J. Aubertin en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
C’est au Songbird Cellar à Pueblo, dans le Colorado. C’était la dernière date de la tournée, donc forcément beaucoup d’émotions. On a fini le concert en chantant Angel Band de Ralph Stanley à 7 sur scène, entre amis. Moment magique, j’en ai encore des frissons en y repensant.
Ta rencontre en tournée ?
C’est difficile d’en choisir qu’une seule, la tournée aux États-Unis a duré près de 2 mois, on a traversé 15 états, et j’ai donc rencontré des centaines de gens formidables. Mais je vais dire Inaiah Lujan et Desirae Garcia. Un couple dans la musique (In/Planes, Haunted Windchimes) mais aussi dans la vie. Tous deux de merveilleux songwriters, ils nous ont accueilli chez eux pendant presque une semaine, et on a passé de très très bons moments.
J.Aubertin – Bringers of the Light
Ton anecdote dans le van ?
C’est pareil, il y en a tellement ! Mais je vais faire mon chauvin, Willy (le songwriter pour qui je faisais les premières parties pendant la tournée) a absolument tenu à trouver des fromages français pour nous faire plaisir. Et justement, à Pueblo, on est tombés sur une petite boutique de fromages venus d’ailleurs. On a acheté un morceau de Bleu d’Auvergne et du Cantal je crois, ça devait coûter quelque chose comme 8$ les 100 gr, mais Willy ne voulait rien savoir, il voulait juste nous faire voyager vers chez nous le temps de quelques bouchées. Et au final, les fromages sont restés 4 ou 5 jours dans la glacière, on a fini par les manger sur la route, dans le van, avec du pain brioché (bien sucré, à l’américaine) pas forcément à la hauteur de nos fromages (rires).
Ton prochain disque ?
C’est donc l’EP dont je parlais juste avant. C’est un 6 titres, qui a été enregistré, mixé et masterisé par Inaiah dans une toute petite pièce de son sous-sol. Je voulais faire un premier EP très intimiste car mes chansons le sont, et je pense que les conditions de l’enregistrement se ressentent à l’écoute du disque. On était que tous les deux, entre amis, dans 6m2 à peine ; lui devant son logiciel de mixage, moi avec ma guitare devant un micro, et voilà. Tout a été enregistré en live, guitare et voix, en une seule prise. Il s’appelle Bringers of the Light et sera disponible début 2018.
Ton prochain rêve ?
Sans hésiter : faire un jour la première partie de The Tallest Man On Earth, ou même encore mieux… partir en tournée avec lui !
En écoute avec J. Aubertin
- The Tallest Man On Earth – Bright Lanterns
Aaaaah The Tallest Man… que dire ! Très certainement mon artiste (encore vivant) préféré ! Je n’arrive que très rarement à mettre des mots sur son travail. Et puis c’est difficile pour moi de le faire en seulement quelques lignes. Cela mérite des heures et des heures de monologue, quand on me lance sur ce sujet, je finis comme une groupie de 15 ans, à sourire niaisement avec des étoiles plein les yeux. The Tallest Man c’est un peu comme un tsunami d’émotions à l’intérieur de moi. J’ai eu la chance de le voir deux fois, la première fois à Lyon et la deuxième à Paris.
Pourquoi cette chanson là ? Je ne sais pas, c’est la première qui m’est venu à l’esprit ! - Townes Van Zandt – For the sake of a song
Townes, c’est Townes. Le meilleur songwriter de tous les temps à mes yeux. Je suis un fan inconsidéré de son fingerpicking, de sa voix, de ses paroles. C’est pour moi le Dieu de la folksong et du songwriting ! Tout est dit. - Blaze Foley – Big Cheeseburgers & Good French Fries
Bien que je ne mange plus de cheesburgers maintenant, j’adore toujours autant ce morceau ! Il fait danser mes globules rouges. - Willy Tea Taylor – Wrong way to run
J’ai découvert Willy il y a maintenant 5 ans. Je suis tombé un peu « par hasard » sur l’un de ses morceaux, et j’ai tout de suite accroché. Je l’ai écouté tous les jours pendant les 4 années qui ont suivi, puis un jour je lui ai envoyé un message, lui demandant les paroles de l’une de ses chansons, parce que j’avais très envie de la jouer. Il m’a répondu rapidement, très simplement, tel un vieil ami. Il m’a dit qu’il serait en Europe quelques mois plus tard, et m’a demandé si j’avais la possibilité de lui trouver des dates en France. Je lui ai répondu « Je le peux, mais uniquement si je fais tes premières parties ». J’y suis allé au culot. Et… Il a accepté ! On a fait trois dates en France, ça s’est très bien passé et il a (il me semble) plutôt bien accroché sur ce que je faisais. Après notre deuxième date, accoudés au bar, il m’a dit « Je vais te rendre la pareille, viens en Californie, on tourne ensemble, et je te fais enregistrer ton premier album là bas ». Et voilà comment 6 mois plus tard, je me suis retrouvé aux États-Unis pour faire ses premières parties. Au final on a tourné dans 15 états et fait une trentaine de dates. - Andy Shauf – Quite Like You
The Party c’est mon album du moment. Chaque chanson de cet album est un tube. Et étrangement, ma chanson préférée de cet album varie chaque jour. C’est à dire que j’écoute en boucle une seule chanson pendant une ou plusieurs journées, ensuite j’en préfère une autre, alors j’écoute l’autre en boucle, et ainsi de suite. En ce moment c’est celle-ci : Quite Like You. - John Moreland – You don’t care for me enough to cry (live)
Je l’ai vu deux fois en live à Paris, et c’était une énorme claque à chaque fois. Cette chanson et l’une de mes préférées. - In/Planes – Say you want me too
Le couple dont j’ai parlé un peu plus haut à la question « Ta rencontre en tournée ? ». Je me souviens du premier soir où nous sommes arrivés chez eux. Desirae était en vacances, Inaiah était donc tout seul depuis quelques jours, et il était vachement triste ! On a tous joué un ou deux morceaux de notre répertoire, c’était notre façon d’apprendre à se connaître. Pas besoin de parler, on avait juste à s’écouter l’un et l’autre. Puis après un ou deux morceaux, il nous a chanté cette chanson : « Say you want me too » qu’il venait juste d’écrire quelques jours plus tôt, on a eu la chance d’assister au « brouillon » de ce morceau, en acoustique, et je me suis dit « wow, ce mec est une machine à tube ». - Daniel Romano – When I Learned your name
Ma chanson du matin, pour me donner la pêche ! J’adore Daniel Romano, à la base il faisait de la country pure et dure, puis récemment, avec ses derniers albums, il est passé à du rock’n’roll blues très classe, et j’adore tout autant. - Willie Watson – Gallows Pole
Il vient de sortir son deuxième album avec Acony Records (label créé par Dave Rawlings et Gillian Welch) et c’est une tuerie ! Ce mec est pour moi la définition de la classe. - Steve Earle – Fort Worth Blues
Une chanson écrite après la mort de Townes Van Zandt. Steve et Townes étaient de grands amis, et étant un fan de Townes, je ne peux qu’être touché par cette chanson. J’ai l’impression de ressentir la peine de Steve Earle à chaque fois que je l’écoute, c’est comme-ci j’avais été aussi un ami proche de Townes, c’est assez troublant.
Plus d’infos sur la page facebook de J. Aubertin.