Aux nuits de Fourvière, on aime les antiquités. Après Leonard Cohen, Lou Reed, Burt Bacharach, Iggy Pop ou les Insus (rayez la mention inutile), c’est au tour d’un monstre sacré de la musique populaire du 20ème siècle, Brian Wilson des Beach Boys (on ne vous résumera pas sa ‘vie’, il y a des dizaines de documentaires dipsonibles et un film magnifique, Love and mercy à (re)voir). Une douzaine de musiciens sur scène dont l’historique Al Jardine et son fils Matt ou l’inénarrable et parfois envahissant Blondie Chaplin (Ex Rolling Stones, momie entre Lou Reed et Keith Richards), le band fait le job pour soutenir un émouvant Brian certes bien diminué mais dont la voix porte encore sur certains morceaux.
Quand résonnent les premières notes de California girls, Lyon se jumelle instantanément avec L.A. Dance, Dance, Dance, Surfer Girl qu’il certifie être sa première chanson, en…… 1963 ou la toujours bouleversante Don’t Worry Baby, face B du single, I Get Around, premier titre numéro 1 aux Etats-Unis plongent le public dans un bain de jouvence réjouissant. Après un ventre mou qui atteint son summum avec un solo de guitare assez laid du cabotin Blondie sur Sail On, Sailor, c’est une pause bien méritée qui permet de savourer quelques évidences. Les Beach Boys ont marqué d’une empreinte indélébile la musique populaire contemporaine.
La petite bande revient jouer Pet Sounds en intégralité, tous cœurs et chœurs dehors, à commencer par un pêchu Wouldn’t It Be Nice, un Don’t Talk (Put Your Head on My Shoulder) déchirant, un Sloop John B implacablement chantée par le capitaine Jardine. Une certitude, God Only Knows restera à jamais un des sommets de la musique tout court tandis que le disque se clôt sur la sublimissime Caroline, No et son train final qui sans aucun doute a fait passer un sacré passage à niveau dans l’histoire de la musique.
On aurait pu s’arrêter là, rassasié mais c’était sans compter la machine à tubes du rappel, un tunnel en or massif qui enchaînera Good Vibrations, Help Me Rhonda, Barbara Ann, Surfin’ U.S.A., Fun, Fun, Fun, cinq gold qui feront secouer les bijoux de la fosse assise et débouler le public des gradins en bord de scène pour danser devant un Brian médusé. Il terminera ce tour de chant par un Love and Mercy poignant. Et quand il chante : « I was standin’ in a bar and watchin’ all the people there, Oh the loneliness in this world well it’s just not fair », le public le porte et Brian à cet instant n’est plus seul.
© Fabrice Buffart
Alors bien sûr c’est un show millimétré, à l’américaine, rideau hideux compris. Paul Mertens, directeur musical, saxophoniste, flûtiste, clarinettiste, harmoniciste présente sa troupe, chaque musicien a son petit moment de mise en lumière, Brian est bien épaulé au chant par les excellents Darian Sahanaja et Matt Jardine et au final il est impossible de ne pas être conquis à l’écoute de ces morceaux qui font partis de l’ADN musical mondial, de notre patrimoine mondial. Alors pour cela, merci les Nuits de Fourvière en attendant peut être dans le futur un Daniel Johnston, un Van Dyke Parks ou … un Randy Newman.
https://www.youtube.com/watch?v=CnVyCuc9_P8
BBC Music – God Only Knows
Brian Wilson – Love and Mercy
Brian Wilson – LIVE Full Concert 2017