXpViiI
Neon d’Octave Noire sera disponible le 20 janvier 2017 via le label Yotanka.
Octave Noire sera en concert le 23 février 2017 au Nouveau Casino (Paris).
- Un nouveau monde
- La sainte nuit
- Belem Belem
- My Hand in your Hand
- Tes yeux
- tes mains
- tes lèvres
- La neige en été
- L'envol
- Sur un tube disco
- The shapes