J’ai lu, via une chronique de Marianne si je me rappelle bien, que tu avais découvert Muray par hasard… Comment as-tu découvert Baudelaire ?
Bertrand Louis : Ce n’était pas vraiment par hasard pour Philippe Muray puisque c’est grâce à Houellebecq que je l’ai découvert. En revanche, un jour je me suis aperçu, par hasard, que les textes rimés de Minimum Respect collaient parfaitement à mes musiques.
Pour Baudelaire, ce n’est pas très original, je l’ai découvert à l’école, comme tout le monde, et il m’a suivi depuis en prenant de plus en plus d’importance.
Bertrand Louis – Le chat
Tu avais adapté Muray… Est-ce que ce précédent travail t’a aidé pour ce nouvel album ?
Même si je n’aime pas faire deux fois la même chose, j’ai utilisé le même principe. J’ai commencé par lire beaucoup Baudelaire bien sûr, mais aussi tous les écrits sur lui, afin de m’immerger totalement dans son univers. J’ai l’impression qu’en procédant comme cela, les musiques viennent de façon plus justes et plus profondes.
Comment s’est faite la sélection des poèmes que tu as mis en musique ?
Je ne fais pas vraiment de sélection, les musiques viennent ou ne viennent pas. Au début, je ne voulais mettre en musique que des poèmes peu connus et puis, je me suis fait rattraper par quelques gros classiques comme À une passante ou L’Invitation au voyage. J’en avais fait une petite vingtaine mais j’ai tranché par souci de cohérence pour n’en garder que dix.
Comment as-tu trouvé le son et les arrangements de ce disque ?
Le son et les arrangements me sont venus suite à la lecture d’un livre de Walter Benjamin où il écrit que Baudelaire est une confrontation entre l’antiquité et la modernité. J’ai donc choisi de mélanger une harpe (la lyre antique) à l’univers post-punk d’un groupe de rock (premiers Cure, Joy Division, Bauhaus, Nick Cave). J’ai aussi tenté d’utiliser le même mode musical sur tout l’album afin de rester dans le même univers sonore. J’ai eu aussi l’envie d’un mixage organique et pas trop compressé, j’en suis très satisfait même si cela sonne mieux sur un bon système Hifi que sur un Mac Book Pro.
Combien de temps a pris l’enregistrement ?
Longtemps ! Pour des raisons artistiques puisque je travaille seul et que j’ai besoin de longues pauses pour prendre du recul. Pour des raisons financières également car il m’a fallu trouver l’argent au fur et à mesure.
Tu as annoncé des concerts… Elles sont faciles à jouer, à chanter ses chansons ?
Oui musicalement, c’est assez archaïque et facile à jouer mais il faut trouver le bon équilibre entre la tension nerveuse, la sensualité et l’élégance. À chanter en revanche, c’est plus difficile car il faut beaucoup de souffle !
TOP 10
1) Ton poème préféré des Fleurs du Mal ?
À celle qui est trop gaie
2) Le poème des Fleurs du Mal que tu aurais aimé écrire ?
À celle qui est trop gaie
3) Le meilleur endroit au monde pour chanter les chansons de ce disque ?
L’Île de la Réunion… ou dans les Catacombes !
4) Si tu étais une fleur… Laquelle serais-tu ?
Une tulipe noire ?
5) Le poème de Baudelaire impossible à mettre en musique ?
À celle qui est trop gaie… Même si je l’ai fait mais qu’elle n’est pas sur le disque…Je la chanterai en concert, sûrement.
Baudelaire de Bertrand Louis sera publié le 5 octobre 2018 chez Microcultures/Universal.
- Le chat
- Chanson d'après-midi
- A une passante
- La Beauté
- L'Héautontimroménos
- L'invitation au voyage
- Harmonie du soir
- Élévation
- Le vin des amants
- La mort des pauvres