[1987-2017] La déclaration de Felt

Felt (photo © Sandy Fleming)
L'année de 1986 fut une année faste pour Felt. Le groupe publia Forever Breathes The Lonely Word (considéré à la quasi-unanimité comme son meilleur album) et Let The Snakes Crinkle Their Heads To Death (considéré à la quasi-unanimité comme son meilleur suicide commercial).

On retrouve le groupe de Birmingham en 1987 avec le disque Poem Of The River. Après le très instrumental Let The Snakes Crinkle Their Heads To Death, le ton change. On retrouve un Felt plus classique. Martin Duffy est moins présent et laisse la part belle aux guitares.

Le label du groupe, Creation, décide de ne pas réitérer les erreurs passées et embauche Mayo Thomson (leader de Red Crayola et membre de Pere Ubu) pour produire le disque. Retour sur l’enregistrement de ce disque avec Gary Ainge (batteur de Felt), Neil Scott (guitariste de Felt et de Denim), Phil King (bassiste des The Servants, Lush, The Jesus and Mary Chain) et Roger Cowell (ingénieur lumières sur la tournée du disque).

JC Brouchard

JC Brouchard est l’auteur de l’ouvrage La Ballade Du Fan. Proche d’Alan McGee et fin connaisseur du rock indé anglais, Brouchard est l’expert de Felt.

Discographie

Lawrence s’était lancé dans cette folle aventure de 10 albums en 10 ans… Poem Of The River est le septième. Guettais-tu la sortie de ce disque ? Comment as-tu appris sa sortie ?

JC Brouchard : Pour ma part, je ne crois pas du tout à cette histoire de grand projet initial du groupe prévu pour durer 10 ans avec 10 albums et 10 singles. D’abord, il y a 11 singles, dont certains extraits d’albums, et des albums disparates, dont un quasiment sans Lawrence. Je pense que c’est une bonne idée qui est venue à Lawrence quand il a envisagé la fin du projet Felt en 88-89 et qu’il s’est dit que ça collait bien comme ça et que ça donnait une justification originale à l’arrêt du groupe. C’est très bien vu. Je n’ai pas le temps de le faire, mais je suis à peu près sûr que, si on reprend les interviews de Lawrence depuis le tout début, on verra plutôt des déclarations indiquant que Felt est le projet de toute une vie et qu’il veut être une star plutôt que l’annonce d’un arrêt du groupe en 1989.

Même si j’ai eu l’occasion de suivre de près le groupe en février et en avril 1987, je n’ai pas le souvenir d’avoir été au courant de l’enregistrement de Poem of the river et du projet de sa sortie, même si je m’étonne que les amis de Creation n’en aient pas parlé lors de mon séjour à Londres en avril 1987.
Donc, je guettais avidement la sortie d’un prochain de disque de Felt, mais sans savoir si ce serait un single, un album complet ou ce mini-album six titres. Si je ne l’ai pas su par les copains, j’ai sûrement appris la sortie du disque par une pub dans le NME ou le Melody Maker, ou tout bonnement en recevant le disque chez moi !

Comment ressentais-tu les choses à cette époque ? Forever Breathes The Lonely World est considéré comme leur sommet… Tu n’avais pas peur d’être déçu ?

J’aime beaucoup Forever breathes the lonely word, mais je ne fais pas partie de ceux qui le considèrent comme le sommet du groupe (ne me pose pas la question, je ne saurais pas dire quel disque est selon moi leur sommet !). C’est un excellent disque, mais j’aimais tout autant voire plus les deux faces de leur 45 tours Ballad of the band, qui faisait leur actualité quand ils ont joué à Reims en juin 1986. Et surtout, je pense que l’album serait bien meilleur si les deux excellents titres I will die with my head in flames et Sandman’s on the rise again, à la fois courts et rapides, avaient été inclus sur l’album plutôt que d’être un peu gâchés en face B du maxi Rain of crystal spires. Après avoir vu le groupe quatre fois en concerts en 1987, j’attendais impatiemment leur nouveau disque, mais ces concerts étaient tellement bons que je ne craignais absolument pas d’être déçu.

Quelle place occupait réellement Felt à l’époque sur l’échiquier du rock anglais ?

