J’ai cru comprendre que tu appréciais le vin, cela fait quoi de faire un festival au cœur du Beaujolais ?
Olivia Ruiz : Alors je ne suis pas très calé sur les Beaujolais même si je sais qu’il y’en a d’excellents. Je connais surtout les vins de chez moi, des Corbières, mais cela sera une occasion de découvrir.
Discographie
Olivia RuizIl y a un cru du Beaujolais qui se nomme Saint-Amour, cela colle bien à ton dernier disque, À nos corps-aimants…
Alors on le goûtera avec passion !
Ce disque est très charnel et féminin, quel était ton objectif avec ces chansons ?
En fait, je n’essaye jamais de dire quelque chose, j’écris de façon hyper instinctive, je me laisse aller au fil de ma plume, c’est presque les chansons qui définissent à un moment donné quel va être le thème de l’album. Je ne me dis jamais, « tiens, j’ai envie de dire ça ou ça », je n’ai pas vraiment de messages dans mes morceaux, je cherche essentiellement à raconter des histoires et a essayer d’y mettre des humeurs ou des émotions qui sont un petit peu universels pour que tout le monde se sente concerné. Alors je pense après plusieurs moi d’écriture de ces morceaux, que quelque part avoir écrit pendant ma grossesse a changé le regard que j’avais sur les femmes. C’est comme si tout d’un coup je comprenais tout une partie qui me dépassait jusque là. Donc en fait je crois que c’est ça qui a fait que j’ai eu envie d’écrire davantage sur elles. Sur les nanas de 20 à 70 ans et leurs problématiques, le rapport au corps, la connexion et l’osmose entre le mental et le physique, ou la grande déconnexion qu’il peut y avoir parfois. Les sentiments d’échec, de culpabilité et en même temps la notion d’espoir qui irriguent toutes ces chansons. Et de bagarre pour toujours sortir de sa condition quand elle nous convient pas. Donc voilà, maintenant avec un peu de recul, je me dis que le fait de vivre la maternité à mon tour a fait que j’ai changé mon regard sur les femmes et qu’il est devenu, alors qu’il l’était déjà encore plus rempli d’admiration et de questionnement aussi.
Mais ce qui est troublant aussi c’est que tu as travaillé avec Edith Fambuena, les soeurs Ibeyi, Annika and the Forest… des femmes.
Absolument, j’avais envie de faire un disque avec des filles et cela depuis longtemps car je trouve qu’elles n’ont pas toujours leur juste place dans ce métier qui est assez misogyne et dans beaucoup de domaines on sait bien que l’on est encore très loin de la parité des salaires par exemple, ce qui est une aberration en 2017. Donc peut être que tous ces éléments additionnés les uns aux autres a fait que j’avais envie de me servir du talent des femmes que je connais et que j’aime de façon à dire, elles sont largement aussi capables !
Je me souviens des Françoises à Bourges, c’était déjà les prémices de cela…
Tout à fait et d’ailleurs sur une idée d’Edith, on avait choisi de ne pas prendre de musiciens et de s’accompagner les unes les autres tout au long du concert alors que certaines d’entre nous ne sont pas vraiment instrumentistes donc c’était un vrai challenge rigolo.
Et dans ton set, tu chantes en rappel, dans mon corps mon amour, cette citation détournée, cette « décarte du tendre », je baise donc je suis. Tu voulais dire quoi par là ?
Encore une fois je ne veux rien dire, mais raconter une histoire d’une femme victime de son amour, du non renvoi de l’amour dont elle déborde pour cet homme. Une femme peut exprimer librement aujourd’hui quelque chose d’aussi simple que son désespoir face au non désor, à la non tendresse, au non amour de l’homme avec qui elle est. On peut imaginer ce que l’on veut. Et puis on passe au refrain et cela m’emmerdait qu’elle soit juste une victime. Il fallait qu’elle se positionne, il fallait qu’elle soit crue, qu’elle soit battante pour amener de l’épaisseur au personnage. Et c’est comme ça que j’ai eu envie qu’elle s’affirme d’une façon hyper naturelle et simple. Et ces mots sont venus très simplement dans sa bouche parce que c’était une bonne façon de contrebalancer tout ce que l’on connaissait d’elle depuis le début du morceau.
