5 questions … à Bertrand Betsch

SK* a demandé à une vingtaine (et plus) d'artistes appréciés par les membres de l'équipe de répondre à cinq questions très simples avec leurs morceaux du moment, nouveaux ou anciens. Voilà le tour de Bertrand Betsch dont l'intime et humaniste La vie apprivoisée est sorti en septembre dernier.

Apprivoiser la vie, voilà certainement la gageure la plus difficile pour la nouvelle année compliquée qui s’annonce. En attendant Bertrand Betsch nous dévoile sa beauté du monde avec une précieuse playlist commentée.

Bertrand Betsch en cinq questions :

Ton souvenir de concert ?

J’ai eu la chance de voir deux fois Stanley Brinks (aka André Herman Dune) à Bruxelles (en l’espace de trois mois) lorsqu’il était au sommet de son art. C’est ma plus grosse claque en concert. Je me souviens le voir commencer son concert en caressant sa guitare de la main et caressant le micro de sa voix, puis peu à peu s’éloigner pour finir le concert assis au bord de la scène en chantant a capella. Ce mec m’a appris l’importance du silence au sein même de la musique. Je me revois chanter avec lui, dans la fosse, comme un simple choriste. Ce mec n’est pas un chanteur, c’est un prophète.

Ta rencontre en tournée ?

1997, tournée du label Lithium. L’occasion de côtoyer Dominique A, pendant deux mois. Ce type passe pour quelqu’un d’un peu austère. En réalité c’est le mec le plus marrant que je connaisse. Un humour sans faille à vous faire décoller la plèvre.

Ton prochain album ?

Mon prochain album a pour titre La Traversée. Toutes les démos sont terminées. Reste à mettre en oeuvre les moyens pour enregistrer les arrangements de cordes, de clarinette, la contrebasse, le piano et la batterie. Ce que j’ai fait de mieux en vingt ans mais tout chanteur vous dira toujours que son prochain album est son meilleur.

Ton prochain rêve ?

Toujours le même : sortir de ce statut très inconfortable d’artiste confidentiel qui est le mien.

Bertrand Betsch – La beauté du monde

En écoute avec Bertrand Betsch :

Bertrand Betsch - fait sa playlist

  1. Flip GraterThe Quit

    Cette chanson parle d’une rupture amoureuse comparée à un sevrage brutal (« cold turkey »). Et justement, il suffit d’entendre cette chanson une seule fois pour être complètement accroc et être littéralement dans l’impossibilité de s’en sevrer.

  2. HildebrandtA quoi tu France

    Pour moi, de très loin le meilleur album français de la rentrée. Et bien sûr, personne n’en parle. Album parfait. De bout en bout. Tout est pensé, réfléchi, millimétré. Chaque morceau est une évidence (signe de beaucoup de travail, de tout un labeur transparent qui s’efface pour laisser place à la grâce de ces mélodies mémorables).

  3. Leonard CohenLeaving the table

    I’m leaving the table / I’m out of the game / I don’t know the people / In your picture frame. Le meilleur disque de Cohen depuis I’m your man. C’est dire le niveau. Chaque parole de chaque chanson résonne comme une sentence définitive. Cohen fait ses adieux au monde. Il ne reconnaît plus personne. Il n’est plus de la partie. Son heure est venue. Il tire sa révérence avec toute l’élégance qu’on lui connaît. Sans amertume. Avec le sentiment d’avoir fait ce qu’il avait à faire. I’m ready my lord. Cohen quitte la lumière et rentre dans l’ombre qui fera définitivement de lui le grand Commandeur de la chanson anglo-saxonne. L’ironie est que le Prix Nobel de Dylan ait coïncidé avec la sortie de l’album de Cohen. Or, j’adore Dylan, mais bon, il est clair que ces deux-là ne boxent pas dans la même catégorie. Dylan est certes brillant, mais il ne m’a jamais fait frissonner. Cohen, lui, a ce pouvoir de vous faire trembler de la tête aux pieds.

  4. BatlikSaint-Nazaire

    Comme les trains partent jamais avant l’heure / Les pères s’en vont mais leurs fils demeurent / Grand frère sera jamais consolé / La mère sera toujours agitée / Chanson de gare, chanson de départ / Monument d’anciens déchirements / Quand le papa y fait à son gamin / Avec les yeux un signe de la main. Ecouter cette chanson c’est se frotter à ce que la chanson française peut produire de plus déchirant.