Je pense que, au moment où Poem of the river est sorti, Felt, même après sept longues années, était encore considéré comme un grand espoir du rock anglais, capable de dépasser le cercle des groupes indépendants. Mais en fait, les derniers espoirs de grands succès se sont probablement anéantis dès novembre 1986, quand le NME a préféré faire sa une sur le suicide des jeunes plutôt que sur Felt, à qui il dédiait deux pleines pages d’interview.
A ce moment, le groupe restait sur une pente ascendante, après le succès de Primitive Painters, le transfert chez Creation, les sorties de Ballad of the band, du pas de côté Let the snakes crinkle their heads to death et de Forever breathes the lonely word. Au bout du compte, Poem of the river est passé relativement inaperçu il me semble, avec guère plus qu’un succès d’estime, et c’est sûrement là que Felt a laissé passer ses dernières chances.

Chez quel disquaire as-tu acheté ton exemplaire ?

Si je l’avais acheté, à cette époque ça aurait été soit à Reims (A la Clé de Sol, Vitamine C) soit à Paris (New Rose). Mais les angles légèrement cornés de mon exemplaire prouvent que je l’ai bien reçu chez moi par la poste, envoyé par les amis de Creation. A l’époque, c’est souvent Karen Parker, la voix féminine sur la version studio de Just like honey, qui pensait à m’envoyer les dernières nouveautés.

Te rappelles-tu de ta première écoute ? Quels sont tes morceaux favoris ?

La première écoute, c’était évidemment dans mon appartement, rue du Bastion à Reims, juste après avoir reçu le disque. Je ne me la rappelle pas particulièrement, mais je sais que j’ai tout de suite aimé le disque dans son ensemble. C’est l’un de mes préférés du groupe, avec l’une des pochettes les plus réussies, qui en plus me rappelait le light show de Roger Cowell lors des concerts vus en 1987. Je pense que c’est mon préféré des trois albums six titres de Felt. Quand je l’ai réécouté pour en parler dans La ballade du fan, il m’est venu l’idée que le disque contenait six titres courts, dont deux très allongés, et je trouve que ça reste une description pertinente.
Au niveau du son, il y a une continuité, de Ballad of the band à la face chantée de The pictorial Jackson review, et c’est une phase que j’aime beaucoup, même si j’apprécie tout autant plein d’enregistrements de la période Maurice Deebank. Mon titre préféré a toujours été et reste le premier, A declaration. « I will be the first person in history to die of of boredom« , ça se pose là comme phrase d’ouverture, et c’est même plus percutant que le « Maybe I should entertain the very fact that I’m insane » de « All the people that I like are those that are dead« . Morrissey avait un égal côté paroles dans ces années-là, mais il n’y avait peut-être pas la place pour que deux personnalités aussi décalées percent en même temps. J’ai mis trois titres de ce disque dans ma compilation virtuelle (Until the fools get wise, A declaration, Silver plane et Riding on the equator), donc je suppose que ce sont mes trois favoris. Mais en fait je les aime tous, notamment She lives by the castle, même si je place Stained-glass windows in the sky et Dark red birds un tout petit cran en-dessous en raison de leur légère touche jazzy. Quand on lit les paroles, on voit bien que ce n’est pas à ça que ça fait référence, mais l’expression ‘Stained-glass windows in the sky’ pourrait fort bien décrire les images projetées par Roger Cowell lors des concerts de Felt.

Comment Creation a géré cette sortie ? Mieux que celle de Forever Breathes The Lonely World ?

Ah ah, un lapsus intéressant dans ta question ! Je ne saurais dire comment Creation a géré la sortie de Forever breathes the lonely word, mais je suppose que celle de Poem of the river n’a pas été gérée très différemment. C’est à dire que, à l’époque, le label commençait à vraiment avoir beaucoup de succès à l’échelle des indépendants, avec des numéros 1 pour des groupes comme The Weather Prophets, Primal Scream et bientôt The House of Love. Mais Creation restait une grosse entreprise artisanale qui mettait tout l’argent que lui rapportait un disque dans l’enregistrement des suivants. Alors, le budget de promotion des disques devait être très limité, avec quelques pubs dans la presse au moment de la sortie, quelques « coups » médiatiques pour faire parler cette presse, des concerts en tête d’affiche à Londres et de petites tournées, en Angleterre ou, exceptionnellement, en Europe, comme ce fut le cas en janvier-février 1987.

Phil King

Phil King a été le bassiste de Felt lors de la tournée qui a suivi la sortie de Poem Of The River. Avant de remplacer Marco Thomas, King a joué dans The Servants. Après avoir joué avec Felt, King sera membre des Lush et des Jesus and Mary Chain.

Comment as-tu rencontré Lawrence et Felt ?

