La totale indépendance de Thousand permet donc à Stéphane Milochevitch (Thousand donc…) de voyager à travers les méandres végétaux de la pop. On quitte les rives anglo-saxonnes pour atterrir sur un terrain de jeux français (après une escale à Béziers). Il faut s’engouffrer dans ce disque et lever la tête pour découvrir des petites merveilles pop totalement addictives. Entendre Ma Vénus une fois, c’est se condamner à appuyer sur la touche repeat et à l’écouter toute journée. Le Tunnel Végétal est un disque noir, qui contraste avec sa pochette, qui illuminera votre quotidien.
Quand est né ce nouvel album ? Il y a eu un événement déclencheur ? Il a été facile à écrire ?
Thousand : L’écriture de cet album a commencé il y a très longtemps, en parallèle des chansons en anglais, je notais des idées sans but. Tous les premiers morceaux sont passés à la poubelle, j’étais en train de définir un phrasé, un style d’écriture. Et je cherchais un fil conducteur. Puis j’ai écrit Narval, suite à un rêve. Les paroles sont venues très vite, notées au réveil. Ca a été très fort, et ça a défini le procédé d’écriture. S’inspirer d’images de rêve ou de semi sommeil, puis de souvenirs, de fantasmes, vers des choses de plus en plus intimes. Ca a pris du temps avant d’arriver à écrire certaines choses. Je me suis plongé dedans à fond, dans le même geste que des influences fortes : l’adaptation de Solaris par Tarkovski, et L’invention de Morel et Plan d’évasion de Bioy Casares, où le personnage abandonne la réalité et accepte de laisser l’illusion prendre le dessus.
Discographie
ThousandThousand – La vie de mes soeurs
Évidemment, les premières écoutes surprennent. On s’attendait à tout… sauf à un tel disque. La surprise n’engage que celui qui écoute le disque. T’es-tu mis à la place de l’auditeur ? Comment s’est opérée ta métamorphose ?
Je ne vois aucune métamorphose, tout s’est construit naturellement. Peut-être par réaction, mais j’ai complètement subi le mouvement. je n’avais aucune volonté à part de m’immerger entièrement dans le processus d’écriture, puis d’arrangement. Il n’y a pas eu de surprise, à part à la toute fin, de découvrir un produit avec un début, une fin, un son particuler et une illustration. Une entité là où il n’y avait jusque là qu’un flux.
Quels ont été les disques qui t’ont inspiré pour faire Le Tunnel Végétal ? As-tu eu des modèles ?
Le principe de départ était de faire des morceaux « tunnel », justement. Pas de structure, juste une mélodie et des textes qui se posent dessus. Aucun respect de durée ou d’articulation qui fluidifie l’écoute. En ça, un de mes disques favoris Consume Red de Ground Zero, un morceau qui dure une heure. Mais au fil du travail, l’idée de départ a dévié, et j’ai remodelé les formes pour obtenir certains morceaux très structurés, d’autres totalement libres et informes. Le son est celui des instruments qui m’entourent chez moi, très peu finalement. Au point que c’est devenu une blague avec mes proches. Chaque son vient très clairement de tel synthé ou tel effet que j’utilise tout le temps, sur chaque morceau.
Tu repars avec la même équipe que pour ton premier album. Yann Arnaud, Emma Brougthon et Olivier Marguerit. Pourquoi avoir continué avec eux ?
Ca fait des années qu’on est ensemble, on est un groupe. Ca va au delà de la musique.
Comment as-tu découvert Long Song for Zelda de Dashielle Hedayat ? Pourquoi l’avoir reprise ?
J’ai découvert le morceau vers la fin de l’écriture de l’album. En entendant mes maquettes, un ami me l’a fait écouter, ça lui rappelait les paroles que j’avais écrites. J’étais sidéré par ce morceau. En rentrant chez moi j’ai essayé de le jouer, mais très vite les accords, le rythme et la métrique ont changé et c’est devenu cette adaptation. Là encore, pas de structure répétitive, seulement des phrases mélodiques qui s’assemblent en ne suivant que le flot de paroles qui ne se répètent jamais vraiment.
En 2015, tu me disais que Thousand, était un moyen d’expression artistique au sens large et que tu ne visais aucune réussite commerciale. C’est toujours le cas ?
Plus que jamais, je me tiens loin à l’écart du tumulte intellectuel autour de l’idée de réussite. Je suis arrivé au bout de ce disque, j’ai passé des messages très forts dedans. J’ai décrit des choses merveilleuses et d’autres horribles. A mon échelle c’est une réussite énorme d’être arrivé au bout de ce processus de travail long et compliqué. J’ai besoin de ça, pas de parasitage autour de l’idée de réussite, qui est toujours extrêmement relative surtout dans le monde du divertissement.
Le Tunnel Végétal de Thousand sera disponible le 9 mars 2018 chez Talitres.
- Salomé Qui Danse
- La Vie de mes Sœurs
- Long Song for Zelda
- Ma Vénus
- La Relève
- Le Nombre de la Bête
- La Nuit des Plus Beaux Jours de ta Vie
- La Vision
- Narval
- L’Acte de