[1997 – 2017] Les Papas Fritas avaient sacrément la frite

Ils pouvaient avoir le sourire les Papas Fritas en 2000. Avec leur troisième album, Buildings and Grounds, ce trio du Massachusetts frappa un grand coup. Cet ultime disque fut en effet le coup de maître d'un groupe qui ne sonnait comme personne et qui éblouissait tout le monde. Mais avant d'écrire des chansons comme Far From an Answer et It's Over Now, les Papas Fritas durent enregistrer deux disques. Après avoir publié un premier album en 1995, ces trois fantastiques entamèrent leur mue en 1997 avec Helioself et commencèrent ainsi à faire parler d'eux.

Une bonne chanson des Papas Fritas est une bonne chanson des Papas Fritas. C’est aussi simple que ça. Ces trois enfants du Delaware, qui grandirent dans le Massachusetts des Pixies, passèrent donc le rock et la soul à la moulinette et bousculèrent l’ordre des choses établies. Helioself est donc le disque de la transition. Grâce à celui-ci, les Papas Fritas cessent d’être un groupe comme les autres et s’ouvrent une autoroute vers le chef d’œuvre. Enregistré en autarcie, Helioself permet à Tony Goddess d’exprimer tous ses talents de producteur. Il était donc temps de réunir ces trois musiciens et de leur demander de nous raconter l’enregistrement de ce disque.

Shivika Asthana

Papas Fritas
Shivika Asthana à la cithare © Papas Fritas

Quels sont tes meilleurs souvenirs liés à cet enregistrement ?

Shivika Asthana : L’enregistrement de ce disque a été sensationnel. Nous étions dans une école réhabilitée dans laquelle vivait Tony. Elle se trouvait dans les bois de Gloucester (Massachusetts). Je me souviens que l’eau avait l’odeur des œufs pourris, mais on se levait, on travaillait, on faisait des promenades, on faisait du feu et des dîners vraiment délicieux et nous étions heureux de voir des gens pendant l’enregistrement. Nous avons eu beaucoup de plaisir à ajouter les percussions. Je suis sûre que c’était parfois épuisant mais à cette époque ce groupe était ma famille, du moins c’est comme ça que je le vivais. Nous étions heureux d’être tous ensemble et de faire ce que nous faisions. L’enregistrement fut plus simple que le suivant. Nous avons joué les chansons en live, pour que le ressenti soit réel. Je regarde cette époque avec beaucoup d’affection.

Quelle est l’histoire de Say Goodbye ?

Shivika Asthana : Say Goodbye est juste une chanson mélancolique qui évoque quelqu’un qui est mort avant son heure. J’avais cette image d’une fille qui flottait au dessus de sa vie et qui essayait d’accepter le fait qu’elle soit partie.

Quelle est ta chansons favorite d’Helioself ?

Shivika Asthana : Ma chanson préférée est We’ve Got All Night. Définitivement. J’aime le sentiment d’hymne à la vie de ce chanson. Elle me fait juste sourire.

Comment perçois-tu ce disque aujourd’hui ?

Shivika Asthana : J’aime toujours ce disque. J’aime que mes enfants l’aiment aussi. C’est un album qui possède beaucoup de chansons sur lesquelles on peut danser, qui est plein de petites surprises, c’est court et doux. Il possède un côté très D.I.Y. Les circonstances dans lesquelles nous l’avons enregistré étaient vraiment spéciales et mémorables. C’est un album heureux et positif.

Papas Fritas – Hey Hey, You Say

As-tu des regrets par rapport à ce disque ?

Shivika Asthana : Non.

Tony Goddess

Comment avez-vous rencontré Bryan Hannah ? Comment avez-vous travaillé avec lui ?

Tony Goddess : Nous avons rencontré Bryan Hannah quand nous avons fait des concerts avec les groupes légendaires de Minneapolis que sont The Legendary Jim Ruiz et les The Hang Ups. Ils étaient sur le label Minty Fresh. Je ne me rappelle pas comment il était membre de ce groupe. Nous avons avons travaillé avec lui car c’était bien d’avoir quelqu’un pour couper les bandes et nous aimions le travail qu’il avait fait avec ces deux groupes.

