Robin sans frontières

Fourvière est un écrin à malice. On peut aller vers les valeurs sûres, les concerts plan plan ou découvrir des artistes hors norme comme l’an dernier avec l’énhauuuurrrrrrme concert de Vinicio Capossela venu jouer ses lumineuses Canzoni della cupa avec un rappel mémorable, dont une frissonnante chanson de Craonne a cappella dans un Odéon médusé. On vous reparle d’ailleurs très vite du lutin italien pour sa ‘Nuit’ et son troisième passage à Lyon avec Musica Nuda le dimanche 23 juillet, SK* vous fera même gagner quelques places.

Mais revenons à Titi Robin, le voleur d’émotions. Quel artiste inclassable ! 30 ans de carrière, 20 albums, un melting pot musical unique ! On vous le répète, c’est à l’Odéon que la musique pas comme les autres devient la musique pour tous, avec ses volutes s’égayant vers la ville et la lune en toile de fond. Pour ceux qui le suivent depuis longtemps, Thierry « Titi » Robin fait sa révolution musicale, son Newport personnel, 52 ans après Dylan. Ce nouveau spectacle, Rebel Diwana en partenariat avec les Nuits de Fourvière et l’Epicerie Moderne de Feyzin (après Le monde de Robert Wyatt et une création par Sylvain Vanot) mêle sarangi et fée électricité.

Et c’est une bonne fée car le voyage fut sublime. Une lente imprégnation dans un monde envoûtant avec les improvisations vocales en indien du chanteur Shuheb Hasan, le son singulier du sarangi de Murad Ali Khan, le virevoltant Nicholas Vella aux claviers, la batterie délicate d’Arthur Alard et la basse veloutée de Natallino Netto. Car il faut les citer tous tant l’osmose était saisissante pour une création. Ils nous font atteindre d’autre rives, nous indiquent la bonne direction, tout schuss vers un humanisme revigorant, vers un syncrétisme bienveillant.

Titi Robin décrit les prodromes de son sinueux parcours musical et de sa philosophie de vie ainsi, « ma France à moi, c’était celle des musiques gitanes et arabes que j’entendais dans les communautés qui vivaient autour de chez moi, dans le village de l’Anjou puis le quartier d’Angers où j’ai habité. Il était logique que je m’en imprègne et construise à partir de là un vocabulaire qui me corresponde. »

Avec Rebel Diwana, le propos devient plus rugueux, à l’image de notre monde, d’où l’utilisation originale de la guitare électrique, de la basse, des claviers et de la batterie. On est emporté par la poésie des mots de Titi, par les psalmodies chamaniques de Shuheb Hasan. 700 personnes ont voyagé ce 5 juillet aux Nuits de Fourvière, dans cet Odéon, temple caché des soirées mémorables et c’est encore trop peu. L’album sera enregistré en octobre, en attendant, si Titi Robin passe près de chez vous, entre deux voyages à Essaouira, en Norvège, au Rajasthan ou à Angers, ne ratez pas un artiste qui fait fi des droits de douanes, qui rappelle avec talent que l’Europe et l’Orient sont liés depuis l’Antiquité.

Retrouvez toutes les dates de concerts de Titi Robin : www.molpe-music.com dont le 13 août au festival Les chants du marin de Paimpol.

Suite des Nuits de Fourvière ce soir jeudi 6 juillet avec un autre grand voyageur, Goran Bregovic avec L’orchestre des Mariages et des Enterrements et l’Orchestre National de Lyon.

Remerciements : Richard Robert & Emmanuelle Hebert.

Titi Robin – Rebel Diwana (Work in Progress #1)

Titi Robin – Rebel Diwana (Work in Progress #2)