En 1981, Edwyn Collins et ses Orange Juice ont publié quelques singles sur le label d’Alan Horne, Postcard Records. Quand David Corio shoote ces écossais, le groupe et le label sont chacun à la croisée des chemins. Horne va bientôt fermer boutique car il vient d’être recruté par London Records. Quant à nos quatre héros, ils s’apprêtent à signer un contrat chez Polydor. Les photographies d’Orange Juice de Corio sont à ce jour les plus connues (et les plus belles) du groupe. David a accepté de revenir avec nous sur cette journée.
L.O.V.E. is all
Comment as-tu rencontré Orange Juice ?
David Corio : C’était un nouveau contrat pour le N.M.E que j’ai rempli le 9 septembre 1981. Je pense que le management du groupe (ou son attaché de presse) se trouvait près de Camden Town ou de Regent’s Park dans le Nord de Londres.
Discographie
Orange JuiceOn distingue un pont au second plan. Je me suis toujours posé la question de l’endroit où avaient été prises ses photos ? Et pourquoi as-tu choisi cet espace ?
David Corio : Les photographies ont été prises sur les rives du canal Regent qui va de l’ouest à l’est de Londres en passant par King’s Cross, Camden, London Zoo et Little Venise. Il y a un chemin qui longe le canal et vous pouvez vous y rendre via différentes routes. C’est une promenade très agréable et elle est très peu fréquentée (voici l’emplacement exact sur Google Maps où j’ai pris cette photo). J’ai pris ces photographies à cet endroit car j’ai toujours cherché des endroits inhabituels. Je connaissais celui-ci avant de les rencontrer. La lumière y est spectaculaire mais cela a été difficile de les photographier. J’essayais de leur faire lever la tête pour qu’ils ne soient pas dans l’ombre. Lorsque vous avez quatre musiciens, cela signifie essayer de les amener tous à prendre la pause au même moment… Et ce n’est pas toujours facile.
Wan Light ?
Le visage d’Edwyn est splendide. Tu te rappelles de ton état d’esprit lors de ce shooting ?
David Corio : Il semblait clairement être le leader du groupe. Un peu comme pour Lawrence. Ils étaient tous dans un bon état d’esprit. Les clichés ont été pris lors d’un des derniers jours chauds de l’été. Tous les membres du groupe étaient charmants peut-être à cause de la chaleur. Les clichés ont aussi été pris quand le groupe venait de quitter Postcard Records et s’apprêtait à signer avec Polydor. Cela a dû les rendre de bonne humeur.
Comme pour Felt, il s’agit sûrement des photos les plus connues du groupe. Quelles étaient les relations du groupe avec leur image ?
David Corio : J’ai mis Edwyn en avant sur quelques clichés car il était clairement le type qui attirait l’œil dans le groupe. Ils discutaient pas mal entre eux et il fallait que je les réunisse pour les photographier. Si tu regardes le lien que je t’ai donné avec la carte, tu peux te rendre compte que l’endroit était très étroit et je ne pouvais pas me reculer à cause du mur. J’ai donc du utiliser mon grand angle. Ce dernier peut rendre les photos plus intimes car ils sont assez proches. Ils étaient assez à l’aise avec cette proposition.
https://www.youtube.com/watch?v=07u_-aINVpc
Tender Object
Tu as commencé ta carrière de photographe professionnel en 1978 principalement pour le New Musical Express. Ces clichés ont été pris en 1981. Comment as-tu appris à travailler, à shooter le visage de tes modèles ?
David Corio : Je pense qu’il y une bonne part d’instinct. J’ai aussi beaucoup regardé les photographies des maîtres des portrait. Ils m’ont beaucoup aidé notamment pour le traitement de la lumière. Je pense notamment à Bill Brandt et Irving Penn. J’ai réalisé rapidement après avoir travaillé avec le New Musical Express que les gens ont une courte durée d’attention : il est donc préférable de travailler rapidement. J’utilisais une seule pellicule, deux objectifs à focale fixe et je préférais travailler à la lumière naturelle. La plupart des gens sont à l’aise avec l’idée d’un shooting qui se fait à la lumière naturelle et sans flash. J’ai une approche assez douce et je ne fais pas poser les gens. Il y a des avantages et des désavantages mais je pense qu c’est ainsi que l’ont fait des portraits naturels. Pour avoir un contact direct avec les gens, je leur parle… Quand il s’agit d’un groupe; on peut jouer avec les lignes et les formes en les faisant poser (cliché 37) ou être conscient qu’ils ne sont pas tous concentrés (clichés 2 et 5). Depuis le début de ma carrière, j’ai toujours détesté faire des planches contacts car cela prenait top de temps et j’avais un délai serré. J’ai toujours fait mes modifications en regardant les négatifs. C’est la première fois que je vois ces images. Comme pour celle de l’interview de Felt !
