Après avoir ouvert pour Au Revoir Simone, Caribou, Owen Pallett, Yacht, Future Islands, les Karaocake ont enfin pensé à eux. Désormais hébergés par l’aubergiste Poncet, ce duo revient avec un disque aussi costaud que mélodique.
Allez, on commence par une question « casse gueule » car je risque de me tromper… La pochette Here & Now est signée Chevalrex/Rémy Poncet ? Oui ? Comment avez-vous travaillé avec ce chic garçon ?
Stéphane : Rémy Poncet est le boss d’Objet Disque et il s’occupe de toutes les pochettes de son label et quand on l’a contacté pour lui proposer de sortir notre disque, il nous a tout de suite prévenu qu’il ferait la pochette. La collaboration s’est très bien passée, il a bien compris dans quel univers graphique on se situait, notre intérêt pour la géométrie, les premiers catalogues letraset notamment. Ça a été un échange super enrichissant, Rémy est à la fois très ouvert et aussi très convaincant pour nous faire accepter ses idées ! On est très content du résultat.
Pourquoi avoir intitulé ce nouvel album Here & Now ?
Camille : C’est une des premières chansons composées pour cet album, ça fait très longtemps que l’on a ce morceau en tête, on a mis du temps à le mettre en forme, à trouver une rythmique satisfaisante. Beaucoup de morceaux de l’album font référence à une temporalité qui s’étiole, un temps qui se consume. Here & Now c’est un peu comme un slogan, une déclaration.
Et puis pour l’anecdote « émotion » : en 2008 j’ai sorti un split K7 avec le musicien canadien Ok Vancouver Ok qui s’appelait « Here & Now, Here & How » qui fait référence au tatouage que lui et moi avons fait ensemble sur notre avant bras. Ce morceau parle de lui et semblait bien coller à cette urgence de vivre le moment présent, chose que j’ai du mal à faire.
Quels liens faîtes vous entre Rows & stitches et ce nouvel album ?
Stéphane : Avec Here & Now, on a voulu épurer le propos par rapport à notre premier disque, le rendre plus homogène, il y a d’ailleurs 8 morceaux contrairement aux 12 chansons du premier : on a volontairement enlevé 2 morceaux du nouvel album pour essayer de faire un disque plus resserré, plus solennel aussi. Il y a beaucoup plus de synthétiseurs, moins de guitares, beaucoup de boîtes à rythme et pas de batterie.
Sept ans les séparent. C’est long. Non ? Pourquoi avoir attendu autant d’années ? Quel est le meilleur souvenir de l’enregistrement de ce disque ?
Stéphane : On n’a pas vraiment attendu, on a beaucoup travaillé sur ce disque ! Cela fait plusieurs années qu’on planche dessus, qu’on retouche, qu’on fignole. Pour des questions d’emplois du temps, de hasard, d’indisponibilité, on n’a jamais réussi à s’évader à la campagne 2 semaines, contrairement au premier album. On a donc beaucoup travaillé à Paris, dans le home studio de Stéphane, et on a travaillé quand on pouvait tous les deux, ce qui n’était pas facile à caler. On aurait bien aimé le sortir plus tôt ! Difficile de parler d’un moment particulièrement meilleur que les autres, peut-être que l’enregistrement spontané du chant sur Youth Slip est un bon souvenir, parce que ça a été facile, plus facile que des tas d’autres prises de voix pendant ces sessions en tout cas.
Pourquoi avoir choisi Youth Slip en guise de premier single ?
Camille : Un peu en écho au titre de l’album qui parle du présent, Youth Slip est un morceau empreint de nostalgie, qui parle de la jeunesse qui s’échappe, cela semblait bien coller. Et puis c’est tout simplement mon morceau préféré du disque. Et les images de ce clip ont aussi une histoire, je connaissais ces images depuis plusieurs années et aussi les garçons qui apparaissent dedans. En voyant cette bande VHS, je me suis dit que ces images colleraient parfaitement à ce que cherchait à dire ce morceau.
Karaocake – Youth Slip
Quelle est l’histoire de Summertime ?
Camille : Summertime raconte ma période « guitare » parce qu’au début de la préparation de ce disque, je pensais qu’on ferait un album avec plein de guitares, et beaucoup moins de synthé, et c’est tout l’inverse au final ! J’ai composé ce morceau en moins d’une heure un jour d’orage dans mon appartement parisien. A l’époque j’étais assez obsédée par les mélodies du film de Rosemary’s Baby de Polanski, et je crois que cela a joué. Le titre est aussi volontairement un clin d’œil au célèbre morceau intitulé Summertime et repris de nombreuses fois (notamment par Nick Drake), mais notre morceau est beaucoup plus brumeux et n’a rien à voir en termes de composition.
Des concerts sont-ils prévus ?
Stéphane : Un premier concert à Reims le 22 avril chez Maison Vide, une date à Paris (SuperSonic le dimanche 21 mai) et on est en train de caler d’autres dates. On a envie de jouer avec nos copains lyonnais aussi (François Virot, Kcidy). On a envie de jouer !
Here and Now de Karaocake sera publié le 24 mars 2017 via le label Objet Disque.
Karaocake sera en concert le 22 avril 2017 chez Maison Vide (Reims) et le 21 mai 2017 au SuperSonic (Paris). D’autres dates seront bientôt annoncées.
- Youth Slip
- Humdrumbeatlife
- Grow Out
- Mother Of It All
- Summertime
Karaocake est le duo le plus palpitant, le plus touchant et le moins manièré de toute cette vague chiante de songwritingsynthpopblablabla… Camille touche au cœur tout en louchant sur certaines parties essentielles de l’enfance et en étirant ses membranes jusqu’à l’adolescence en faisant preuve d’une éblouissante maturité. Mon duo de chevet !
Long Life à Karaocake !
FdK.R
Thx !