Phil King : J’ai rencontré Lawrence pour la première fois quand il venu à un concert des The Servants au club Zhivago à Nottingham. C’était au début de l’année 86 et nous assurions les premières parties pour les Go Betweens lors de la tournée Liberty Belle. Lawrence connaissait Jeff Barrett, notre manager car il avait bossé pour la presse chez Creation Records. Felt venait juste d’être signé sur ce label. Il a assisté aux balances et nous avons été au pub le plus proche. Le clip de Chain Reaction de Diana Ross est passé à la télé. Lawrence a été très impressionné quand je lui ai dit que je jouais dedans en tant qu’extra. Il avait lu une interview des Servants dans le N.M.E. dans laquelle je disais que j’avais une passion immodérée pour Felt. Il savait évidemment que j’étais un grand fan de Felt. Nous avons finalement pour ouvert pour Felt le temps de quelques concerts (Brighton, Oxford, Londres). Et nous ne savions pas encore que le fameux concert londonien au Bay 63 (à Ladbroke Grove) où Lawrence a été odieux en demandant au public d’arrêter de le regarder et de récupérer son argent avant de rentrer chez soi… serait le dernier concert de The Servants. Lawrence et moi-même avons toujours été très complémentaires, que ce soit au niveau du jeu que d’un point de vue capillaire. Quand il a appris que les Servants se séparaient, il m’a appelé pour que je vienne remplacer Marco Thomas qui allait jouer de la basse.

Te rappelles-tu de ta première répétition avec Felt ?

Oui ! Je suis arrivé à la gare New Street à Birmingham. Lawrence et les membres de Felt m’y attendaient. L’ancien bassiste de Felt, Mick Lloyd (que Marco Thomas remplaça) était aussi dans la gare. Je me suis dit que c’était un bon présage. J’étais déjà venu à Birmingham pour répéter quelques chansons dans l’appartement de Lawrence qui se trouvait dans le quartier de Moseley avec lui et Marco. Creation m’avait confié un vinyle « white label » de Forever Breathes The Lonely Word pour que j’apprenne les lignes de basse. J’étais donc plutôt prêt. A cette époque je louais un appartement à Fulham avec le guitariste Neil Scott qui vivait avec sa femme. Au rez-de-chaussée il y avait un proxénète avec des dreadlocks et sa partenaire commerciale. Quoi qu’il en soit, il était tellement fatigué de m’entendre répéter les lignes de basse de Felt toute la journée qu’il venait se plaindre tous les jours. Il me disait que c’était suffisant et j’étais prêt.

Felt © Phil King
Martin Duffy ( Archives Privées – Phil King)

Quels sont tes meilleurs souvenirs de la tournée Poem Of The River ?

Les conditions n’étaient pas géniales et il n’y avait pas beaucoup d’argent. Mais j’ai un souvenir heureux des moments que j’ai passés avec Felt. Je n’avais jamais été à l’étranger en tournée, donc c’était génial pour moi de jouer en Allemagne, en Italie, en Espagne, etc.

Felt © Phil King
Le planning de la tournée anglaise de Poem Of The River (archives privées de Phil King)

C’était un grand bond en avant par rapport aux conditions de tournée de The Servants. Nous étions entassés dans une fourgonnette avec les instruments et nous dormions à même le sol dès qu’on quittait Londres. Mais la chose la plus importante est que Felt était mon groupe préféré des années 80. Ils m’ont aidé de manière mélodique à passer le début des années 80. Le fait qu’ils aient peu de presse rajouté une part de mystère. Mes meilleurs souvenirs… J’étais le plus proche de Martin Duffy sur scène et c’était un vrai bonheur de l’entendre jouer. Surtout quand il faisait son solo d’orgue pendant She Lives By The Castle. Nous le regardions tous… Parfois, il pouvait l’étirer pendant un certain temps qu’on pouvait croire qu’il était perdu dans la musique. Pour être honnête, c’était génial d’être là-bas en jouant aux chansons de Felt.

Quelle était l’ambiance dans le groupe à cette époque ? Pourquoi as-tu quitté Felt ?

Ils avaient un sens de l’humour typique de Birmingham et ils disaient souvent : « Cela ne peut arriver qu’à nous ».
Tout était une série de mésaventures et d’accidents. Tout pouvait arriver. Accidents de voiture, ferrys loupés, matériels défectueux… Et les guitares se perdaient quand nous prenions l’avion. Ainsi nous avons dû emprunter une guitare lors d’un concert à l’étranger car elle n’avait pas pris le bon vol. Mis nous avons oublié un détail. La guitare que nous avons empruntée ne possédait que 12 frettes. Lawrence s’en est rendu compte quand il a entamé la fin du solo de Riding On The Equator et n’a pas pu le terminer.