L’enregistrement de ce disque fut facile ? Cela vous a pris combien de temps ?

Tony Goddess : Je me rappelle que c’était un peu une course contre la montre. Je pense que nous avions terminé la tournée de notre premier album en septembre 1996 et que nous avions une tournée prévue pour février 1997. A cette époque, je déménageais (avec notre studio évidemment) et nous voulions améliorer le niveau de notre son et de nos chansons. Nous avons donc passé 6 mois à écrire les chansons, à déménager et à installer notre studio avec une nouvelle table de mixage. Et, comme pour notre premier album, Helioself fut enregistré grâce à une table de mixage analogique de 8 pistes. C’était toujours un challenge d’explorer toutes nos idées avec ce format qui les limitait. Mais je pense que nous avons réussi ! Je ne vais pas te dire que c’était facile mais c’était excitant, amusant et gratifiant.

Quels sont tes meilleurs souvenirs liés à cet enregistrement ?

Tony Goddess : Tout ! Mes meilleurs souvenirs sont liés à l’écoute des playbacks des chansons Hey Hey You Say et Words to Sing. En les écoutant je me suis rendu compte que notre studio était plus grand et que le résultat l’était aussi. Nous avions quitté un studio petit avec un sous-sol insonorisé pour quelque chose de plus grand construit en bois. Je me rappelle avoir été très excité par les arrangements et le son de Just to See You. Nous avions essayé de faire quelque chose de différent au niveau des arrangements et du tempo sur cette chanson. Quand nous l’avons écoutée, cela sonnait correctement !

Quelle est ta chanson favorite d’Helioself ?

Tony Goddess : Je pense que Just to See You et Say Goodbye sonnent toujours aussi bien malgré le temps écoulé. Hey Hey You Say et Words to Sing sont assez exceptionnelles pour les Papas Fritas. Words to Sing est ma chanson préférée même si j’ai un faible pour Live By the Water car c’est la chanson de l’album que je joue encore quand je donne un concert chez moi.

Comment perçois-tu ce disque aujourd’hui ?

Tony Goddess : J’en suis fier. C’est une belle progression si on le compare à notre premier album et j’aime toutes les voix du groupe. Je pense qu’il nous a donné une personnalité unique. Je ne sais pas par qui nous avons été influencé mais à cette époque je n’étais pas intéressé par les groupes qui se la jouait avec un gros son. Nous avons fait quelques chansons un son très soul et très soul comme sur Say Goodbye. J’en suis très fier.

As-tu des regrets par rapport à ce disque ?

Tony Goddess : Je pense que l’ensemble est peut-être effarouchant et quelques chansons auraient peut-être du moins sonner Papas Fritas. Mais nous l’avons fait dans la précipitation et nous avons donné le meilleur de nous-même. Je des regrets ici et là mais je pense que nous avons fait du bon travail.

Keith Gendel

Quels sont tes meilleurs souvenirs liés à cet enregistrement ?

Keith Gendel : Nous avons enregistré ce disque dans une ancienne école dans les bois. Cela a beaucoup compté pour moi. Il y avait une grande atmosphère rustique et magique et je pense que cela a vraiment eu une influence sur notre son. Bien plus que les propriétés acoustiques de la maison. Il y avait une poêle à bois en fonte et beaucoup de roches couvertes de mousse. En fait, le bâtiment était construit sur des pilotis en béton au sommet d’un gros rocher. Un autre bon souvenir est de voir du haut d’un escalier en spirale Shivika danser des claquettes.

Tu peux me dire deux mots sur la pochette de ce disque ?

Keith Gendel : Je me souviens d’une conversation avec Tony où nous parlions de comment l’écoute d’une chanson pop bien construite pouvait vous emmener dans un autre endroit. La pochette de l’album a été inspirée par cette conversation. Je faisais pas mal de collages à cette époque et cela fonctionnait bien avec le disque. Pour notre premier album, nous avions mis nos photographies. Nous essayions de nous distinguer du paysage du rock indé du milieu des années 90 avec franchise et honnêteté.

