Groupe de rock né dans les méandres de Beirut au Liban à l’occasion d’une baston de bar, Nader Mansour (lead singer) et ses acolytes parcourent maintenant le monde leurs instrus à la main et le cœur enflammé, faisant notamment les premières parties de groupes dont vous aurez sûrement entendu parler : The Who, Guns N’ Roses ou encore Lana Del Rey. C’est le lendemain de ce concert intimiste mais complètement électrique que SK* eu la chance s’entretenir avec Nader – qui pratique un français irréprochable, qu’on suppose hérité de ses études supérieures parisiennes – et lui poser les questions qui me trottent dans la tête depuis 2 ans.
Quel sont tes impressions du concert hier soir ?
Nader Mansour : Les scènes les plus petites sont les meilleures. Tout le monde se rapproche, l’énergie qui se dégage est très sympathique !
J’ai vu que vous reveniez au Point Ephémère le 15 Novembre ?
C’est exactement ça. C’est le show le plus important pour nous car c’est là qu’on va jouer nos nouveaux morceaux qu’on enregistre la semaine prochaine dans un petit village du sud de la France qui s’appelle Montvalent dans le Lot-et-Garonne. Pardon on me corrige que c’est dans le Lot ! [rires] On a pris une vieille maison, à l’ancienne, à la Rolling Stones, on a ramené un studio carrément et on l’installe à la maison. On se baigne dans la rivière, dans la Garonne du coup.
Cela me permet de rebondir sur ma prochaine question, Il y a eu pas mal de changements entre Sleep with the Lights On et votre dernier EP, est-ce que c’est calculé ou improvisé ?
C’est plutôt ce que le cœur veut, et pas ce que la tête veut. Ce n’est pas calculé dans le sens « on a voulu faire ça » mais ce sont des influences qui ressortent en fait. En tant que libanais, je pense que tout le monde a ça ; on est un peu perdus, culturellement, on ne sait pas vraiment qui on est. On a des influences de partout et on les prend, et à un moment donné nos influences à nous reviennent et ressortent. Nos vraies origines ressortent. Et donc là elles sont ressorties ! Et elles se sont incrustées. [rires]
La seule chanson que vous ayez sortie à ce jour qui contient de l’arabe dedans, c’est Waha ; est-ce que c’est quelque chose que tu vas explorer plus avant dans vos futures chansons ou cela va rester principalement en anglais ?
Tu parles de paroles par contre ? Parce que Hitman a les tonalités et les quarts de tons arabes.
Oui oui complètement.
En terme de lyrics, je ne sais pas, on va voir ! On verra ce qui viendra mais ça restera quand même à priori « predominently » (je sais pas comment traduire ça).
Il y a une raison particulière pour laquelle les paroles restent principalement en anglais, ou c’est comme tu l’as dit « from the heart » ?
C’est plutôt « from the heart », comme tu sais il y a le « writing mind » et l’anglais c’est ce qui vient en premier, mais l’arabe s’incruste vraiment, et j’ai l’impression que j’arrive à écrire assez bien. Et je vais développer ça, j’aimerais bien développer ça. Mais j’attends que les morceaux me le donnent. Je ne devance pas ça.
Par rapport à l’origine du nom, The Wanton Bishops, cela vient d’où ?
Aha, ça c’est une histoire un peu… Eh bien Wanton c’est un adjectif qui a été utilisé dans une traduction de Justine du Marquis de Sade. Je le lisais, et ça m’a un peu… capturé. C’est la violence gratuite, à connotation sexuelle évidement, c’est une violence vraiment qui n’a aucun lieu d’être mais elle est là. Et on a voulu contraster avec les Bishops. Mais est-ce que c’est vraiment un contraste avec les Bishops de nos jours. [rires].
Quel serait ton meilleur souvenir de concert ?
C’était en Jordanie, à Amman. On jouait et à un moment donné il y a eu une embrouille dans le public, tout le monde se tabassait mais un truc de fou et on a quand même continué mais c’était quelque chose !
