[Micro-Photos] Et les Jayhawks arrivèrent en ville

The Jayhawks © Andrew Catlin
En 1992, George Drakoulias allait réaliser son troisième coup de maître avec Hollywood Town Hall des Jayhawks. Après avoir produit les deux premiers albums des Black Crowes, le bras droit de Rick Rubin chez American Recordings s'attelle à rendre rentable la musique de Mark Olson et de Gary Louris, les deux têtes pensantes des Jayhawks.

Et pour un coup de maître, ce fut un sacré coup de maître. Alors que les fans des Guns N »Roses n’avaient pas encore rendu l’âme, alors que les fans de Nirvana n’étaient pas encore tombés de leur petit nuage, l’Amérique vit débarquer les Jayhawks, un groupe dont le panthéon musical s’arrêtait en 1972. Fans du Loner et des Stones, les Jayhawks eurent les moyens de leurs ambitions avec Drakoulias et American Recordings. Drakoulias invita Nicky Hopkins à venir jouer sur quelques morceaux et on dépêcha sur place Andrew Catlin pour trouver un univers visuel à ces gentils provinciaux.

The Jayhawks
The Jayhawks © Andrew Catlin

Comment as-tu rencontré les Jayhawks ?

Andrew Catlin : J’ai rencontré les Jayhawks grâce à Martyn Atkins qui concevait la pochette de ce disque. Il m’a demandé de venir aux États-Unis pour faire la photographie qui allait l’illustrer. Nous avions travaillé ensemble sur un certain nombre de projets et il pensait que je serais bon pour le projet.

Quel appareil as-tu utilisé pour faire cette photographie ? Et quel type de pellicule ?

Si je me souviens bien, j’ai utilisé un Hasselblad 500cm avec un 120 mm. Pour la pellicule, c’est une FUJI 100D réversible.

Où as-tu pris cette photographie ?

Dans le canton de Hollywood, à environ 25 milles à l’ouest de Minneapolis. Le bâtiment «Town Hall» était à l’origine une école d’une pièce, construite vers 1906 et qui était restée une école pendant environ 70 ans. Elle a ensuite été utilisée en tant que mairie. Nous avons trouvé le bâtiment en cherchant des endroits pour le shooting et nous avons décidé d’y rester. Le groupe a choisi ce cliché pour la pochette de l’album et a décidé d’appeler l’album Hollywood Town Hall car il l’aimait bien.

The Jayhawks
The Jayhawks © Andrew Catlin

Il s’agit de la première photographie de la pellicule ?

Aucune idée.

Te rappelles-tu du jour du shooting ?

Oui. Il faisait très froid, bien au-dessous de zéro. Nous avions dû aller acheter de l’équipement polaire pour être à l’extérieur car il faisait -30. Le groupe semblait plus habitué que moi et pouvait rester dehors beaucoup plus longtemps que moi. Après quelques minutes dehors, nous devions rentrer nous réchauffer dans la voiture. Je me souviens qu’il faisait si froid qu’après dix minutes dehors je retournais immédiatement dans le camion que j’avais du mal à ouvrir car mon cerveau était ralenti par le froid. Je pouvais vraiment imaginer comment les gens peuvent s’endormir dans le froid et geler sur place car ils ne peuvent plus penser à rien. Nous prenions le canapé avec nous partout où nous allions parce que nous voulions que le groupe soit sur le même canapé dans beaucoup d’endroits différents. C’est pour ce que cela que nous avions loué un camion.

The Jayhawks
The Jayhawks © Andrew Catlin

Quelles ont été les difficultés de ce shooting ?

