B R OAD WAY
Le groupe formé en 2003 en est à sa quatrième sortie. C’est avant tout une complicité musicale qui a réuni Fabien, Jan, Gio et Eric dans un premier temps, rejoint par Lorenz par la suite.
« On vient tous d’univers musicaux assez disparates : noisy, spoken word, pop voire funk »
Le premier album « 00 : 06 am » sort en 2005.
« Ce disque a été fait en réaction à l’uniformisation musicale dont souffrait la musique à cette époque. On l’a voulu bruitiste, le plus déconstruit possible. Jan est arrivé un jour en nous disant que puisque on faisait la musique la plus déstructurée qui soit il nous fallait un nom de scène qui le soit le moins possible puisque Broadway évoquera forcément quelque chose à chacun. C’est Eric qui a eu l’idée de décomposer le nom en 4 parties. Et Broadway signifie aussi voie large »
La tentation de la pop était déjà en gestation donc à ce moment là.
« Le groupe fonctionne à l’instinctif, pas besoin de se parler des heures dans le processus de création grâce à notre complémentarité »
Il s’agit donc bien d’une complicité qui va au-delà de la musique qui les unit. Complicité aidée en cela qu’ils ont fait le choix de rester à Saint-Etienne quand tant d’autres se disent qu’en dehors de Paris rien ne se crée.
« Saint-Etienne a pour nous deux visages. Nous souffrons parfois de la proximité de Lyon et l’on se dit qu’à Paris nous pourrions toucher plus de gens. Nul n’est prophète en son pays malheureusement. En revanche, nous avons ici la possibilité de nous voir tous les jours ce qui serait beaucoup plus compliqué à Paris où nous mettrions des heures avant de pouvoir réunir tout le monde avant de pouvoir commencer à travailler. Certains d’entre nous sont en résidence artistique dans différents lieux de la région : La Fabrique, La Fromagerie. Nous avons un studio de répétition pas loin à Rive de Gier. Pour ce qui est des rapports entre nous, nous ne nous faisons pas de concession, nous sommes exigeants les uns envers les autres et c’est pour ça que ça fonctionne bien. Pour nous la musique doit rester une affaire de plaisir. Notre côté français reprend sans doute le dessus lorsque nous pensons que c’est comme lorsque tu invites des amis à un repas chez toi, tu prends du plaisir à leur concocter des plats dont ils se régaleront. Pour notre musique, c’est pareil, tout doit être soigné, léché et nous aimerions que notre public prenne autant de plaisir à écouter notre musique que nous en avons eu à la créer. »
Ce processus de création abouti se retrouve à tous les niveaux chez B R OAD WAY, ainsi Eric a les yeux qui s’illuminent lorsqu’il me parle de ses créations vidéos.
« J’aimerai que notre public voie ça comme une succession de tableaux1 empreints de poésie2 et comprenne bien l’imbrication en osmose avec notre musique »
Pour leur dernière sortie « Gang Plank », B R OAD WAY s’est donné les moyens de son ambition et est allé frapper à la porte de Sean Magee. « Le studio Abbey Road a quelque chose de mythique pour chacun d’entre nous. Sean Magee ne s’est pas dit que nous n’étions que des petits frenchies qui voulaient juste voir le nom Abbey Road accolé au nom de leur groupe. La session de mixage et de mastering a duré 4 heures. On sait bien qu’en France, c’est toujours plus compliqué, ça aurait pris plusieurs jours car il faut toujours revenir, ça ne se fait jamais en une journée. Nous sommes très satisfaits du résultat obtenu, c’est exactement ce que nous voulions. Pour en revenir à la bouffe, les Français sont les rois de la gastronomie, les anglais sont sans conteste ceux du son. Dans l’idéal, nous aimerions travailler avec Nigel Goodrich mais il est à priori inapprochable ».
C’est tout le mal que je peux leur souhaiter car B R OAD WAY a vraiment le potentiel pour se faire une place aux côtés de ceux qu’ils considèrent eux même comme de grands groupes Notwist et Radiohead en tête. Et en plus ces mecs sont d’une profonde gentillesse et ça c’est génial.
1 & 2 : ça fait 20 euros non ?