Miegeville en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
J’aime bien briser la barrière entre les spectateurs et les artistes. Sortir le public de sa zone de confort, tout comme moi. Lors d’un concert, une fille se tournait pour discuter avec sa copine pendant que je commençais une chanson au texte très scandé, parlé… alors je suis descendu de scène pour aller lui taper sur l’épaule. Je ne voulais pas lui dire quoi que ce soit ni lui faire de remontrance… juste lui montrer que le gars sur scène n’était pas en cire et pouvait interagir physiquement avec elle. Elle a sursauté et crié de surprise… Toute la salle a rigolé. J’ai souri. Le meilleur est qu’elle est venue s’excuser d’avoir parlé pendant mon concert, à la fin, au stand. Je lui ai dit qu’on était dans un pays libre et qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait, mais que j’appréciais sa démarche ;-)
Ta rencontre en tournée ?
J’ai eu la chance d’avoir Guillaume Meurice dans le public sur Paris la dernière fois. J’étais venu le voir sur scène dans son spectacle quelques mois auparavant, et nous échangeons depuis sur les démarches artistiques de chacun. C’est une chance car il a l’oeil qui pétille, autant que dans ses chroniques, et c’est toujours un plaisir d’avoir des yeux qui pétillent autant dans une audience ;-)
Ton anecdote dans le van ?
On était sur la route pendant les blocages des Gilets Jaunes. Je n’ai pas pris position directement en faveur du mouvement mais nous avions avec certains de l’équipe de l’empathie pour tous ces gens qui se battent pour dire simplement : il y a quelque chose qui cloche dans ce système. On a du coup traversé la France avec une pancarte « Macron, Rends l’ISF » sur la vitre, et ça faisait plaisir.
Ton EP en quelques mots ?
Longue Distance est le fruit d’une longue réflexion, d’où le nom. C’est mon premier disque en mon propre nom et c’est un beau coming out de la sensibilité francophone que je voulais assumer depuis longtemps. Je respecte autant Miossec que The Postal Service, Radiohead que Casey ou William Sheller. Si vous trouvez que Niska chante avec une voix normale, mon disque n’est pas pour vous.
Ton prochain rêve ?
Faire un potager dans mon jardin. On attend la fin des gelées et on s’y met. Un autre moyen de sortir du système…
Miegeville – 10 heures 17
En écoute avec Miegeville :
- Altın Gün – Goca Dünya
Dans les années 70 en Turquie, les jeunes s’approprient les nouvelles guitares électriques et les mixent avec les vieux baglams à Papy. On parle de rock anatolien, merveille de rock psychédélique exotique. 40 ans après, Altın Gün revisite la partition avec modernité et goût de la mélodie. A l’initiative d’un hollandais. Respect. - Cyril Cyril – Samarcande
Ils sont deux et s’appellent Cyril. Ça c’est dit. L’un d’entre eux officiait dans Mama Rosin, trio québécois et cajun en même temps ! Ici, on voyage assis mais on voyage loin. Les instruments traditionnels se mêlent aux influences jazz, voire pop et gentiment rap pour faire un maelstrom assez incroyable. L’album est novateur et frais. Un grand bravo. - Bim – Destiny
Le début de ce morceau comporte des onomatopées très rigolotes. Rien que pour ça, vous allez cliquer. S’en suit un funk béninois assez déjanté et bluffant de surprises. Une magnifique découverte. - Cymande – Dove
Retour sur les terres du ciel gris. Pas Metz. L’Angleterre. Pour du funk à nouveau. J’apprécie car il est instrumental et j’ai peu d’accointances avec les voix funkys. Ici ça groove sans un mot et ça ferait presque venir le soleil. - Arling & Cameron – w.e.e.k.e.n.d.
Il ne vient pas en tout cas au-dessus de ces hollandais en polos blancs. Un clip incroyable d’absurdité et de flegme anglais. De la pop maline et catchy. - Fishbone – If I Were A..I’d
Sur l’album The Reality of my surroundings, le morceau « If I were a…, I’d » se décompose en 4 parties. A chaque fois, Angelo Moore imagine « ce qu’il ferait », « s’il était »… quelqu’un d’autre, ou quelque chose. Là, il se demande ce qu’il ferait « s’il croyait tout ce qu’il voyait à la télévision ». Dédicace à BFM. - Turfu – I love you baby
Groupe iconoclaste et audacieux. Un accordéon, une batterie, quelques claviers. Emballé c’est pesé, Turfu peut faire danser le zbab d’Ariège, le hipster parisien et le marin breton au festnoz de Paimpont. A voir en live. - Rolo Tomassi – Rituals
L’égalité des sexes, c’est aussi s’habituer à voir une fille toute propre sur elle au milieu d’une musique dure comme celle des ces italiens. Bientôt vous serez rompus à l’image de voir ces filles exprimer autant de choses que leurs trop nombreux congénères masculins. On pense à la guitariste de Code Orange, celle de Baroness, à la doyenne Candace de Walls of Jericho… Tout cela avance aussi. Oui, Tatie, c’est aussi de l’art, et les morceaux sont carrément intenses ! J’en mettrai pour l’anniversaire de Cléclé. - Gorod – Aethra
C’est avec ce groupe que nous serons sur la route au mois de mars. D’un death très efficace, le combo a affiné son style vers des compositions plus progressives, une intention spontanée et pour ce dernier album, une très jolie esthétique graphique. Bravo les gars ! - Gojira – Global Warming
Enfin, finissons par les papas. Pour les non-métalleux qui lisent ces mots, Gojira, c’est LA référence française qui est devenu mondiale. Autant dire que c’est une sacrée fierté de voir le talent de ces bayonnais d’origine propulsé aux quatre coins du globe. C’est un peu notre M’Bappé à nous… Ce morceau est un de mes préférés, hymne écologiste et humaniste issu du magnifique From Mars to Sirius.
Plus d’infos sur la page facebook de Miegeville.
Miegeville - Longue distance
- Bonjour je suis mort
- Ensemble dans le vent
- Volga
- La fin des combats
- 10 heures 17