Que voulais-tu montrer avec ces photos ? Orange Juice est un groupe qualifié de post punk et on retrouve 4 Écossais en short dans Londres…
David Corio : Je voulais simplement montrer qu’ils étaient un groupe libre. Je n’ai pas choisi leurs vêtements et je n’ai pas essayé de leur donner un style. Je viens juste de vérifier… Il faisait 25ºC ce jour là. C’est assez chaud par les normes anglaises. Et si vous êtes Écossais, vous vous croyez sous les tropiques. Personnellement je suis habituellement en bermuda dès qu’il fait 20 degrés. Mais leurs jambes paraissent bien maigres dans leurs larges bermudas.
Les disques d’Orange Juice ont été réédités dernièrement par le label Domino Records.
Toutes les photographies de cet article sont signées David Corio. Vous pouvez les retrouver sur son site officiel : www.davidcorio.com
Orange Juice - Glasgow School
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FELTomania
Retrouvez nos articles sur Orange Juice et Edwyn Collins :
Orange Juice – Rééditions
Edwyn Collins – Understated
Edwyn Collins – Losing Sleep
Edwyn Collins – Portrait
English text
How did you meet Orange Juice ?
This was another commission for NME that I did on 9 September 1981. I think their management or press office was near to Camden Town or Regent’s Park in North London.
Where did you take this pictures ? You were under a bridge. Why did you choose this space ?
This is on the Regent’s Canal that runs from west to east London via King’s Cross, Camden, London Zoo and Little Venice. There is a path that runs for most of the length of the canal and you can get down to it from various roads. It is a very nice walk and is rarely very crowded. Here is the exact location on Google Maps where I took this shot: here.
I took the photo here because I was always looking for unusual locations and knew this area well before I met them. The lighting was dramatic but made it difficult to photograph them. I was trying to get them to raise their heads so they weren’t in shadow. When you have four musicians it also means trying to get them all to concentrate at the same time which isn’t always very easy!
Edwyn’s face is splendid. Do you remember your feelings during this shooting ?
He was obviously the leader of the band (same as the Felt interview with Lawrence) and they were all in a good mood. It was a warm late summer’s day and everyone was cheerful probably because of the weather. It was taken at the end of their time with Postcard Records and just before they signed with Polydor so that might have put them in a good mood too.
It’s maybe the most popular pic’ of Orange Juice (like for Felt). What are the relationships of the band with their own image ?
I put Edwyn at the front in quite a few of the shots as he was obviously the main focus of the band and the rest didn’t seem to mind at all. They were all talking a lot so it was mainly trying to get them to focus on the fact I was trying to photograph them. If you look on the map link you will see that I was very close to them as I couldn’t move back because of the wall. Using a wide angle lens can make the photos more intimate as they all have to be close to each other and they all seemed comfortable with that.
You began your professional career in 1978 taking photographs for New Musical Express. This pictures were taken in 1981. How did your learn to « work », to « shoot » the face of your model ?
I think a lot of it is instinct and also looking at lots of photographs by many of the master portrait photographers taught me a lot about light – particularly Bill Brandt and Irving Penn. I realised pretty soon after starting to work for NME that many people have a short attention span so it is better to work quickly. I usually used one roll of film and one or two fixed focus lenses and I always prefer natural light if possible. Most people are more comfortable in a shoot when there aren’t lights and flashes going off. I usually have a loose approach and don’t pose people too much. It has advantages and disadvantages as I feel it gives more natural portraits but sometimes you need to talk a bit to your subject to get direct eye contact. When there are a few people in a band you can play around with lineups and shapes by posing them (frame 37) but have to be conscious that they aren’t always concentrating (frame 2 & 5).
As a side note from the start of my career I always hated doing contact sheets as it was time consuming and I was always on a tight deadline. I would always make my edits from looking at the negatives so this is the first time I have ever seen all of these images myself! (the same goes for the Felt pix)
What do you want to show with your pictures ? It was 4 Scottish guys who wore shorts in London ! They were a post punk band and they wore shorts !
I just wanted to show that they were a fun carefree band. I didn’t choose their clothes or try to style them.I just checked to see what the temperature was on that day and it was 25ºC. That is pretty hot by English standards but if you are from Scotland that is like being in the tropics! Personally I will usually be in shorts even now once the temperature hits 20ºC but their legs do look very weedy in those baggy shorts don’t they?