Felt – She Lives By The Castle

Je n’ai jamais quitté Felt car je n’ai jamais intégré le groupe. J’ai été juste un extra pour les concerts. Et puis je suis passé à autre chose en enregistrant Love Resistance de The Apple Boutique pour Creation qui souhaitait que je me concentre sur ce projet.

Quelle est ta chanson préférée de Poem Of The River ?

Je vais répondre Riding On The Equator. On s’amusait pas mal dessus. C’était la chanson la plus dynamique à jouer sur scène.

Felt – Riding on the Equator

Neil Scott

Neil Scott fut le guitariste d’Everything But The Girl avant de rejoindre Felt. Il retrouvera Lawrence dans les années 90 lors de l’enregistrement du premier album de Denim.

Quelle était l’ambiance au sein du groupe ? Forever Breathes The Lonely Word avait tout pour être numéro 1 dans les charts et ce fut un échec commercial

.

Neil Scott : L’ambiance était bonne. Nous avions répété une semaine avant à Birmingham. J’avais récemment fait une tournée avec Felt qui était un groupe « aisé ». Lawrence avait sorti Let The Snakes Crinkle Their Heads To Death. Ce qui fut un suicide commercial.

Où avez-vous enregistré ce disque? ?

A Birmingham je pense… Mais je peux me tromper.

C’était tes premiers pas avec Felt. Quel âge avais-tu ?

À ce moment-là, je connaissais Felt depuis 3 ans. Nous sommes devenus amis quand ils ont ouvert pour Everything But The Girl en 1984. Nous avons tourné et joué quelques morceaux ensemble en 1985 et 1986. Lawrence a toujours été sympa avec moi. Il indiquait toujours aux autres guitaristes comment il fallait jouer les morceaux. Moi, il ne m’a jamais rien dit. Nous devions avoir 20 ans. J’ai le même âge que Lawrence.

Pourquoi Mayo Thomson s’est retrouvé producteur de ce disque ?

Il était là uniquement pour l’argent. Il lisait le journal toute la journée et faisait des mots croisés.

L’enregistrement a été facile ? Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Je n’étais disponible que pour une semaine. A cette époque je jouais dans d’autres groupes et je travaillais pour la radio et la télévision. Quand je les ai quittés, je pensais avoir joué sur tout l’album. Ils ont au final enregistré les deux premiers morceaux en quatre fois quelques temps plus tard. Je pensais que le disque était bon. J’aurais tué pour jouer sur Forever Breathes The Lonely Word. J’ai loupé cette opportunité.

C’est pour cela que tu n’as enregistré que 3 chansons ?

Dans la semaine où j’étais là, j’ai pensé que j’avais joué tout le disque ! Ils ont ajouté les 2 morceaux plus tard. C’est ma meilleure anecdote les concernant. Je suis allé à Birmingham plus tard dans l’année ou peut-être au début de 1988. Je ne me souviens pas. Nous avons répété pendant une semaine de manière très efficace. Je pense qu’ils ont enregistré le disque quelques mois plus tard… Malheureusement, j’avais d’autres engagements et je ne pouvais pas le faire… Quand j’ai entendu la version finale du disque (Pictorial Jackson), je ne pouvais pas le croire … Lawrence avait fait Marco jouer toutes mes parties de la guitare sans qu’une note soit différente … c’était comme si j’avais réellement joué … J’écoute encore ce disque et je pense que je le suis!

Felt – Stained-Glass Windows In the Sky

Quelle est ta chanson préférée de Poem Of The River ?

She Lives By The Castle. Et Stained-Glass Windows In the Sky

Gary Ainge

Gary Ainge fut le batteur de Felt.

Comment as-tu appris à jouer de la batterie ?

Gary Ainge : J’ai commencé à jouer quand j’avais 18 ans. J’ai appris seul. Je répétais dans ma chambre et je jouais seul tout en écoutant mes disques. C’est une des raisons de mon jeu calme : si je jouais fort, je ne pouvais pas entendre le disque. Le truc qui m’a donné envie de jouer a été le punk. Avant cela, j’aimais la Northern Soul et des choses glam. Je n’aimais pas vraiment le rock si ce n’est que des choses étranges. Mais une nuit, je suis allé voir les Sex Pistols au The Laffyette Club à Wolverhampton. Après ça, tout me semblait démodé. Je suis allé travailler le lendemain dans une scieri et j’ai dit à mon ami que je voulais être un batteur comme Paul Cook et il m’a fait une paire de baguettes efficace contre les coupures.

