Question toute bête… D’où vient ton nom de scène ?
Nord : C’était il y a quatre ans. J’étais en studio et je changeais un peu de vie. Jusque là je n’avais fait que des groupes et c’était mon premier projet solo. J’avais commencé en tant que Xavier Feugray et je voulais trancher avec tout ça. Quand j’écoutais mes premières maquettes, mon ami ingénieur du son me disait que c’était assez froid, assez nordique… Je composais avec mon ordinateur et mes instrumentations étaient froides. C’est parti de là. Je voulais une quête pour un projet. C’était le nom adéquat. Je trouvais ce nom cohérent avec ma musique. Le Nord, même si c’est un peu ringard de le dire, c’est aussi assez énigmatique.
Discographie
NordEt quelles sont influences ? Joy Division ?
Non, pas tant que ça. J’ai écouté et j’écoute toujours beaucoup Nirvana et la vague grunge. De la Brit Pop aussi avec Blur. Et les Beatles avant ça. Et LCD Soundsystem. C’est lui qui m’a donné envie de mêler le côté froid des machines et des éléments comme un instrument qui rajoute de la chaleur.
Ce matin, en ouvrant Spotify pour préparer notre entretien, je me suis rendu compte que c’était le jour de la sortie du nouvel album d’Étienne Daho. Tu l’as écouté ? Daho est quelqu’un qui compte pour toi ?
Je ne l’ai pas encore écouté. Je sais qu’il est sorti et qu’il vient d’annoncer sa sortie mais je ne n’ai pas encore eu le temps de me pencher dessus. Je n’ai plus d’abonnement Spotify… Et je n’ai pas envie d’en reprendre un.
J’ai lu que tu venais de Rouen. La scène rouennaise avec Tahiti 80 ou les Dogs… Cela te parle ?
J’ai connu tardivement. Je viens du Havre et je suis arrivé à Rouen en 2003. J’ai rencontré rapidement des musiciens. Au Havre, la scène était assez dispersée. J’ai rencontré les musiciens du Havre après avoir quitté cette ville ce qui assez paradoxal. A Rouen, j’ai découvert cette scène en m’y installant.
Et comment es-tu arrivé sur Columbia ?
Ça c’est passé en deux temps. J’avais été sélectionné pour les Inouïs du Printemps de Bourges en 2016. Ils étaient dans la salle. Le temps a passé. Je faisais écouter mes morceaux à quelques labels. Columbia s’est positionné en septembre 2016. Et les choses ont démarré quand j’ai fait la première partie de Louise Attaque. J’ai signé en décembre 2016.
Ils t’ont mis en studio de suite ?
Oui ! J’avais déjà des maquettes. J’ai travaillé avec Thierry Minot qui m’accompagne sur scène mais qui est aussi ingé son. Avec Thierry, on avait les mêmes envies. Au départ, j’étais en solo sur scène et j’ai voulu remonter un groupe. C’est comme ça que nous nous sommes rencontrés. Il a une culture électro que je n’ai pas. On a fait des maquettes et l’album est venu tout seul. On a fini l’album en juin 2017.
Quel est ton meilleur souvenir de l’enregistrement ?
Il y en a beaucoup. Columbia nous a fait confiance. Thierry a un petit studio chez lui et nous avons pour habitude d’y travailler. Columbia nous a dit ok et nous a laissé faire. On se voyait tous les jours et on a fait beaucoup d’essais. On a peut-être eu deux ou trois points où nous avons eu des remarques de Columbia et de mon éditeur sur les productions mais c’est le jeu. On a fait l’album à deux en six mois.
Son studio se trouve à Paris ?
Non, non, près de Rouen et j’habite à quinze minutes de chez lui.
Vous-vous êtes imposés une discipline de travail ?
On se voyait très régulièrement.
La chansons Elle voudrait sera sur l’album ? Qu’elle est son histoire ?
Jusqu’ici j’avais fait l’EP L’amour s’en va qui est assez intimiste. Je parlais beaucoup de moi et je parlais de manière assez froide. Je ne voulais pas faire ça tout le temps. J’avais des envies de pop et de manière différente. Columbia l’a écoutée et voulait en faire un single. Ils ont trouvé qu’il y avait du potentiel. J’ai dit banco. Je voulais ouvrir mon univers et ne pas rester dans mon petit pré-carré étriqué.
https://www.youtube.com/watch?v=flyzHj9QjYI
Et le visuel est en couleur…
Voilà. On a tout changé. Je faisais tout en Noir et Blanc. Sauf le dernier clip de l’EP qui a été fait en couleur. J’ai voulu apporter de la couleur.