Tu te rappelles le nom du lieu à Amman ?
Je m’en rappelle plus. Là-bas t’as pas forcément des lieux, ça va être plutôt des lieux pop-up. Ce sont des « venues » qu’on crée pour l’évènement, souvent des hangars ; et puis on met tout le son, la prod, le live donc ça change.
Un groupe avec qui tu rêverais de jouer ?
Robert Plant. I’m aiming very high, mais j’ai l’impression qu’il est abordable le mec, qu’il est accessible. On l’a rencontré à un festival en Suisse, Rock Oz’Arènes, on jouait dans ce festival et on l’a rencontré ; il était bien down to earth, génial le mec. Et son show en fait c’est un mélange de rock, blues et ethnique, parce qu’il adore les pays arabes, surtout nord africains de son côté. Nous c’est plutôt le Levant, mais cela reste assez proche.
Que serais-tu devenu si la musique cela n’avait pas marché pour toi ?
Beh je me suis récemment mis au tennis ! Je suis pas super bon mais je considérerai une carrière dans le tennis. Non mais sinon en fait j’ai découvert que j’écris des scénarios pas mal. Du coup je pense que j’essaierai ça. J’ai écrit le scénario de Hitman et tout le monde était un peu surpris du professionnalisme et du format donc voilà.
The Wanton Bishops – Hitman
C’est vrai que ce clip était génial, il n’y a pas eu des moyens de fou mais le rendu était réussi.
Alors ça par contre, c’est le réalisateur, André Chammas, qui a mis vraiment tout son talent et tous ses contacts – parce qu’on a eu beaucoup de choses gratuites quand même, parce que voilà on se rend service au Liban – et ça a donné de la un plus value à la production en effet. Ce sont les lieux de tournage qui ont fait ça. Pour les permis, c’est Clandestino, de la boîte d’André, qui ont permis d’avoir tout ça. Moi, c’était le côté créatif, j’ai écrit le truc. Et bien sûr, l’acteur principal ! [rires] Du coup, je me lancerai dans cela.
Du coup, scénariste, pourquoi pas acteur ?
Ohla non moins, plutôt scénariste ! Je ne trouve pas que je joue bien, je ne me trouve pas photogénique ou « vidéogénique ». Il paraît que j’ai une tête un peu à la Sean Penn, qui est très bien de mi-distance mais si on zoom c’est le bordel. [rires]
Dernière question, dans une interview tu disais qu’un « killer breakfast » c’était un Lahmacun ; c’est toujours ce que tu penses ?
Oui absolument, c’est un truc moi qui me fascine. Je cherche les meilleurs partout où je vais au Liban. Dans tous les bleds, dans tous les petits villages, je cherche le meilleur. Je les ai répertoriés !
Propos recueillis par Alexia Brumé.
Plus d’informations sur The Wanton Bishops sur leur site ou leur page facebook.
The Wanton Bishops - Nowhere Everywhere
24 Nov 2024 | Bandland 2024 Bengaluru (India) | TICKETS |
15 Jan 2025 | Patronaat Haarlem (Netherlands) | TICKETS |
16 Jan 2025 | Café de la Danse Paris (FR) | TICKETS |
17 Jan 2025 | 4AD Diksmuide (Belgium) | TICKETS |
18 Jan 2025 | THE BLACK LAB Wasquehal (FR) | TICKETS |
19 Jan 2025 | Nochtspeicher Hamburg (Germany) | TICKETS |
21 Jan 2025 | Café V lese Praha (Czech Republic) | TICKETS |
22 Jan 2025 | Dürer Kert Budapest (Hungary) | TICKETS |
Dates de concerts fournies par Bandsintown
English text
What did you think of yesterday’s concert ?
The smaller stages are the best. Everyone gets close, the energy you get from it is very nice !
I saw you were going to be at the Point Ephémère on November 15th ?
That’s correct. This show will be the most important one for us as we’ll be playing our new tracks, that we’re recording next week in a small village in South of France named Montvalent, in the Lot-et-Garonne region. Sorry I’m being told it’s in the Lot! [laughs]
We took an old house, hold school style, Rolling Stones style, we brought a studio there and we’re setting it up in that house. We’ll go swim in the river, the Garonne.