Tu es de Birmingham comme Lawrence ?

Non, je viens de Walsall. C’est proche de Birmingham. Ils appellent ça le Black Country à cause de la fumée qui se dégage des usines nées de la révolution industrielle. On a un accent et une attitude différente des gens de Birmingham. Je parlais comme Dave Hill et Noddy de Slade. Ils vivaient dans le coin quand j’étais jeune. Walsall était un trou perdu mais il y avait quelques clubs ici ou là qui passaient de la bonne musique.

C’était un job sympa d’être le batteur de Felt ?

C’était un groupe cool, mais je ne savais pas que je devais faire vœu de pauvreté! J’ai été bloqué pendant 10 ans! Mais la musique…
Il y avait Maurice Deebank. Je n’ai jamais entendu un meilleur guitariste ! Les paroles de Lawrence étaient incroyables! Ils étaient excellents ensemble mais il y avait toujours un problème entre-eux.
J’étais plus dans l’attitude. Les vêtements devaient fonctionner parallèlement à la musique pour moi et Lawrence ! Mais c’était toujours un groupe cool. Et on a croisé quelques génies sur notre route.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de Poem Of The River ?

Je ne m’en souviens pas beaucoup. Tu devrais demander à Lawrence ou à l’un des autres. Il me semble qu’ils soient encore en vie. Je me souviens de Lawrence dire qu’il était entré dans la cabine d’enregistrement et qu’il avait trouvé Mayo endormi. Ha Ha !

C’était facile de travailler avec Mayo Thomson ?

C’était un bon mec si je me rappelle. Je pense qu’il restait avec Lawrence pour économiser de l’argent sur les hôtels, alors peut-être que Lawrence l’a fait dormir dans ses toilettes parce que c’était l’une de ses règles !

Quelle est ta chanson préférée de ce disque ?

Je n’ai pas écouté ce disque depuis un certain temps; Une partie de la batterie est trop forte. Ce n’est pas mon préféré de nos albums, mais les meilleurs titres pour moi sont les Stained Glass windows, Deceleration et Dark red birds.

As-tu des regrets concernant ce disque ?

Nous regardions toujours l’horloge du studio. Nous aurions aimé avoir plus de temps mais nous devions nous dépêcher.

Tu te rappelles de la tournée qui a suivi la sortie de Poem Of The River ?

Non désolé, je ne me souviens pas de la tournée ! Sûrement à cause de la vieillesse. Et il me manque quelques années de sommeil à cause de mes deux filles.

Roger Cowell


Roger Cowell a créé le décor visuel qui a accompagné le groupe pendant la tournée de Poem Of The River.

Comment as-tu rencontré Lawrence et Felt ?

Roger Cowell : Phil King, un de mes plus vieux amis, a rejoint Felt après avoir joué dans les groupes The Servants et Apple Boutique. D’ailleurs ce dernier groupe publiera l’EP Love Resistance en 1987. J’ai rencontré Lawrence et le groupe a de nombreuses reprises lors de ses concert à Londres (notamment à ceux The Black Horse à Camden, Boston Arms, Bay 63 à Ladbroke Grove en 1986)

Comment as-tu travaillé avec le groupe ? Il a utilisé tes visuels lors de leur tournée.

A cette époque (1987-1988), j’étais un spécialiste des lumières et des projections pour le groupe The Mighty Lemon Dropis qui étaient populaire à cette époque. Lawrence m’a qu’il voulait des visuels sur la scène pour Felt qui illustreraient ses chansons et qui créeraient une ambiance assez lourde pendant qu’ils joueraient sur scène.

J’avais comme matériel 2 vidéoprojecteurs 35 mm, 2 bobines couleurs et un projecteur analogique 8 mm. Lawrence, Phil et moi avons pioché dans ma collections de diapositives qu’elles seraient les meilleures pour le groupe. On a choisi des diapos monochromes, d’autres qui montraient des peintures et des vieilles photographies. J’ai tout mis dans un gros coffre et nous sommes partis en tournée.
Nous avons appris qu’Andy Warhol venait de décéder pendant un concert en Allemagne en février 1987. Lors de concert, je projetais une photographie de lui avec un tambourin… Nous l’avons juste projeté à travers la scène lorsque le groupe a joué All The People I Like Are Those That Are Dead… c’était très émouvant.