Oui. J’ai eu tellement froid que je suis tombé malade à la fin du shooting. Le lendemain de la fin de ce dernier, j’étais supposé rentrer chez moi, mais j’étais tellement malade que je ne me suis pas réveillé. Tout le monde restait et j’étais encore inconscient à l’hôtel, et ils pensaient que j’étais rentré chez moi. Je me suis réveillé deux jours plus tard et je ne savais pas où j’étais et ce qui se passait. J’ai fini par appeler un médecin et il m’a dit d’aller à l’hôpital le plus rapidement possible. Il travaillait dans cet hôpital et m’a guidé. Je suis entré dans ma Jeep que j’avais louée et j’ai brûlé tous les feus rouges sur la route. Je ne pouvais plus réfléchir. Je suis sorti de la voiture et j’ai laissé la Jeep avec le moteur allumé. J’ai chancelé et je suis tombé. Et en Amérique ils font n’importe quoi à condition que tu aies une carte de crédit. Après que je leur ai donné, ils ont compris que j’étais complètement déshydraté et que j’avais une grave infection rénale. Ils m’ont perfusé des médicaments et je suis rentré à la maison quelques jours plus tard. Je n’ai aucune idée de ce qui est arrivé à la Jeep. Je ne l’ai jamais revue.

The Jayhawks - Hollywood Town Hall

Hollywood Town Hall des Jayhawks est publié (et réédité) chez American Recording.

Le travail d’Andrew Catlin est visible sur son site officiel.

TheJayhawks

Tracklist : The Jayhawks - Hollywood Town Hall
  1. Waiting For The Sun
  2. Crowded In The Wings
  3. Clouds
  4. Two Angels
  5. Take Me With You (When You Go)
  6. Sister Cry
  7. Settled Down Like Rain
  8. Wichita
  9. Nevada; California
  10. Martin's Song

English text

Andrew Catlin

How did you meet The Jayhawks ?

Andrew Catlin :I met the Jayhawks because Martyn Atkins was designing the record sleeve for the album, and he asked me to come out to the US to do the photography. We had worked together on a number of projects and he thought that I would be right for the project.

Which camera did you use for this picture ? And which film ?

From memory, it was a Hasselblad 500cm with a 120mm lens and Fuji 100D transparency film. I was also using a Rolleiflex TLR 2.8 but I think this picture was shot on the Hasselblad because I was shooting Black and White on the Rolleiflex. If it’s important I could check from the original pictures, but I’m pretty sure thats right.

Where did you shoot this picture ?

In the Township of Hollywood about 25 miles west of Minneapolis. The « Town Hall » building was a one room school, built around 1906 and it remained a school for around 70 years. It was then used as a voter precinct and town hall . We found the building while looking for locations for the shoot, and planned to come back thereas art of the shoot. The band picked that shot for the album cover, and decided to call the album ‘Hollywood Town Hall’ because they liked it so much.

This picture is the first picture of the roll ?

I don’t know which picture on the roll it was.

Do you remember the day of the shooting ?

Yes. It was freezing cold – way below zero. We had had to go buy arctic gear to be outside because it was around 30 below zero. The band seemed to be more used to it and were able to stay outside for a lot longer than I could. After a few minutes we would have to go back to the car to get warm again.
I remember it was so cold that after ten minutes outside I would go back to the truck and have real difficulty working out how to open the door because it my brain had slowed down so much because of the cold. I could really imagine how people go to sleep in the snow and freeze to death because you just stopped being able to think.
We were taking the sofa with us everywhere we went because we wanted the band to be on the same sofa in lots of different places, so we had a pickup truck to move the sofa around.

The Jayhawks

Did you have some difficulties during the shooting ?

Yes. I got so cold that I was really ill at the end of the shoot. The day after I was supposed to fly home, but I was so ill I didn’t wake up. Everyone left and I was still in the hotel unconscious, and they thought I’d gone home. I woke up 2 days later and didn’t know where I was or what was happening. En the end I called a doctor and he told me to go to hospital as quickly as possible. He worked out where I was and where the nearest hospital was and gave me directions. I got in my rented Jeep, and drove through every red light on the way because my reactions were so slow. I ended up driving up the steps at the front of the hospital, getting out of the car and leaving it on the steps with the engine running. I staggered in and fell over. Being america they would’d do anything until they had my credit card. After that they figured out I ws completely dehydrated and had a serious kidney infection. They pumped me full of drugs and I flew home a couple of days later. I have no idea what happened to the Jeep. I never saw it again.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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