Deux groupes et non quatre ou cinq. Ce soir, pas question donc d’ingurgiter du gratteux jusqu’à l’indigestion.
MPHO
20H30
On nous annonce sur le papier une pop glam tropicale. Et on ne nous a pas menti. La chanteuse typée Rihanna à première vue, pulpeuse et pleine de vie, dégage bien plus qu’un « bouge ton booty » créole. Cette fille du sud de la banlieue populaire de Londres se marre volontiers, blague et raconte des histoires à la foule. C’est la première fois qu’elle joue à Paris, elle est émue et ça n’a rien de faux-cul. Non au lieu de ça elle donne tout ce qu’elle a de meilleur, une voix de velours avec un ton emprunté au hip-hop. Son batteur a concocté une batterie home-made mêlant caisses claires et caisses électroniques pour un résultat déroutant. Homme-orchestre, il est incapable de s’arrêter : il chante, il frappe et il recommence. Un beat sans comparaison. Le troisième de la bande, discret, à la guitare, s’envole dans des riffs aigus et sa chevelure frisée le couve dans son trip jusqu’à ce que la chanteuse calme sa troupe d’un coup de baguette en riant.
MPHO en toute simplicité, ce n’est pas du rock tapageur, ce n’est pas non plus un hip-hop salé avec des chaines en or, MPHO ça serait plutôt un slam avec du rouge à lèvres, qui nous a fait crier S.M.I.L.E. à en perdre notre anglais fébrile.
Miike Snow
D’un genre atypique, Miike Snow est composé à la base de deux producteurs suédois qui ont signé modestement le fameux Toxic de Brit-Brit’ ou des mixs type Kylie ou Madonna : ça annonce du lourd après la fraicheur pop de notre londonienne ! On s’attend à tout : pop au piano ? électro castratrice ? Une seule solution, il fallait aller les voir ! Magneto !
Sample d’introduction sur un nuage de fumée rouge. Six masques blancs pénètrent sur scène après quelques minutes pour se faire désirer. Une batterie lointaine avec un rouquin, des claviers en veux tu en voilà, un piano encore et une console blindée : ça fait du monde sur scène ! Le chanteur masqué porte la capuche et une fine barbe noire avec des cheveux frisés à la José des Stuck in the Sound. Il débutera par nous berner au chant, pas toujours juste d’ailleurs, avant d’enfiler sa gratte autour du cou et de garantir autant de frisson que son clone français à capuche.
Les morceaux s’enchaînent alliant la simplicité charmante du piano, avec l’effet Blockbuster des beats, du synthé, et des distorsions de voix. La batterie et ses caisses disposent d’un son clair et tonnant, frustrant de ne voir la tête de ce rouquin de plus près. Les morceaux “Silvia” et “Animal” déchainent le public fidèle, le chanteur semble devenu le fils de jésus sous les feux de la rampe. Les premiers rangs ont attendu le messie longtemps apparemment et ils connaissent son album sur le bout des lèvres.
Bluffante reprise de Air (“Kelly Watch the stars”) vers la fin de leur set : les producteurs de Blockbusters de la chanson US tirent une révérence aux classieux Versaillais. Chapeau bas !
Fin de festival des Inrocks tck tck tck sur les bords du canal un peu huileux, des badauds fumants avec des camions de pompiers hululant qui leurs foncent dessus à toute vitesse, et un bar transpirant la bière. Pas de doute, l’effet indé underground est idylliquement incarné par le Point éphémère.