Où était passé le héros de notre adolescence ? Il avait disparu. Gaz Coombes commença donc sa carrière avec un disque raté. On pensait l’histoire terminée. Et puis arriva Matador en 2015. Gaz réapparu dans les charts (Heres Come the Bombs avait fini à la cinquante-quatrième place, Matador fit une Remontada à la dix-huitième place) et publia un des plus chouettes disques de 2015. Il remet le couvert ce mois-ci avec World’s Strongest Man, la suite idéale de Matador. L’ex-star de la Brit Pop prend la tangente et offre un disque plein et entier, qui groove et qui emprunte des chemins biscornus.
Comment as-tu découvert Grayson Perry ?
Gaz Coombes : Comment j’ai découvert Grayson Perry ? Attends, il faut que je m’en souvienne. J’ai dû tomber sur son livre grâce à ma femme. Elle est libraire. Il était tout simplement à la maison, en haut d’une pile de livres qu’elle avait ramené du travail.
Discographie
Gaz CoombesEt tu te rappelles du jour de la découverte de Descent of Man, ce livre de Grayson Perry qui a une grande importance sur ton disque ?
Ce devait être au début de l’été 2016. Je revenais d’un voyage. C’était un peu comme une lecture de vacances. Ce livre a bouleversé ce disque. Ce qu’explique Perry est fascinant… Il explique comme le genre et l’idée de masculinité peut détruire des vies.
Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel album ?
Ce fut assez étrange. D’habitude j’écris et j’enregistre au fur et à mesure. Et parfois, quand je mets les idées ensembles, ou en construisant le disque, je réalise que je n’utiliserai pas ça ou ça. Il y a beaucoup d’idées différentes autour de ce projet. On pourrait imaginer qu’on les étale par terre en disant « je vais prendre un peu de ça, et mettre aussi un peu de ça, etc. » C’est très fluide.
Gaz Coombes – Walk The Walk
Cela t’a pris combien de temps ?
J’ai commencé fin 2016… Et cela a pris tout 2017. En tout cela a pris 10 mois. Mais j’ai fait une pause en plein milieu. Je suis parti en vacances en famille car je ne m’en sortais pas. Au retour des vacances, je suis tombé sur le livre de Grayson Perry et cela a donné ce disque.
Tu l’as enregistré chez toi ?
Oui, et aussi dans un studio où travaille un ami, qui m’a aidé à faire des choix et guidé. Mais je l’ai enregistré principalement chez moi. Il y a plein d’instruments qui traînent. J’en saisi un et je peux enregistrer
C’est toi qui a tout enregistré ? Tu joues de tous les instruments ?
Oui, quasiment. Je n’ai pas fait toute la batterie sur celui-là, et pour certaines chansons, c’est les guitaristes de mon groupe live. Ils m’ont aussi aidé pour les chœurs et pour faire quelques voix. Mes filles ont aussi participé.
Quel est ton meilleur souvenir lié à cet enregistrement?
C’est dur de choisir un seul souvenir. C’est génial ce sentiment, quand les idées commencent à devenir concrètes, donc il y a eu plein de moments où j’explore les sessions faites, je cherche les trucs les plus bizarres possibles… C’est vraiment chouette quand tu écoutes le morceau que tu as pu construire à partir d’idées en vrac.
Comment as-tu trouvé le son de cet album ?
Je ne sais pas, ça doit venir du travail des 4 ou 5 dernières années… J’ai fait beaucoup de choses très instinctives en studio, qui me ressemblaient « soniquement ». J’essayais des trucs et je gardais ce qui sonnait juste. Il y a eu beaucoup de travail d’exploration, d’expérimentation. J’aime les sons qui ne sont pas fixes et qui sont instables. Je suis aussi très exigeant avec eux.
Quelle est l’histoire d’Oxygen Mask ?
J’avais une musique et quelques paroles en tête. J’avais une idée précise concernant cette chanson : je voulais écrire un texte qui explique qu’il faut être solide soit même avant de juger les autres. Je voulais écrire une espèce de kit de survie pour mes enfants, genre « si un jour tout va mal, souvenez-vous de ces quelques trucs ».
Comment écris-tu tes chansons ?
Je crois que ça évolue constamment… Je pourrais m’asseoir avec une guitare et composer, mais j’aime bien me balader dans la maison, tomber sur un instrument, jouer un truc en boucle, chanter dessus. J’aime écrire sur n’importe quel support, et pas me poser devant un piano, même si j’aime bien me mettre au piano… En fait, je crois que je n’obéis à aucune règle.
Est-ce que c’est ton album le plus personnel ?
Non, je ne pense pas… C’est difficile à dire… Matador était un disque très personnel Je crois qu’il y a des moments très personnels aussi sur ce disque. Il poursuit l’introspection débutée avec de Matador. Il est toujours question d’anxiété. Sur Matador, j’ai évoqué des attaques de panique avec Detroit. Je recommence avec Vanishing Act. Mais là où Detroit évoquait ces attaques uniquement par la mélodie, Vanishing Act l’évoque comme quelque chose de pleinement conscient. Sur ce disque, j’ai juste voulu être honnête et ne rien cacher.
Top 5
Ton artiste français préféré ?
Je vais dire Air. On a joué Virgin Suicides avec eux. J’étais jeune quand leur premier album est sorti et ils m’ont beaucoup influencé. Pouvoir travailler avec eux à été une grande expérience.
2) Paris ou Londres ?
Je ne sais pas… Paris tient une grande place dans mon coeur. Mais Londres est super, plus tu l’explores, plus tu découvres des trucs incroyables. Mais j’ai toujours passé des moments merveilleux à Paris.
3) Ta bande originale de film préféfée?
Luke Cage sur Netflix. C’est un Marvel. La bande originale est vraiment top… Étrange et obscure à la fois.
4) Ton album préféré de Neil Young?
On the Beach.
5) Bryan Robson ou Ryan Giggs ?
Bryan Robson, c’est mon héros.
World’s Strongest Man de Gaz Coombes sera disponible le 4 mai 2018 chez Hot Fruit Recordings/Caroline International. Gaz Coombes sera en concert le 29 mai 2018 à La Maroquinerie (Paris).
Gaz Coombes - World's Strongest Man
- World's Strongest Manb
- Deep Pockets
- Walk The Walk
- Shit (I've Done It Again)
- Slow Motion Life
- Wounded Egos
- Oxygen Mask
- In Waves
- The Oaks
- Vanishing Act
- Weird Dreams