Down Came The Angels
En 2001, Les Américains de Lift To Experience étaient hébergés par les anglais Bella Union et étaient l’objet de toutes les attentions. En effet, leur album fut produit par Simon Raymonde (le boss de Bella Union et ancien membre des Cocteau Twins) et Robin Guthrie (le boss des Cocteau Twins). Il faut dire que tenter de gérer l’énergumène Josh T. Pearson peut s’avérer être un exercice difficile voire une mission suicide. Le disque séduit la critique et John Peel mais effraya le grand public. La suite est connue. Le groupe se désintégra et Josh T. Pearson commença une carrière erratique de barde solo.
John Peel’s Lift To Experience – Peel Session 2001
Quinze ans plus tard et après un concert au Royal Albert Hall lors du festival Meltdown 2016 dédiée à Guy Garvey (le leader d’Elbow est un fan inconditionnel du groupe), Josh T. Pearson et son groupe reviennent (chez Mute Records et non Bella Union) avec une nouvelle édition de leur chemin de croix.
Nous nous sommes entretenus avec Matt Pence, l’ingénieur du son qui a dépoussiéré la Bible du rock des années 2000.
Waiting To Hit
Comment as-tu connu les Lift To Experience ?
Matt Pence : Nous sommes arrivés au même moment sur la scène de Denton. J’avais un groupe qui s’appelait Centro-Matic. Je jouais de la batterie et j’ai enregistré tous nos albums (c’est pourquoi….) et j’ai monté le studio Echo Lab avec Matt Barnhart et Dave Willingham. C’est mon partenaire de studio, Dave, qui a enregistré The Texas-Jerusalem Crossroads.
Lift To Experience – Just As Was Told (2016)
Comment s’est déroulé le nouveau mixage de l’album ? Cela vous a pris beaucoup de temps ?
Matt Pence : Ce mixage a été un sacré challenge car je voulais conserver le son lourd du groupe. Je voulais vraiment que l’auditeur puisse entendre la musique dans sa chair. Ce n’est pas une chose aisée quand tu sais que la plupart des gens écoutent de la musique dans des endroits où les émotions sont créées avec un juste quelques clics. Quand Dave a enregistré cet album, nous avions très peu de matériel et la salle dédiée à l’enregistrement était très petite. Cela rendait les choses difficiles pour capter le son lourd que Lift To Experience est capable de générer sur scène avec une pile d’amplis et une console. Je voulais vraiment donner à l’auditeur la capacité de percevoir les intentions réelles du groupe. Pas seulement ce que le groupe a enregistré il y a quinze ans entassé dans un petit studio.
Quelles sont les différences entre les deux versions ? Comment as-tu trouvé le nouveau son ?
Matt Pence : Dans l’ensemble, je voulais que cette version ait autant de profondeur que possible. Pour les batteries, j’ai utilisé plusieurs couches sonores que j’ai mélangées pour créer un sentiment de profondeur. J’ai utilisé un compresseur multibande assez sophistiqué ainsi quelques couches de reverb déclenchées soit de manière naturelle soit de manière artificielle avec des batteries déjà enregistrées. C’est assez difficile de travailler sur les batteries car les cymbales peuvent sonner de manière insupportable. Pour les guitares, j’ai abordé les choses plus simplement. J’ai juste fait un équilibrage entre l’égaliseur et la console. Josh utilise deux types d’ampli et une cabine Leslie. Tout cela en même temps. Il y a donc beaucoup de données à traiter. Mais cela a été relativement simple : il fallait juste que les guitares sonnent correctement. J’ai utilisé les mêmes reverbs pour faire ressentir le fait que le groupe joue dans la même pièce. Il a fallu pour cela faire un agencement des salles, des reverbs et des mixages.
Quel est ton meilleur souvenir de ce moment ?
Matt Pence : J’ai vraiment apprécié le fait de collaborer avec le groupe. J’ai travaillé sur les différents mixages de mon côté, je les ai réunis à ma grande satisfaction et nous les avons mélangés ensemble au studio. Nous avons passé de bons moments à travailler comme un groupe et c’était assez amusant pur moi d’entendre l’histoire du groupe racontée par le groupe lui même. Et puis c’était intéressant d’entendre Josh raconter la genèse du disque et ses véritables intentions. J’aime bien entendre ce genre de choses quand je travaille sur un disque, cela me guide quant aux choix des différents mixs.
The Ground So Soft
Quel est ton morceau favori ? Pourquoi ?
Matt Pence : The Ground So Soft.
C’est assez rare de pouvoir traduire quelque chose de littéraire sur un album. Surtout de manière aussi dramatique. Le groupe a été d’accord pour aller plus loin avec ce morceau et je suis heureux d’avoir pu aider à emmener l’histoire plus loin. La chose qui m’a fait le plus peur est de couvrir la narration du récit. J’ai compris comment Simon Raymonde avait voulu protéger le récit et j’ai essayé de préserver cela tout en soutenant la musique. Je veux que l’auditeur ne se sente pas devant le groupe mais entouré par celui-ci.
Lift to experience – The ground so soft
La photographie de l’article est signée Ele Rieberg.
The Texas – Jerusalem Crossroads de Lift To Experience sera publié le 3 février 2017 via Nude records / PIAS. A noter que l’édition vinyle comprendra la Peel Session de 2009 et l’EP des démos de 1997.
- Just As Was Told
- Down Came The Angels
- Falling From Cloud 9
- With Crippled Wings
- Waiting To Hit
- The Ground So Soft
- These Are The Days
- When We Shall Touch
- Down With The Prophets
- To Guard And To Guide You
- Into The Storm