Et que penses-tu de l’arrivée enfin sur le devant de la scène de beaucoup de filles ces derniers temps comme Fishbach, Cléa Vincent, Pomme, Juliette Armanet ou autre même s’il y a eu bien sûr Brigitte Fontaine et bien d’autres…
Non, je n’ai pas l’impression que cela soit plus qu’avant. Moi ma génération et un peu avant, il a Camille, La Grande Sophie, Emilie Loizeau, Jeanne Cherhal, j’ai l’impression que l’on était dix fois plus nombreuses sur le devant de la scène à cette période où tout le monde nous définissait comme une nouvelle scène alors que l’on faisait toutes des choses très différentes. On faisait des lots, Zaza Fournier, Karimouche, non j’ai l’impression qu’il y avait plus de monde sur la corde à linge que de nos jours chez les nanas !
Sur scène tu fais preuve d’une énergie incroyable et cela depuis tes débuts, tu as un secret ?
Encore une fois, je suis ce que je suis dans la vie, je ne cherche pas à dégager tel ou tel truc, je cherche à vivre mes morceaux pleinement et physiquement pour que les gens ne pensent pas à leurs emmerdes pendant une heure et demi. Il faut que moi je sois pleinement dans la musique, libérée de tout, que je m’abandonne, que je me laisse aller sans trop réfléchir. C’est la seule façon des les emmener. Donc moi j’essaye juste de m’amuser pour transmettre de la joie et de la bonne humeur.
Et tes musiciens sont quasi tous lyonnais ! pourquoi cette bande à tes côtés ?
Oh ben moi je cherche des compétences, et là cela s’est trouvé comme cela. Beaucoup de producteurs de spectacles veulent des musiciens sur Paris pour des raisons pratiques, parce que cela coûte moins cher mais je ne me suis jamais posée ce genre de question. J’ai toujours voulu faire venir les meilleurs et là j’ai trois lyonnais, deux toulousains, un bordelais ! Cela vient des quatre coins de France c’est sympa pour le tour bus ! Si j’ai un coup de cœur pour notre sonorisateur que je pense être le meilleur et s’il est à Lyon et bien tant pis ! Je paie les billets d’avion et lui se tape les trajets interminables et ce qui la preuve qu’il a aussi l’envie d’être là !
Pour revenir au festival de Charnay en Beaujolais et ses Vendanges Musicales, tu vas jouer le même soir que Home, le projet de Chiara Mastroianni et Benjamin Biolay qu’ils n’ont jamais joué sur scène, connais-tu ce disque ?
Je ne connais pas trop le disque mais je suis ravie car j’aime beaucoup Benjamin, il est bien sûr très talentueux et surtout c’est un mec sympa et son équipe aussi, on passe toujours de bon moment et là en plus pas loin de chez lui dans le magnifique cadre du festival, avec cette scène devant ce château féerique, cela sera forcément fort.
Peut être pour finir une chanson qui t’a marqué de lui même si c’est difficile car il y en a beaucoup ?
Je ne pense pas que cela fera partie du set mais il y a une chanson que j’adore qui est le duo avec Jeanne Cherhal, Brandt Rhapsodie.
Retrouvez Olivia Ruiz en concert le samedi 16 septembre au festival Les Vendanges Musicales à Charnay en Beaujolais à 20 minutes au nord de Lyon avec Johnny Johnny, Pi Ja Ma, Nord, The Ginger Accident, Benjamin Biolay & Chiara Mastroianni pour leur projet Home.
Toujours des places en vente ici.
Olivia Ruiz - À nos corps-aimants
Olivia Ruiz & Christian Olivier – Non-dits
09 Jan 2025 | Grand Theater de Calais Calais (FR) | TICKETS |
10 Jan 2025 | SALLE LOUIS JOUVET Vitré (FR) | TICKETS |
11 Jan 2025 | La Ferme du Buisson Noisiel (FR) | TICKETS |
18 Jan 2025 | Salle horizon Pyrénées Muret (FR) | TICKETS |
26 Jan 2025 | Palais Congrès d'Issy Issy-les-moulineaux (FR) | TICKETS |
31 Jan 2025 | Theater Simone Signoret Conflans Sainte Honorine (FR) | TICKETS |
01 Fév 2025 | LA LOCO - MEZIDON CANON Mézidon-canon (FR) | TICKETS |
07 Fév 2025 | Centre Culturel Les Arcs Quéven (FR) | TICKETS |
Dates de concerts fournies par Bandsintown