Ce moment musical appelé Whateverweplayyoucome #2 par leurs inventeurs a en effet surclassé la première soirée qui avait eu lieu il y a deux mois. D’abord parce qu’en ouverture, Zacharie J. Boissau, métamorphosé sans cornofulgure a bouleversé par sa simplicité sincère l’auditoire de ses reprises, que cela soit au piano (Randy Newman, Tim Hardin, Neil Young ou Bill Fay) ou à la guitare (Astrud Gilberto, Moondog ou le renversant Jimmy Campbell).
Fraternité musicale
Quand on cherche les synonymes du mot fraternité, mot qui surgit naturellement lorsque se présente sur scène ce bringuebalant big bazar poético amical et sensible du nom de Whatevershebringswesing (merci Kevin Ayers), le dictionnaire révèle une large litanie dont il est impossible de retirer le moindre mot : accord, amitié, amour, camaraderie, communion, compagnonnage, concert, concorde, confiance, confraternité, ensemble, entente, générosité, harmonie, intelligence, lien, paix, parenté, sodalité, solidarité, sympathie, union, unisson, unité. C’est ce que réussissent à fabricoter Marguerite, Richard et leurs zigs. Eugène Guillevic dans Mon domaine disait : « S’il suffisait – De tendre la main – Comme on tend l’oreille… » Pléthore de mains se sont tendues lors de ce moment suspendu et réconfortant.
Mais pour comprendre (ou pas) la nature de ce projet syncrétique et fraternel, il faut lire la profession de foi glissée sur les sièges d’une salle gorgée d’amitié et d’ondes positives.
« Poursuivant leur exploration musicale du bon plaisir et du gai savoir, les deux fondateurs de Whatervershebringswesing, Marguerite Martin et Richard Robert se produisent plus que jamais en fort belle et savoureuse compagnie. Olivier Longre, le doux dompteur d’instruments à cordes et vents, et Guillaume Itier, le magicien funambule des peaux et claviers sont toujours là. Tout comme la pianiste Marion Bondaz qui semble détenir dans ses doigts les plus subtils et ancestraux secrets de la sculpture sur ivoire et le chanteur guitariste Franck Lemonde, trouvère oblique pour époque trop rectiligne, descendant amoureux des rhapsodes, ménestrels et autres aèdes de tous les temps et de tous les pays.
Mais la caravane d’amis s’enrichit encore de deux nouveaux larrons et pas des moindres : d’un côté Zacharie J.Boissau, garçon sans âge qui prête généreusement ses mains, son cœur et ses chœurs déjà si merveilleusement patinés. De l’autre Greg Gilg, barde sans chaînes, musicien démonté, homme qui aimait les flammes vocales, homme qui sait ce que monter un chœur à voix nues veut dire.
Avec cette ribambelle d’âmes, toutes réunies par la même soif d’arpenter le paysage musical comme on battrait la campagne aux premiers jours du printemps, c’est à dire avec tendresse infinie, fougue incompressible, chamade au cœur et fraîcheur native, le chemin amorcé depuis quelques mois se poursuit. Soit une libre déambulation sur le terrain de la reprise, considérée non pas comme un exercice d’école, mais au contraire comme un tremplin vers moult plaisirs buissonniers. Avec toujours, en ligne de mire, une seule fin, : se jouer des cloisons et autres chicanes déposées par les crispés du ciboulot de toutes les engeances, ceux-là même qui voudraient nous éloigner des sentiers sinueux de nos seuls désirs. Allez hop ! en avant – fût-ce en zigzag, en crabe. »
Vous pouvez écouter ci-dessous les titres joués lors de cette soirée en regardant les photos de Fabrice Buffart.