Aujourd’hui, la majorité des groupes ont la durée de vie d’un Kleenex. Le scénario est sensiblement toujours le même : on publie un album le lundi, on est chroniqué le mardi et on est oublié le mercredi. Et le vendredi on est devenu cadre moyen dans l’agence bancaire du coin.
Les Grand Parc auraient pu finir conseiller clientèle à la Banque Postale. Ils auront dû attendre un an avant de devenir l’une des coqueluches de l’édition 2016 des Transmusicales et d’attirer la lumière des médias. Leur album, qui fait danser Kim Gordon avec Syd Barrett, s’avère être un disque passionnant.
Comment s’est formé le groupe ?
Discographie
Grand ParcGrand Parc : A la base, toutes les compositions et les arrangements étaient dans nos ordinateurs, Annie et moi. La question de faire appel à des gens est venue en second lieu, lorsque la perspective de faire des concerts à commencer à poindre son nez. On a d’abord commencé avec Julien Grasset (basse) et Charles-Antoine Hurel (batterie) avec qui j’avais joué dans Katel. Ils ont fait énormément pour rendre la musique vivante et faire avancer l’entité « Grand Parc ». Aujourd’hui, ça a changé. Jean-Baptiste Julien joue la basse et du clavier, ce qui ouvre pas mal le spectre du groupe et en ce moment, on joue avec différents batteurs. Pour nous, le groupe existe au moment de la mise en forme live des morceaux. Avant cette étape, le travail est plutôt laborantin, partagé entre Annie et moi.
Grand Parc – Unchestra
Pourquoi ce nom de Grand Parc ?
Grand Parc : On a longtemps préparé les choses chez nous, que ce soit la composition ou les premières répétitions en groupe. Grand Parc, c’est le nom du quartier où l’on vit et c’est devenu assez rapidement l’appellation que nos amis utilisaient pour s’enquérir de l’avancée de notre travail : « Ça va Grand Parc ? », « Ça avance le Grand Parc? ». Ce sont eux qui ont trouvé le nom.
Quel est le groupe qui met tout le monde d’accord au sein du groupe ?
Grand Parc : A la dernière résidence, c’était les Cure. Mais ça va sûrement changer. Ringo Starr a mis tout le monde d’accord aussi. C’est pas un groupe mais c’est pas grave. On a évidemment des points de convergences mais nos parcours de musiciens-nes ne se ressemblent pas et nos écoutes non plus.
« On était très contents d’être invités à jouer aux Trans et on a porté le concert avec toute notre sincérité. »
La Horde
Comment écrivez-vous vos chansons ?
Grand Parc : Comme je te le disais, le processus d’écriture est d’abord solitaire. C’est un travail que nous faisons chez nous (Annie et moi) chacun de notre côté. On a un regard sur les compositions de l’un et de l’autre mais le chemin de recherche se fait souvent seul. Parfois, on mêle nos écritures, Cities Are Outside ou Winter sont dans ce cas. Une fois qu’un squelette de composition est apparu, je ne peux pas m’empêcher de rajouter tout ce qui peut potentiellement habiller le morceau. J’ai besoin d’aller au bout du geste. Le travail du groupe, c’est d’apprendre des parties déjà écrites. Moi et Annie devons aussi apprendre à jouer nos parties. Quand l’ordinateur joue tes pistes guitares/chants, c’est super, quand on doit les jouer pour de vrai, on fait moins les malins. Mais tout ça risque d’évoluer, cette méthode vient du fait qu’au démarrage des compositions, on était très isolés dans notre démarche, du coup on prenait tout en charge. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
The North Is Coming
Quelle est l’histoire de North qui ouvre l’album ?
Grand Parc : Symboliquement, pour moi le Nord représente la mort. Ne me demande pas pourquoi j’en ai aucune idée. La question que je me pose c’est : qu’est-ce qui reste de ton passage après ta mort ? Une fois ta traversée terminée quel trace as-tu laissée ? Reste t-il quelque chose qui a marqué les éléments ? Pas au sens d’une trace qui marque l’Histoire ou tes contemporains. Juste la tienne. Le sillon que tu as dessiné, quelle empreinte a t-il laissée ? Qu’as-tu fait résonner ? Je lis en ce moment La Horde du Contrevent d’Alain Damasio qu’un ami m’a offert. Je crois que d’une certaine manière, il est question de ça dans ce livre. Une vingtaine de personnes aux histoires et caractères différents composent une horde dont l’objectif est de traverser à pied un environnement en partie inconnu et qu’un vent ultra violent a rendu à certains endroits d’une hostilité telle qu’ils risquent leur vie. Cette horde suit, grâce à un savoir à la fois empirique, scientifique et instinctif, une trace qui doit les mener à un point de chute ou de libération, on ne sait pas. L’enjeu permanent, c’est la qualité de la trace qu’ils emprunteront. Je crois que North parle de ça.
TRANS & KEXP
Et ce concert aux Trans ?
Grand Parc : On était très contents d’être invités à jouer aux Trans et on a porté le concert avec toute notre sincérité. On a la chance de travailler avec des amis et c’était aussi une journée et un concert d’amitié (on en avait même dans le public pour nous soutenir). On n’est pas encore de grands habitués des « grosses » dates, on a quelques transitions à travailler encore mais on tient mieux le live aujourd’hui et on s’est même offert le risque, ce qui est excitant, de jouer un titre qu’on avait joué qu’une seule fois auparavant, qui n’a même jamais été maquetté. C’est super cette sensation là !
Comment êtes-vous rentrés en contact avec KEXP ?
Grand Parc : Le cadeau avec KEXP est que c’est la radio elle-même qui a nous a invités! On peut le dire, on était hallucinés de cette nouvelle. Dans le cas des Trans, cette station est capable de convier des artistes/musiciens qui ont déjà un beau parcours comme Barbagallo tout autant que Grand Parc, Chouette ou Vagina Town qui ont moins de visibilité d’une certaine manière… tout ça, juste parce qu’ils ont écouté la musique. L’équipe était adorable, simple, drôle. Le grand rêve maintenant serait un jour de pouvoir y passer, à Seattle, chez eux !
Grand Parc - Grand Parc
Grand Parc de Grand Parc est disponible (notamment via leur bandcamp).
- North
- Unchestra
- Cities Are Outside
- Floating Stones
- Weird Land
- Yellow Sleep
- Winter
- Blinded Soldier
- Little Joke