On retrouvera ce visuel sur l’album ?
Non. J’ai eu la chance de partir en Espagne pour faire des photos. Je cherchais de la couleur et on cherchait un lieu. J’avais pour habitude de travailler avec La Sucrerie. Tous mes clips ont été faits avec La Sucrerie à part L’amour s’en va. Je cherchais des choses colorées. On a trouvé La Muraille Rouge en Espagne. Entre le devis du studio et le séjour en Espagne… L’Espagne s’est avérée moins cher. On est parti deux jours en Espagne pour filmer des choses et faire la pochette.
Les choses se réchauffent…
Oui, ce n’était pas facile.
Qu’est-ce qui n’était pas facile ? D’être froid ?
Oui. J’ai envie d’aller vers les gens. Je peux être renfermé. J’aime raconter des choses sur scène, partager un moment avec le public. Être sur scène, ça me réchauffe la vie. A partir de ce postulat, je dois m’ouvrir et je dois aller vers les autres.
Et comment appréhendes-tu la sortie de ton album ?
J’ai hâte. Je veux passer à autre chose. J’ai écrit plein de nouvelles chansons mais je n’arrive pas à les terminer. Je veux sortir cet album pour passer à la suite. Je veux faire autre chose. Je veux me lâcher et exprimer de nouvelles choses.
Tu écris tous les jours ?
Oui et non. Je me suis dit, au départ, que pour être écrivain, il faut écrire tous les jours. C’est comme un entraînement. Et au final je me rends compte que je n’y arrive pas. Je suis peut-être d’un naturel dissipé. Je fais plein de choses à la fois. Je fais de la musique, je peins, je m’occupe de mes enfants, je fais du foot… Je veux combiner tout ça.
Je me pose donc des échéances. Je veux qu’il se passe des choses. Je passe par des moments où ne rien faire est difficile. Il faut arriver à ne rien faire.
Le Top 10
1) Ton album préféré de 2017 ?
C’est difficile. Le dernier Arcade Fire. Malgré les critiques, je l’ai bien aimé !
2) L’album que tu attends le plus ?
L’album que Nirvana n’a jamais sorti. Mais je crois que tout a été sorti.
3) Le meilleur endroit pour faire un concert ?
Sur la Lune. Cela arrivera un jour ou l’autre.
4) Le meilleur endroit pour voir un concert ?
Chez toi ! C’est chouette les petits concerts.
5) Ta bande originale de film préférée ?
Last Days ! Attends je réfléchis… The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford par Nick Cave et Warren Ellis. Ce disque a marqué une période de ma vie. Je l’écoutais pour endormir ma fille. Ils en ont refait plein d’autres bandes originales après. Il y en a une dizaine.
The assassination of Jesse James – Full original soundtrack
6)Ton album préféré de LCD Soundsystem ?
This is happening. Ce disque m’a bouleversé. Je l’ai beaucoup écouté.
7) Ta chanson préférée de Blur ?
Tender. J’aime bien la vibe Gospel. Il se passe quelque chose. C’est une chanson qui est pleine de possibilités.
Blur – Tender
8) Le Havre ou Rouen ?
Oh là c’est dur… J’aime bien les deux. J’aime bien Le Havre car c’est la dispersion. Enfin c’était car maintenant tu te déplaces plus vite mais quand j’étais étudiant je me déplaçais à pieds. Rouen est une ville plus resserrée. J’ai rencontré beaucoup de musiciens rapidement. J’ai rencontré les musiciens du Havre après mon départ.
9) Un artiste décédé avec qui tu aimerais bien boire un verre ?
Leonard Cohen. Cobain m’aurais fait flipper. Quoique Cohen… Rien ne se passe comme tu veux quand tu rencontres des artistes. Cohen devait être drôle au final. Remarque Cobain devais peut-être drôle aussi.
10) Un acteur qui aurait dû se mettre à chanter ?
Mathieu Almaric mais il l’a fait dans son film sur Barbara. Ah si Henry Fonda ! Je l’aurais bien vu faire du hip-hop et dénoncer des choses.
Nord - L'amour s'en va
Nord publiera Grand Turn Over en 2018 via Columbia Records/Sony.
Nord sera en concert les :
- 18 novembre 2017 au Théâtre de Verre (Chateaubriand)
- 30 novembre 2017 à La Cave aux Poètes (Lille)
- 7 décembre 2017 au festival Aurores Montréal en solo
- 30 janvier 2018 à La Bouche d’Air (Nantes)
- 13 avril 2018 à L’Archipel (Granville)