Quelle est ta chanson préférée de ce disque ?

Keith Gendel : Hey Hey You Say reste ma chanson préférée des Papas Fritas. J’aime l’énergie qui s’en dégage. Son son est si unique. Je suis encore surpris de la naissance de cette chanson. Elle nous est apparue et nous l’avons enregistrée. Du moins c’est comme ça que la ressens. Cela sera différent pour Tony.

Comment perçois-tu ce disque aujourd’hui ?

Keith Gendel : Aujourd’hui, cela ressemble à un groupe qui souffre en grandissant et qui prend des risques. Parfois, je pense que nous étions un peu trop confiants et étaient un peu grandiloquents et pas très subtils. Parmi nos trois albums, je pense que c’est celui ci qui a le plus de hauts et de bas.

Tu as des regrets ?

Keith Gendel : Pas vraiment… Il y a des moments où je me dis que ça ne fonctionne pas comme cela aurait dû. Mais je l’apprécie car nous avons eu de la jugeote de prendre des risques.

Papas Fritas - Helioself

Helioself des Papas Fritas est disponible via Minty Fresh / Labels.
Toutes les informations sur le groupe sont disponibles sur le site officiel du groupe.

Papas Fritas - Helioself

Tracklist : Papas Fritas - Helioself
  1. Hey Hey You Say
  2. We've Got All Night
  3. Say Goodbye
  4. Small Rooms
  5. Rolling In The Sand
  6. Live By The Water
  7. Words To Sing
  8. Sing About Me
  9. Just To See You
  10. Captain Of The City
  11. Weight
  12. Starting To Be It

English text

Shivika Asthana

What’s the story of Say Goodbye ?

Say Goodbye is just a melancholy song about someone who dies before their time. I had this image of a girl who was floating above her life trying to accept that she’s gone.

And you, what’s your favorite Helioself song ?

My favorite song is We’ve Got All Night – for sure. I love the anthem-life feel of this song. It just makes me smile.

Today, what are your feelings about this record ?

I still love this record. I love that my kids love it too. It’s an album that has a lot of songs you can dance too, that is full of little surprises, it’s short and sweet and has an organic DIY feel to it. The circumstances in which we recorded it were really special and memorable as well. It’s a happy, positive album.

Do you have some regrets about this record ?

Nope.

What’s your best memories about this recording process ?

The recording process for this record was amazing. We were in an old school house that Tony lived in in the woods of Gloucester, MA. I remember the water smelled like rotten eggs, but we would get up, work, take walks, build fires, cook really yummy dinners and generally enjoy each others company while recording. We had a lot of fun adding all backgrounds, and percussion. I’m sure there were times that it was exhausting, but at the time, they were my family and I really felt it. I felt like we were all in it together and felt so lucky that that was what our jobs were. It was also a more simple recording process than the next album. We played a lot of songs together, live to record specific parts so it felt live and real. I look back at that time really fondly.

Tony Goddess

How did you meet Bryan Hannah ? Why did you work with him ?

We met Bryan Hannah when we played shows with the Minty Fresh associated Minneapolis bands The Legendary Jim Ruiz group and/or The Hang Ups. Can’t remember which he was a member of, probably both. We worked with him because it was nice to have someone else run the board/tape machine while we were cutting tracks and we liked the work he had done with both of those bands.

How easy was the recording process ? How long did it take you ?

I remember it being a bit of a race against time. I think we wrapped up all the touring for our first record in September of 1996 and we had a tour booked for February of 1997. In that time I moved homes (which meant our recording studio moved also) and we wanted to up our game in terms of the songs and sounds. So we had 6 months to finish writing the songs, move and rebuild our studio with a new mixing board. And, like our first album, Helioself was recorded on an analog 8track tape machine and it was always a challenge to explore all the ideas we had on such a limited format. But I think we succeeded ! So, I wouldn’t say it was easy but of course it was exciting, fun and rewarding.