  5. Pain-NoirJamais l’or ne dure

    Tout l’album est sublime mais je dois dire que l’harmonie vocale de Mina Tindle posée sur la voix de François-Régis (Pain-Noir) est d’une finesse incroyable.

  6. The SoundI can’t escape myself

    Hymne post-punk d’un très grand groupe largement sous-estimé et qu’il serait temps de réévaluer.

  7. King CreosoleSomething to believe

    Un petit côté Sufjan Stevens mais avec beaucoup plus de simplicité, voire de naïveté. Très touchant. And so cool

  8. Samuel CajalLangoureusement

    Samuel Cajal (membre de 3 minutes sur mer) pose une à une les pierres de ce qui sera son album solo. Il m’a fait l’honneur de me faire écouter ses démos. Elles sont superbes, notamment cette chanson qui est d’une grande sensibilité.

  9. Samuel Cajal – Langoureusement

  10. La Maison TellierHaut, bas, fragile

    Pourquoi je ne regarde pas la télévision ? Parce que la télévision ne me regarde pas. Pourquoi je lis tel livre ou écoute tel album ? Parce qu’il me regarde. Parce qu’il me raconte quelque chose de moi et de mes semblables. Cette chanson de La Maison Tellier, précisément, me parle, me raconte quelque chose de moi et de ma génération. Et cette chose qu’elle me raconte m’émeut profondément.

La vie apprivoisée de Bertrand Betsch est disponible sur le label Les Imprudences.

Bertrand Betsch - La vie apprivoisée

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

Cela pourrait vous intéresser

Bertrand Betsch - La Soupe à la grimace

[1997 – 2017] Pour un seul moment de présence avec Bertrand Betsch

« Tous ceux qui ont acheté une de ces 30 000 copies ont formé un groupe » a écrit Brian Eno à propos du premier album du Velvet Underground. Tous ceux qui ont écouté Inter le soir où Bernard Lenoir a diffusé La Fossette de Dominique A ont écrit des chansons pourrait-on écrire aujourd’hui. Cette soirée de […]
3 minutes sur mer - Catapulte

[EXCLU] Vidéo : 3 minutes sur mer – Catapulte

Bon, on ne peut pas le cacher, sur SK*, on aime beaucoup 3 minutes sur mer. On avait suivi de près l’enregistrement de leur premier album, L’endroit d’où l’on vient à paraître le 21 avril chez HYP & Pias. On est très heureux de vous dévoiler la vidéo qui accompagne ce Catapulte qui assurément va […]
Bertrand Betsch © Gilles Vidal

Initials B.B

Bertrand Betsch vient de publier, via Microcultures, son nouvel album La Vie Apprivoisée. Dompteur de mots et dresseur de notes, Betsch s’est apprivoisé sur ce disque et offre une ingénieuse compilation de morceaux de grande qualité. Mais il y a quelque chose de sauvage sur ce disque. Né sur les cendres du post punk, Betsch […]

Plus dans Interviews

Louisecombierportrait04b

5 questions à Louise Combier

Avant son passage très attendu à la salle des Rancy à Lyon le jeudi 28 novembre, Louise Combier nous parle de ses morceaux du moment.
Massilia

Massilia à Massilia !

Massilia Sound System fête ses 40 ans d’existence en tournée et par un concert gratuit sur le Vieux Port de Marseille le 19 juillet. SK* les a rencontrés au Vercors music festival avant un concert qui s’annonçait dantesque stoppé net par l’orage.
Cmathieuteissier1

Rêve éveillé avec Lescop

Lescop sort du bois avec un nouvel album, Rêve parti qui fera danser Les garçons et vous retirera la raison avec la femme papillon. Entretien avant son concert à La Rayonne à Villeurbanne le samedi 9 mars.
Julienshelter-matthieudortomb4

5 questions à Julien Shelter

Avec Island, Julien Shelter nous propose un album cocon, un disque refuge pour se ressourcer avec des titres délicats évoquant l’amour, la nature ou l’enfance.