J’ai fait deux tournées au Royaume-Uni et une en Europe avec Felt jusqu’en 1987 et 1988. Tu peux voir mon travail sur le DVD A Declaration de Felt édité par Cherry Red.

Felt – Stained Glass Windows

La pochette de Poem of the River est extraite de ton travail. Sais-tu pourquoi ils l’ont choisie ?

La pochette de cet album est faite à partir d’une photographie live de Felt. Il y a Lawrence et Gary. Phil est à l’arrière plan avec une de mes diapositives qui est projetée. Je ne sais pas pourquoi Lawrence l’a choisie. La pochette de The Final Resting of the Ark est aussi une des mes diapositives. Elle était projetée à la fin des concerts.
La pochette de Gold Mine Trash provient d’une collection de diapositives que j’ai avais achetées dans un magasin pour touristes dans un château en Allemagne lorsque nous étions en tournée. Lawrence les avait vraiment aimées.

C’était facile de travailler avec Felt ?

Oui, c’était toujours une joie de travailler avec Felt. Beaucoup de personnes soulignent les excentricités de Lawrence mais oublie son sens de l’humour et ses chansons. Phil été un bon ami depuis des années, Gary Ainge et Marco étaient quant à eux très décontractés et faciles à vivre. Martin Duffy était le bébé du groupe. Et c’était un génie aux claviers. Lors de la tournée européenne, nous avons tourné avec Biff Bang Pow ! qui ouvrait pour nous.

Felt © Phil King
Felt & Biff Bang Pow ! en Espagne (Archives Privées – Phil King)

Quelle est ta chansons préférée de cet album ?

Sur Poem of the River, ce serait Riding on the Equator. Mais ma chanson préférée de Felt est Rain of Crystal Spires. Cette chanson possède les meilleures paroles de Lawrence. Quant aux parties de clavier de Lawrence, on touche au sublime.

Felt - Poem of The river

Tracklist : Felt - Poem Of The River
  1. Declaration
  2. Silver Plane
  3. She Lives By The Castle
  4. Stained-Glass Windows In The Sky
  5. Riding On The Equator
  6. Dark Red Birds

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English text

Phil King

How did you meet Lawrence and Felt ?

I first met Lawrence when he came to see The Servants play. It was early 1986 and we were supporting The Go Betweens on their Liberty Belle tour at a club called Zhivago’s in Nottingham. Lawrence knew our manager Jeff Barrett as he was also doing the press at Creation – and Felt had just recently signed to them. He came to the soundcheck and then we went to a nearby pub. The video for Diana Ross’ ‘Chain Reaction’ came on the TV and Lawrence was very impressed when I said I was an extra in it and pointed myself out. He had also read a Servants interview in the NME where it said I had an ‘unrequited passion for Felt’ – so he obviously knew I was a big Felt lover. We ended up supporting Felt a few times – in Brighton, Oxford and London. In fact, although we didn’t realise it at the time, the London show at Bay 63 in Ladbroke Grove (the infamous ‘Lawrence takes acid and tells the audience to stop staring at him and ask for their money back and go home’ show) ended up being the last ever Servants show. Lawrence was always very complimentary to me – on my playing (and especially my hair!) – and when he heard that the Servants had split up he called me up and asked me if I would play bass for them live, as bassist Marco was going to play lead guitar in future.

Do you remember your first rehearsal with Felt ?

I do. I was met off the train at Birmingham New Street by Lawrence and the rest of Felt. Coincidentally the previous bass player to Marco Thomas, Mick Lloyd, just happened to be at the station too. I felt this was a good omen. I had previously gone up to Birmingham and gone through the songs at Lawrence’s flat in Moseley with him and Marco. Prior to this Creation had given me a white label of ‘Forever Breathes The Lonely Word’ for me to learn the bass lines – so by the time of the first rehearsal I was more than ready. At that time I was a lodger in a rented flat in Fulham where guitarist Neil Scott lived with his wife. Downstairs there lived a dreadlocked pimp and his ‘business partner’. The film Mona Lisa was popular at the time and she would play the song over and over again. Life imitating art? Anyway, he got so sick of me practising the Felt basslines all day and every day he came up and knocked on the door to complain. He did say I was sounding good though!

What are your best memories of the Poem Of The River tour ?

Although the condition weren’t great and there was no money all I have is happy memories of my time in Felt. I had never been abroad on tour so it was all very exciting for me playing in Germany, Italy, Spain etc. For me it was a big step up from The Servants where we would be crammed into the back of a van with the gear and would have to sleep on friend’s floors if we played any distance outside London. Also, and more importantly, Felt were my favourite group of the ‘80s. They kept me going through the lean years of melodic guitar bands during the early part of the decade. The fact they got so little press only added to their mysterious allure.

