On se régale des déambulations mélodiques des Vilars. Nous ne sommes pas les seuls ! France Inter et Radio Nova les ont récemment intégrés à leur playlist. Mixées et masterisées au studio Miou Sonor (Antananarivo), les chansons des Vilars nous font penser à un Arnaud Fleurent-Didier qui aurait croisé un certain Bill Callahan. Il fallait donc que nous rencontrions ces deux musiciens qui évoquent des comptables et qui font parler ce cher Donald Trump.
On peut lire sur votre biographie que vous êtes « deux frères quasi bretons ». Qu’est-ce que « quasi-bretons » ?
Rémi : La Bretagne, l’un y est né, l’autre y habite. On y revient toujours mais on n’est jamais tout à fait sûr d’y avoir jeté l’ancre. Et l’origine est un peu un tabouret, il a facilement plusieurs pieds. D’où le « quasi » qui nous va bien.
Vital : Oui « quasi » parce qu’on a aussi d’autres racines, on a tous les deux la bougeotte et on aime bien se sentir de partout ou de nulle part. Mais c’est sûr qu’on a un truc spécial avec la Bretagne, pas seulement dans le sang mais aussi dans les oreilles.
Les Vilars – Démission (pour Claire)
Votre album a été mixé et masterisé à Antananarivo. Comment votre musique s’est-elle retrouvée à Madagascar ?
Rémi : Par le truchement des voyages : l’un y habitait, l’autre y va et y vient. Et puis on a fait des rencontres sur la Grande-Ile et les choses ont poussé : l’ami peintre a fondé une galerie avec sa femme, des musiciens s’y sont agglutinés, et on a sympathisé avec Miora, qui travaille à l’embouchure d’un tunnel et qui nous donne un son.
Vital : On a pas mal d’attaches là-bas, c’est un peu la famille. On a aussi fait la rencontre de la scène underground de Tana en faisant avec un petit projet qu’on n’a jamais terminé. Sûrement un jour on refera quelque chose avec eux.
Qui sont toutes ces personnes à qui Le Bel Avenir est dédicacé ?
Rémi : Les dédicaces c’est notre manière d’offrir les chansons à des personnes réelles ou imaginaires, et donc à tout le monde. Des personnes qui nous sont proches, d’autres qui sont des symboles (Vénus, qui n’est pas venue ; Donald, qui est venu), ou des héros d’aujourd’hui (identifiables à leurs prénoms, si si…).
Vital : C’est un album qui se veut un appel personnalisé, à toi, toi et toi et puis en fin de compte à nous-mêmes. On appelle à démissionner de notre vie moutonnière. Tout de suite. Avant qu’il soit trop tard. On appelle à exiger avec les dents la vie belle, la vie qui a du sens. On appelle à la lutte armée contre le regret. A l’insurrection contre les larmes. Pour la petite histoire, la Claire à qui est dédicacée la chanson Démission, elle existe vraiment. Si elle nous lit, on l’embrasse très fort. Mais au-delà des personnes, y a toujours un sens à nos dédicaces. On vous laisse chercher.
Et cette pochette… Qui l’a réalisée ?
Rémi : Il y a de tout dans notre tribu : des qui ont un bon coup de crayon, des qui moulinent sur photoshop, des qui ont toujours un truc à redire.
Vital : Pour nous la pochette c’est la rencontre d’un homme ordinaire avec son avenir, qui est une femme étrange. Séduisante, sans visage et vaguement inquiétante.
On rentre dans la cuisine de la maison des Vilars. Comment fabriquez-vous vos chansons ?
Rémi : Dylan disait une chanson c’est quelque chose qui marche debout. Il a bien raison Papa Nobel. Pour nous la magie prend quand la pâte à modeler (des mots, de la musique) rencontre sa chaussure (de la musique, des mots) et s’en va promener.
Vital : On n’est pas tombé dans la marmite quand on était petit. On n’a pas fait les écoles qu’il faut, on n’a pas les passeports, les réseaux. On débarque. On a chacun une vie à côté, bien fournie. Et puis on n’a pas la gueule de l’emploi. On est des mecs à lunettes, polis, poilus, gentils. Mais y a ce truc un peu pathologique, la musique, et puis une espèce de fureur contenue qui nous travaille depuis qu’on est môme. C’est beaucoup une affaire de gestation, douloureuse, lente et sourde, volcanique. La musique ça nous tient comme une tique depuis qu’on est gamin. On a bien essayé de s’en débarrasser. Ça revenait toujours. Un moment on s’est dit c’est plus possible faut cracher tout ça.
Les Vilars - Le Bel Avenir (Dédicaces)
Le Bel Avenir (Dédicaces) des Vilars est disponible via le label La Souterraine.
- Page blanche (pour Maria)
- Démission (pour Claire)
- Nénuphars (pour Vénus)
- Bonne étoile (pour Benjamin)
- Rouge sur blanc (pour Julien)
- Baisers (pour Anne)
- Bel avenir (pour Emilie)
- Téléphone rouge (pour Donald)
- Vérité (pour Munthadar)
- Celle qu'ils n'auront pas (pour Antoine)