Bouncing on my next question – there were quite some changes between Sleep with the Lights on & your last EP, was it planned or improvised ?
It’s more about what the heart wants, not the head. It’s not planned in the sense that we didn’t “aim at doing that” but it’s stemming from our influences. As a Lebanese, I think we all have that; we’re kind of lost, culturally, we don’t really know who we are. We have inspiration from everywhere and we take all of it in, and at some point our own cultural influences come back and come out. Our real origins break out. And so there, they really came out! And stuck around [laughs]
The only song with Arabic so far is Waha; is it something you’ll explore further with your upcoming songs or will it remain English predominantly ?
We’re talking lyrics, correct? Because Hitman has Arabic tones and quarter tones.
Yes totally.
In terms of lyrics, I don’t know, we’ll see! We’ll see what will come up but it will predominantly be in English.
Is there a particular reason why your lyrics are mostly in English, or is it because – as you say it – it’s “from the heart”.
It’s more from the heart; there’s such a thing as “the writing mind” and there, English comes first; but Arabic keeps spawning here and there and I’m under the impression that I’m decent at writing it. And I’ll develop this, I’d love to develop it. But I’m waiting on the tracks to bring me that. I don’t want to force it.
What about “The Wanton Bishops”, where is that name from ?
Ah well that a story quite.. Well Wanton, that’s an adjective that was used in a translation from Justine by Marquis de Sade. I was reading it and I felt kind of… mesmerized by it. It’s gratuitous violence, obviously with sexual tension to it, it’s really the type of violence that shouldn’t be there but that is. And we wanted to contrast with the Bishops. But is it really a contrast anymore with today’s bishops [laughs]
What is your best concert memory ?
It was in Jordan, in Amman. We were playing and at some point some folks started arguing in the audience, and it turned into a full blast fight – something crazy – and still we kept playing, it was quite something !
Awesome ! Do you remember the venue’s name in Amman ?
I don’t. Over there you don’t really have fixed locations, it’s more about pop-up type of venues. We create them for a specific event, in warehouses for example; then we bring all the sound system, production, live etc so it keeps changing all the time.
What would be the band you’d dream of playing with ?
Robert Plant. I’m aiming very high, but this guy feels really approachable. We met him at a festival in Switzerland, Rock Oz’Arènes, we were playing at that festival and we met him, super down to earth, a fantastic guy.
His show is a mix of rock, blues & ethnic influences, because he loves Arabic countries, especially North African for him. We’re more on the Levant side but it’s still very similar.
What would you have done, if music hadn’t worked out for you ?
Heh I recently started playing tennis! I’m not that great at it but I’d consider going pro.
No but really, I actually discovered that I’m not that bad at writing scenario. So I think that it’s what I’d try out. I wrote the scenario for Hitman and everyone was kind of surprised at the professionalism I showed and the format so yeah.
True that it was an awesome music video, you didn’t have a lot of budget but the end result was great !
Well that, on the other hand, is thanks to the director André Chammas. He went full on with his talent and contacts – because we did really get a lot of free stuff, because that’s how it goes in Lebanon we help eachothers out – and that’s why it had such a great production value. The places where we shot it were amazing. It’s Clandestino, André’s company, that got us all the permits we needed. I was on the creative side, I wrote the stuff. And of course, the main actor! [laughs] So yeah, that’s what I would do.
All right, scenario writer, and why not actor.
Oh wait no, writer all the way! I don’t think I act well, I don’t think I look good on photo or video. Apparently I have a Sean Penn type of face, that’s great from a bit far away but if you zoom in it’s mayhem [laughs]
Last question, in an interview you were saying that Lahmacun made the best killer breakfasts; is that still the case ?
Yes of course ! It’s something I find fascinating. Everywhere I go in Lebanon, I look for the best one. All the small villages, small towns, I’m looking for the best. I could write a guide !