Formés en 1983 par Mike Badger, les La’s finirent rapidement sous la tutelle de Lee Mavers. Évidemment, quand on se ramène avec There She Goes et Lookin Glass au local de répet’, personne ne bronche et tout le monde suit. Signés chez Go! Discs (maison mère de Paul Weller à l’époque), les La’s publièrent en 1987 un premier single (Way Out) avec Paul Hemmings à la guitare. Ce dernier ne tint pas longtemps et parti fonder le label Viper et est allé chercher son bonheur chez Ian Broudie.
En 1988, le comptable de Go! Discs commence à être pris de malaise. Voilà que les La’s sont en studio mais rien ne sort. On publie sous forme de single There She Goes pour faire rentrer du cash et pour faire recruter un nouveau guitariste. En effet, John « Boo » Byrne tire sa révérence et c’est à Peter Cami Cammell de s’installer définitivement en studio.
Discographie
The La'sLe studio, la tombe des La’s. Mavers inventa sa propre légende avec un concept foutrement simple : être le premier musicien à ne pas vouloir publier son disque. Le lad en chef refusait le diktat de l’industrie musicale et voulait revenir aux heures premières du rock. Les La’s, c’est un steack sans sauce. Mais la viande est d’une telle qualité qu’elle n’a besoin que d’elle même. Les chansons de Mavers sont sèches comme des coups de trique et vous claquent à la gueule dès la première seconde. Enfin en 1988, les claques dans la gueule sont surtout réservées aux producteurs, John Leckie et Mike Hedges. Le label envoie les meilleurs et se les fait plier en deux par Lee Mavers. C’est finalement la copie de Steve Lillywhite qui sera conservée, publiée et reniée publiquement par Mavers.
Nous avons retrouvé deux guitaristes des La’s. Lepremier s’appelle Barry Sutton et son passage dans les La’s épouse la fin de la première époque du groupe (1983/1989). Quant au second, il s’agit de Peter Cami Cammel. C’est le guitariste de la meilleure période de cet étrange groupe de Liverpool, c’est à dire 1990, année d’une mythique tournée et de l’enregistrement de l’album.
Barry Sutton
Barry Sutton a été le guitariste des La’s entre 1988–1989 et en 1991. Il a joué sur les sessions enregistrées par Gary Growley (décembre 1988).
Comment as-tu rencontré Lee Mavers ?
Barry Sutton : J’ai rencontré Lee chez un ami commun, Charmo. Il était grossier, jouait de la guitare et ne m’a pas fait bonne impression. J’ai discuté avec lui pour la première fois en juillet 1986 lors d’une soirée à Sefton Park. Les La’s venaient juste de donner leur premier concert et jouaient le deuxième devant un public de Scousers un peu bohèmes. Encore une fois, je n’en avais pas une bonne impression. Ils étaient très lo-fi et n’avaient aucun charisme. Ça, c’est venu plus tard. J’avais mon propre groupe, les Marshmallow Overcoat, avec Peter Cammy, un futur La’s et nous jouions après eux. On occupait le même créneau que les The Fall (un groupe dont j’ai été le roadie), le Beefheart et tout ce qui été psychédélique. Nous aimions tout ce qui était à contre-courant de ce qui se faisait à Liverpool à cette époque là. Lee est venu nous voir après et nous a dit : » Vous êtes fantastiques, je veux jouer avec vous ! ». On a fait un jam hasardeux de 10 ou 15 minutes. Nous sommes devenus amis. C’est ainsi que Cammy et moi même avons rejoint le groupe après. Nous avions les mêmes goûts en ce qui concerne la musique et les drogues psychédéliques. L’époque était très réactionnaire. La musique mainstream était d’une mollesse incroyable. Et puis il y avait Thatcher, l’héroïne… Et tout cela était plus fort que les groupes.
Pourquoi as-tu quitté les La’s ?
Barry Sutton : Je ne les ai pas quittés, on m’a mis dehors. Je pense que j’allais à l’encontre de la pratique quasi religieuse des membres du groupe. Il y a eu beaucoup de changements de personnel dans le groupe comme tu peux le savoir. Lee a même été viré pendant quelques jours par erreur en 1990. Ce n’était pas un groupe pour les gens timides. A l’époque j’adorais le côté zélé de Lee. Il ne faisait pas ça pour l’argent ni pour la gloire et il méprisait les pop-stars. Les La’s étaient plus une quête spirituelle qu’un groupe. Il y a beaucoup de similitudes avec le Magic Band de l’époque du Trout Mask Replica.
Captain Beefheart & His Magic Band – Trout Mask Replica (1969)
Quel est ton meilleur souvenir ?
Barry Sutton : Mon meilleur souvenir est de savoir que j’ai fait partie de quelque chose de légendaire. Je suis toujours surpris par la réaction d’amour et de respect que les gens ont pour notre musique qui était humble. En 2009, j’étais dans les loges d’un concert de Pete Doherty. Un ami me rapporta qu’il discutait avec Graham Coxon et qu’il s’écria : « Je ne peux pas le croire, je suis en backstage avec les La’s ! » Quand j’ai rencontré les Gallagher en 1994, ils ont montré un très grand respect pour mon travail avec le groupe.
Les Libertines, Oasis… Ils peuvent garder leur argent. Ils seront toujours dans notre ombre.
J’ai adoré des moments comme les balances lors des concerts, les répétitions. C’était sensationnel comme quand on jouait Tears in the rain. C’est marqué au fer rouge dans mon A.D.N.
Quelle est ta chanson préférée des La’s ? Pourquoi ?
