Dans les années 90, on suivait la santé financière de Creation Records comme on suivait les engueulades des frères Reid dans les années 80… Le label d’Alan McGee a en effet évité plusieurs fois la faillite grâce au succès de certains albums. Mais le futur mentor d’Oasis s’endetta plus d’une fois pour sortir un disque dont le retour sur investissement fut proche du néant. Avec Creation, les exemples sont légion.
Ainsi en 1997, McGee, alors les poches pleines grâce aux trois premiers albums d’Oasis, publia le premier album d’Arnold avec un budget promo plus que conséquent alors que le disque en question avait été enregistré sur un une piste… Oui, vous avez bien lu, En 1997, on pouvait recruter des attachés de presse, des photographes de renom pour un disque enregistré sur une seule pauvre petite piste.
Quatre ans plus tôt, le même type ne pouvait pas tout se permettre mais faisait comme ci. Et agissait ! Il y a vingt-cinq ans, Bobby Gillepsie était le roi du pétrole. Deux ans plus tôt, lui et son groupe avaient mis tout le monde dans le vent dont les Charlatans avec l’album Screamadelica. Trois millions de disques vendus, une presse à ses pieds et que décida l’ami Bobby ? De partir vivre son rêve américain. Refusant de faire un Screamadelica Bis, le groupe enregistra Give out but don’t give up qui sera un échec tant commercial que critique.
Primal Scream – Jailbird (The Original Memphis Recordings)
Discographie
Primal ScreamEt où est le rapport avec la santé financière du label ? La version officielle du disque est celle produite par George Drakoulias, alors auréolé du succès des deux premiers albums des Black Crowes. On se doute que ses services ne furent pas gratuits. Et quand on écoute Jailbird ou Call On Me, on comprend pourquoi McGee avait sorti son chéquier. Ce qu’on ne savait pas, c’est que Bobby et ses copains avaient enregistré une première version de ce disque avec Tom Down (ingénieur du son pour Eric Clapton, Lynyrd Skynyrd, Rod Stewart pour ne citer qu’eux) et avec Roger Hawkins et David Hood des Muscle Shoals. Oui, car à l’époque, on pouvait remiser les bandes comme ça. En 2018, n’importe quel groupe devrait prendre en otage la femme de son directeur artistique pour espérer mettre sous le paillasson le travail d’une semaine de studio. En 1993, on crée, on jette et surtout on sait jouer.
On découvre donc aujourd’hui une nouvelle mouture de ce grand disque (toujours défendu par Noel Gallagher dans ses interviews). Les membres du groupe redécouvrent aussi ces versions car c’est Andrew Innes qui est tombé par hasard sur la cassette de ces enregistrements en 2016 dans sa cave. « En réécoutant les chansons, ça m’a fait un choc. J’ai trouvé ça incroyable. On a été fous de refuser cette version. Alors on s’est dit qu’on allait enfin la sortir » a déclaré Gillepsie à l’AFP. Tu m’étonnes mon grand ! A mille lieues de Screamadelica, à des années lumières de la Brit Pop et jouant dans la même cour que les frères Robinson, nos Écossais préférés, mis en confiance par trois Yankees, ont enregistré le meilleur disque stonien des 90’s. Plus amples et plus souples que les versions de Drakoulias, les Memphis Recordings montrent un groupe heureux d’enregistrer (les photos faites dans le studio montrent un Bobby plus qu’heureux) et en pleine possession de ses moyens. Et le pire dans tout ça ? C’est qu’ils feront aussi bien en 2006 avec Riot City Blues.
Primal Scream - Give out but don't give up : the original Memphis recordings
Give out but don’t give up: the original Memphis recordings de Primal Scream est disponible chez Ignition/Sony.
- Jailbird
- Rocks
- Call on Me
- Everybody Needs Somebody
- Sad and Blue
- Big Jet Plane
- Free
- Jesus
- (I'm Gonna) Cry Myself Blind