My best memories – I was closest to Martin Duffy onstage and it was always exciting to hear him play. Especially when he used to take an organ solo during She Lives By The Castle. We would all watch him for the cue for the change. Sometimes he could stretch it out for quite awhile so lost was he in the music. To be honest, it was just great to be up there playing Felt songs.

How was the mood in the band during this tour ? Why did you leave Felt ?

Being from Birmingham the group had the archetypal deadpan Brummie “it could only happen to us” sense of humour. Everything was run on a shoestring so accidents and breakdowns (not physical though!) were liable to happen. Vans broke down, ferries were missed, gear wouldn’t work properly, guitars would go missing on flights – for example at one show abroad Lawrence’s guitar didn’t turn up on the flight and he had to borrow one. What he didn’t realise till he played the set that night was that it only had twelve frets on the neck so when he came to play the higher part of the solo on Riding On The Equator he literally had nowhere to go!

I never really left Felt as I never really joined. I was always the live bass player filling in for Marco. Also, around that time I recorded the Apple Boutique ‘Love Resistance’ record for Creation and wanted to focus on putting a group together for that.

What is your favourite song of this album ?

I would probably say Riding On The Equator as it was the most dynamic to play onstage – and a lot of fun to play too.’

Gary Ainge

How did you learn to play drums ?

I began playing when I was 18. I was self taught. I’d hire a room and play along to records on my own. I think that’s why I play quietly, otherwise I couldn’t hear the record. What kick started me wanting to play drums was punk. Before that I liked soul ( Northern) and before that a bit of glam. I didn’t really like rock music other than the odd song. But one night I went to see The Sex Pistols at The Laffyette Club in Wolverhampton. After that everything else in music seemed old fashioned. I went to work the next day in a timber yard and told my mate I wanted to be a drummer like Paul Cook and he made me a pair of sticks from off cuts!

Are you from Birmingham like Lawrence?

No I’m from Walsall originally – it’s close to Birmingham. They call it the Black Country because of the smoke from the factories from time of industrial revolution. We have a different accent and attitude to brummies. I talk like Dave Hill and Noddy from Slade! Slade lived around the corner from me when I was young. Walsall was a dive but the one good thing then was there were a few good music clubs dotted around.

Your was the drummer of Felt. It was a cool job?

It was a cool band, but I didn’t know I had to make a vow of poverty! I was broke for 10 years! But the music…

Maurice Deebank; I’ve never heard a better guitarist! Lawrence’s lyrics, incredible! I thought they were so good together but there was always a problem. I was more into the look. The clothes had to run parallel with the music for me and Lawrence! But it was always a cool band I think all the way through. With a couple more added geniuses along the way.

How was easy the recording process of Poem Of The River?

I can’t remember much about it. You’ll have to ask Lawrence or one of the others. It seems like another lifetime ago… I do remember Lawrence sSaying he went into the recording booth and found Mayo asleep. Ha Ha!

It was easy to work with Mayo Thomson?

He was an okay guy if I remember. I think he was staying with Lawrence to save money on hotels so maybe Lawrence made him sleep in the toilet because that was one of the rules!

What is your favourite track on this lp ?

I haven’t listened to the lp for a while but I think the bass drum is too loud. It was usually that or the hi hat ( i’d give it a listen but I don’t have it to hand I’m on holiday in Porto – staying at Phil King’s place!)

It’s not my favourite of our albums but best tracks for me are Stained Glass windows, Declaration and Dark red birds.

Do you have some regrets about this Lp ?

We were always looking at the clock in the studio. Always having to rush, wished we’d had more time.

Do you remember the Poem of the river Tour ?

No sorry, I can’t remember the tour! Old age & years of lack of sleep with two young daughters!

Roger Cowell

How did you meet Lawrence and Felt ?

Philip King, one of my oldest friends, joined FELT as bass player after being in THE SERVANTS & APPLE BOUTIQUE, who released the ‘Love Resistance’ EP on Creation in 1987. So I met Lawrence & the band several times at gigs in London… the Black Horse in Camden, Boston Arms, Bay 63 in Ladbroke Grove in 1986.

Could you explain to me how did you work with this band ? They used your work during their tour…

Around this time (1987 / 1988) I was doing a special lights & projection show for Wolverhampton band THE MIGHTY LEMON DROPS, who were becoming very popular at that time. Lawrence said that he wanted some onstage projections for FELT, to illustrate the songs & create a moodier ambience onstage whilst they were playing.