What’s your best memories about this recording process ?

I guess my best memories are of hearing some of the playbacks of songs like « Hey Hey You Say » and « Words to Sing » and realizing that our much larger recording space was going to result in much larger, more open sounding recordings. The studio had moved from a very small, sound deadened basement, to a large, all wood barn like structure.

I also remember being very excited by the arrangement/sound we got on « Just to See You ». We tried that song in a lot of different arrangements/tempos and when that clicked it felt great.

And you, what’s your favorite Helioself song ?

I think « Just to See You » and « Say Goodbye » sounded and felt pretty fresh for the times and « Hey Hey You Say » and « Words to Sing » were pretty uniquely Papas Fritas. « Words to Sing » is my favorite track, though I have a soft spot for « Live By the Water » and that is the one song from the record I occasionally play when I’m gigging in my hometown.

Today, what are your feelings about this record ?

I’m proud of it. I think it was nice progression from our first record and I liked all the group vocals. I think that gave it a unique personality. I don’t know if we directly influenced anyone but at the time I wasn’t aware of many current bands doing either the big, bouncy piano/xylophone based sound we had on a few songs or the tight somewhat soul/r&b influenced sound we got on « Say Goodbye ». I’m proud of that.

Do you have some regrets about this record ?

Um, I think the sequence is a little jarring and a few of the songs might be a little less « Papas Fritas » than others but we were definitely in a rush and did the best we had. So, maybe a minor regret here to there but overall I think we nailed it.

Keith

What’s your best memories about this recording process ?

What stands out for me is the old school-house in the woods where we recorded. It had such a rustic and magical atmosphere and I think it really had an influence on our sound in way besides just its acoustic properties. There was a pot belly stove and lots of mossy rocks and boulders outside. In fact, the building was on concrete stilts on top of a big boulder. Standing on top of the spiral stairs and watching Shivika tap dance is a good memory.

What’s the reason behind the Helioself cover ?

I remember a conversation with Tony where we were talking about how listening to a well constructed pop song could actually take you to another place, the album artwork was inspired by that conversation. I was also into collages at the time and it worked with the concept well. Also, like the first record we made a conscious effort to include images of ourselves in the album artwork. We were trying to set ourselves apart from the mid-90s indie rock pack with forthrightness and honesty.

And you, what’s your favorite Helioself song ?

Hey Hey You Say is still favorite Papas Fritas song. I love the energy and it sounds so unique, and I’m amazed how the song kind of just appeared and recorded itself (or at least that how it felt to me… Tony my beg to differ !)

Today, what are your feelings about this record ?

Today it sounds like a band experiencing growing pains and taking risks. Sometimes I think we were a little overconfident and were a little bombastic or unsubtle. Of the three records, I think this one has the highest highs and lowest lows.

Do you have some regrets about this record ?

Not really. There are some moments that I don’t think worked as intended, but I really appreciate it that we had the gumption to take risks

Pouet? Tsoin. Évidemment.

Plus dans Interviews

Louisecombierportrait04b

5 questions à Louise Combier

Avant son passage très attendu à la salle des Rancy à Lyon le jeudi 28 novembre, Louise Combier nous parle de ses morceaux du moment.
Massilia

Massilia à Massilia !

Massilia Sound System fête ses 40 ans d’existence en tournée et par un concert gratuit sur le Vieux Port de Marseille le 19 juillet. SK* les a rencontrés au Vercors music festival avant un concert qui s’annonçait dantesque stoppé net par l’orage.
Cmathieuteissier1

Rêve éveillé avec Lescop

Lescop sort du bois avec un nouvel album, Rêve parti qui fera danser Les garçons et vous retirera la raison avec la femme papillon. Entretien avant son concert à La Rayonne à Villeurbanne le samedi 9 mars.
Julienshelter-matthieudortomb4

5 questions à Julien Shelter

Avec Island, Julien Shelter nous propose un album cocon, un disque refuge pour se ressourcer avec des titres délicats évoquant l’amour, la nature ou l’enfance.