Repéré par Ilford et adoré par tous les amateurs de rock, Charles fait de la photo promène ses appareils argentiques dans les salles lyonnaises pour un résultat brillant.
Jim Jones Revue et chimie
Comment es-tu venu à la photographie argentique ?
Charles : J’y suis venu en 2014, j’avais fait quelques photos de concert avant mais en numérique, je n’arrivais pas à retranscrire l’énergie, le côté vivant. Je me suis pris un Nikon FM que j’ai commencé à promener partout, et j’ai redécouvert la simplicité (pas d’écran, pas de menu) et la sensualité de la photo, le fait de tout faire avec ses mains, sans l’intermédiaire d’un clavier ou d’une souris.
Te rappelles-tu du premier concert que tu as shooté en analogique ?
Charles : Oui, il s’agissait de Jim Jones Revue à L’Épicerie Moderne. J’avais emmené un numérique et un argentique pour comparer dans des conditions similaires. Je suis allé chez un pote photographe David Doleac pour développer la pellicule car je n’avais jamais fait cela, et je n’avais pas l’équipement. Dès le lendemain, j’achetais une cuve, des chimies et c’était parti !
Quel matériel utilises-tu ?
Charles : Aujourd’hui, j’utilise essentiellement un Nikon F100 et un F80 pour ce qui est du 24×36. Suivant la salle, j’emmène deux ou trois optiques : 35mm, 85mm et 105mm. En moyen-format, j’utilise un Bronica S2A qui date de 1975, il est assez lourd et imposant mais j’aime bien sa prise en main, son côté tank indestructible, sauf que son obturateur a eu la bonne idée de se bloquer le premier jour de cette année. Il est donc en convalescence pour le moment. Pour lui, j’ai trois optiques Nikkor : un 45mm, un 75mm et un 135mm qui est juste fantastique. Et j’alimente le tout avec du film Ilford HP5+ à 1600 (ou 3200 iso parfois), cette pellicule est incroyable quand on la pousse dans ses retranchements.
L’heure du choix
Comment choisis-tu tes concerts ?
Charles : La condition première est d’aimer un minimum la musique qui sera jouée. Il y a des concerts où je suis déjà conquis avant d’y aller (Madcaps, Usé, Michel Cloup Duo…) et d’autres où finalement on s’ennuie un peu (Biffy Clyro, Dandy Warhols…) tellement tout est cadré et sans surprise. Dans les périodes actives, je fais 2-3 concerts par semaine, en alternant différents lieux, passant d’un concert queer punk des Younger Lovers au Sonic à du gros show genre Rival Sons. L’essentiel est de satisfaire la curiosité de son oreille pour garder son œil réactif.
Michel Cloup Duo – Ici et là-bas
Comment te positionnes-tu dans la salle ? Sur la photographie de Joey Starr (en Une), tu sembles être carrément dans la fosse ? Pour Michel Cloup Duo, tu sembles être au premier rang.
Charles : Cela dépend des concerts. Quand il y a des crash barriers, on peut bouger latéralement mais pas trop reculer, du coup on a vite une succession de contre plongées. Pour la photo de Joey Starr, j’ai justement voulu éviter le sempiternel gros plan sur le visage et inclure le public. Pour Michel Cloup Duo, la scène était plus petite, pas de barrière donc on est plus libre de bouger un peu. De façon générale, j’essaie de ramener quelques photos où il y a de l’interaction avec le public, donc soit en me mettant dans la foule, soit en étant en bord de scène, sur la droite ou la gauche.
En ce qui concerne la photographie des The Apartments. Comment as-tu procédé pour décrocher le portait de Peter Milton Walsh ?
Charles : Il a juste fallu attendre un peu qu’il ait fini de signer des disques et lui demander. Je pense que le fait d’avoir le Bronica à la main a dû aider un peu. Le portrait a du prendre 20 secondes en tout, le temps de le placer en bord de scène et de déclencher deux fois. Ensuite on a discuté pendant quelques minutes, de photo, de voyage, de la Côte-d’Azur, d’Australie.
Mazette !
Quelle est ta photo loupée que « tu préfères » ?
Charles : Je dirais mes photos de Maserati quand ils sont passés au Sonic, la lumière n’était pas super présente. Du coup j’ai un plan de chacun des musiciens dans un léger voile de flou de mouvement. Mises côte à côté, les photos font un bon triptyque de « l’à-peu-près ».
Et ce portrait avec ces filles ? Qui est-ce ?
Charles : Si tu fais allusion à la photo avec le van, il n’y a que 2 filles dessus. Il s’agit du groupe Arrows of Love, pendant une super soirée de concerts organisée par Les Briques du Néant, où il y avait aussi Usé, Noyades et Pratos. J’ai cherché l’endroit le plus éclairé pour un portrait, et c’était le parking de la salle. Du coup, je les ai fait poser devant leur van noir mat. Et il y a comme une tête de mort qui apparaît sur la vitre à droite, je ne sais pas à quoi c’est dû mais c’est là.
La grande bataille
Et comment as-tu fais cette photographie de batteur… Ils sont souvent reculés sur scène.. Déjà en numérique, ce n’est pas de la tarte alors en argentique….
Charles : Il s’agit de Battles, prise au festival This Is Not A Love Song. Leur configuration de scène fait que le batteur est plus mis en avant qu’avec d’autres groupes. Et surtout, j’étais pile dans l’axe pour que son visage ne soit caché ni par une cymbale ni par un fût.
Quels sont tes prochains concerts ?
Charles : En ce moment c’est assez actif, en dix jours, je viens de faire entre autres Lambchop, Notwist, Biffy Clyro, Dandy Warhols, Rival Sons. Le prochain c’est Andy Shauf au Marché Gare et je prévois aussi Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, Pardans et Massicot, H-Burns, Merchandise, et pas mal d’autres si l’agenda le permet.
Retrouvez l’intégralité du travail de Charles fait de la photo sur son site internet.
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