I had a set up consisting of 2 x 35mm slide projectors, 2 x colour wheels & an 8mm film projector – so Lawrence, Philip & myself went through my collection of slides & films to determine what would be best to use with the band. Some were abstract b&w patterns, classic paintings, vintage photos etc. So I packed this all up in a big trunk & took it on the road with the band.

ie. when we were on tour in Germany in February 1987, Andy Warhol passed away. I just happened to have a slide of the photo of him where’s he’s looking through the tambourine. We just projected it across the stage when the band played ‘All The People I Like Are Those That Are Dead’… that was pretty moving.

I did two UK tours & one of Europe with FELT through 1987 & 1988. You can see some videos of how it looked, although the quality on these videos isn’t great. There is a 10 song DVD issued by Cherry Red of the ULU London (February 1987) concert called ‘A Declaration’ CRDVD 25 with 10 songs, maybe you know it?

you can get an idea of what it was like from this video for ‘Stained Glass Windows’ put together from the ULU show by Danny Weinstein.

The cover of Poem of the River is extract of your work. Why did they choose this picture ?

The ‘Poem of the River’ front photo is a live shot of Gary & Lawrence, and the back is Phil… with one of my abstract slides projected over them. I don’t know exactly why Lawrence chose those particular ones. The cover of ‘The Final Resting of the Ark’ EP is a photo of my old classic Bush radio projected on the stage. The cover of ‘Gold Mine Trash’ is from a set of slides that I bought in a tourist shop at a castle in Germany when we were on tour, that Lawrence really liked.

It was easy to work with Felt ?

Yes it was always a joy to work with FELT, some people make a lot of Lawrence’s eccentricities but fail to note his wicked & dry sense of humour & of course the brilliant songs that FELT created. Phillip had been a good friend for years, Gary Ainge & Marco were very laid back & easy going and Martin Duffy was the baby of the band then & completely bonkers & a keyboard genius.
On the European tour we did – BIFF BANG POW, were the support band so Alan McGee & Dick Green joined us, ever a dull moment with Alan around.

What is your favorite song of this lp ?

From ‘Poem of the River’ it would be ‘Riding on the Equator’

Although my all time favourite FELT song is ‘Rain of Crystal Spires’, great song, some of Lawrence’s best ever lyrics & Martin Duffy’s keyboard playing just lifts it into the sublime.

Neil Scott

How was the mood in the band ? Forever Breathes The Lonely Word should be number one and it was a commercial failure….

The mood was good… I think we rehearsed for maybe a week before in Birmingham…I had toured with felt fairly recently so felt comfortable in the band…After Forever breathes Lawrence released the instrumental LP Let the snakes…so he immediately committed commercial suicide !

Where did you record this album ?

I think we recorded it somewhere in Birmingham…I might be wrong !

It was your first steps with Lawrence… How old was you ?

By this time I’d known Felt for 3 years…became friends when they supported everything but the girl in ’84…toured and played on a couple of tracks (I will die with my head in flames) in’85 and some more gigs in ’86 I think (france ?) Lawrence was always really good with me…he used to tell all the others exactly what to play…he never said anything to me ! just let me play….i was in my mid 20’s same age as Lawrence.

Why Mayo Thomson was the producer of this album ?

I felt Mayo was only doing it for the money! He would read the newspaper and do the crossword all day…I sounded terrible !

How easy was the recording process ? What are your best memories ?

I was only available for a week (I was in other bands and also did radio and tv commercials) when I left I think I played on all the Lp…turns out that they recorded the first 2 tracks later on as a four piece…I thought the LP was OK…nowhere near as good as Forever breathes…I would have killed to be on that ! I loved felt dearly …but I thought it was another missed opportunity.

And what is your favorite song of this album ?

Favourite song… By a mile She lives by the castle…also like stained glass window….

Why did you record only three songs of Poem of the river ?

In the week I was there I thought I’d played on all the Lp ! they added the 2 tracks later…my best Felt story is this…I went up to Birmingham later in the year or maybe early ’88 can’t remember…we rehearsed for a week solidly…I think they recorded the Lp a couple of months later…unfortunately I had other commitments by then and couldn’t do it…when I heard the finished record(Pictorial Jackson) I couldn’t believe it…Lawrence had made Marco play all my guitar parts without a note being different…it was like I had actually played it…I still listen to that record and think I’m on it !

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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