Barry Sutton : Raindance car elle me brise le cœur et qu’elle a un bon groove. Et puis les paroles sont très hypnotiques. Pour les chansons publiées, je vais dire Knock Me Down ou Over. Ça dépend des saisons. Chaque chanson des La’s est un classique instantané. La guitare rythmique sur I.O.U. … La liste est infinie.
The La’s – Raindance
Te rappelles-tu de ta première répétition avec Mavers & Power ?
Barry Sutton : Oui on m’a demandé de venir répéter avec Lee. On joue pendant 19 heures avec Lee sous LSD. La vie de rockstar est si ennuyeuse… J’ai passé quelques semaines à répéter avec Lee qui était très attentionné. Nous avons ensuite répété avec le groupe au mois d’août.
Peter Cami Cammell
Peter « Cammy » Cammell a été bassiste et guitariste chez les La’s en 1988, 1989–1992 et 1994-1995. C’est le guitariste qui joue tous les morceaux de l’album exception faite de There She Goes.
Comment as-tu connu Lee Mavers ?
Peter Cami Cammell : Je connais Lee depuis que j’ai cinq ans. Mon grand frère et lui étaient les meilleurs amis à l’école. Je me rappelle qu’il s’agit des deux personnes les plus drôles que j’ai croisées dans ma vie. Ils étaient toujours en train de faire des blagues et de rire, de dessiner des choses amusantes et de faire les bruits les plus ridicules avec leur bouche que je n’ai jamais entendus. Lee était un excellent imitateur. Ce n’est pas étonnant qu’il soit devenu un excellent chanteur. J’ai donc grandi avec Lee jusqu’à ce que nos chemins se séparent. Puis je me suis mis à la musique et nos chemins se sont de nouveau croisés et bien plus même.
The La’s – There She Goes
Pourquoi as-tu quitté les La’s ?
Peter Cami Cammell : J’ai été dans le groupe en tout et pour tout pendant 6 ans sans compter le temps où j’ai été le roadie du groupe. Nous étions une bande d’amis et on passait notre temps les uns chez les autres. Et ça tous les jours de la semaine. Nous avions un local de répétition et on l’utilisait comme notre appartement toute la semaine et nous y passions 12 à 16 heures par jour. On fumait de la bonne herbe et nous jouions de la bonne musique. Jusqu’à un moment. Je ne ne sais pas ce qu’il s’est passé. Peut-être que le groupe était fini et que nous étions les uns sur les autres. John a quitté le groupe et je pense que d’autres choses sont rentrés dans l’équation de sorte que j’ai su que c’était l’heure de partir.
Quel est ton meilleur souvenir au sein des La’s ?
Peter Cami Cammell : Avoir été sur la route avec tes amis qui sont comme une famille et partager ta musique dans tout le pays et le monde sont mon meilleur souvenir. Lee était très créatif, nous étions tous créatifs à l’époque. Pendant toutes ces années, nous avions des idées d’enregistrement géniales qui n’ont jamais vu le jour. Nous étions si proches que tout se faisait facilement. Tout cela est du au fait que nous passions énormément de temps ensemble à jouer de la musique dans des conditions très psychédéliques.
Mon pire souvenir ? La fin. Le début avait été si brillant. Notre bonne étoile nous a quitté en studio.
Je pense que nous avons perdu pas mal de temps en studio.
Quelle est ta chanson préférée des La’s ?
Peter Cami Cammell : J’ai toujours adoré jouer Failure qui est un vrai bon rock. Tu règles ton ampli et tu utilises ton vibrato. Il y a aussi Looking Glass. Elle un peu plus complexe mais j’y mets plus de sentiments. Mais ma préférée a toujours été Failure.
The La’s – Failure
Et comment as-tu appris à jouer de la guitare ?
Peter Cami Cammell : J’ai appris à jouer pendant le collège. Un de mes amis m’a apporté une guitare et m’a montré quelques accords. Je suis tombé instantanément amoureux de cet instrument.
Quand as-tu vu Lee pour la dernière fois ?
Peter Cami Cammell : J’ai vu Lee il y a quelques mois. Je suis tombé sur lui à Huyton, la ville dont nous sommes originaires tous les deux. On a discuté et ri pendant 10 minutes. Et puis nous nous sommes quittés. Il m’a invité à venir passer du temps chez lui. Je n’y suis pas encore allé. Mais je n’ai aucun problème avec Lee. C’est un type très drôle d’excellente compagnie.
Comment se comportait Lee en studio ?
Peter Cami Cammell : Je peux comprendre pourquoi les gens le croient un peu fou. Il l’a toujours été un peu mais pour être honnête je pense que c’est surtout un écrivain exceptionnel qui a lutté pendant des années pour capturer le son avec des réglages dont nous avons eu connaissance qu’après. Lee a eu cet objectif pendant des années et l’a atteint à la fin. C’est quelqu’un de très honnête qui te parle assez directement de ses buts. Ce qui peut sembler un peu fou. L’ambiance dans le studio était bonne et parfois mauvaise. Mais quel groupe n’a pas connu des hauts et des bas ?
Et quelle est l’histoire de Something I Said ?
Peter Cami Cammell : On l’a enregistrée sur un lecteur cassette lors d’une tournée. Et nous avons perdu la cassette. Et il y avait plein de morceaux comme ça. Cette cassette est quelque part…
The La’s – Something I Said
The La's - The La's
The La’s des The La’s est disponible via Universal Music.
- Son Of A Gun
- I Can't Sleep
- Timeless Melody
- Liberty Ship
- There She Goes
- Doledrum
- Feelin'
- Way Out
- I.O.U.
- Freedom Song
- Failure
- Looking Glass
En 1987 Paul Weller était encore chez Polydor. Il ne signera chez Go Discs! qu’en 1992.
Gloups !