Qui a réalisé le clip de La Horde ? Qui joue dedans?
Le clip a été réalisé par Marc Cortès, c’était notre première collaboration. Les 5 Tellier jouent dedans, ainsi que deux jeunes gens de sexe différent, et un nounours un peu flippant.
Discographie
La Maison TellierIl faut le voir comme un polar ?
On peut dire ça comme ça. « Le Club des 5 enquête sur son passé ». On voulait un objet un peu étrange, avec des codes de série B, à mi-chemin entre Kubrick et Les Inconnus.
Il y aura un clip du même acabit? Une suite ?
On souhaite retrouver des éléments dans les clips à venir, à commencer par les musiciens eux-mêmes. Pour le prochain en revanche, nous travaillerons probablement avec un autre réalisateur, ce qui signifie de facto une esthétique différente. Difficile d’en dire plus pour l’instant. Nous souhaitons d’une façon ou d‘une autre y retrouver le symbole de la triple enceinte, comme un fil rouge, un signe de ralliement pour les Tellier et ceux qui les suivent.
On quitte le soleil d’Avalanche pour une ambiance plus froide avec ce nouveau disque. Comment avez-vous décidé de vous diriger vers un son plus « froid » ?
De mon point de vue, Avalanche n’était pas si solaire que ça. Je l’ai même vécu bien plus durement que Primitifs Modernes dans sa conception. Si on parle d’ambiance musicale, Avalanche était certes plus doux, plus caressant, plus pop, la bride était tenue plus court. Ça venait sûrement de notre envie de travailler avec Yann Arnaud à la réalisation. Sur Primitifs Modernes, il y a quelque chose de plus tribal, immédiat, frontal. On a ressorti les guitares à moustache, mis les amplis à 11 et on s’est rendu compte que ce qui sortait était notre vision du rock´n roll en français, envie qu’on n’avait jamais vraiment osé assumer.
Je parlerais d’un son cru, plus que d’un son froid. Peut-être que les synthés basse t’ont fait cet effet sur certains morceaux.
La Maison Tellier – La Horde
Il a été facile à écrire ce disque ? J’ai l’impression, mais je peux me tromper, que c’est votre disque le plus personnel.
Plutôt facile oui. J’ai arrêté de me regarder le nombril, j’ai levé les yeux et… il y avait assez de textes à écrire avec ce que je voyais autour de moi pour faire 10 albums. On en dit finalement plus sur soi en parlant des autres. J’avais envie d’une couleur politique dans les textes de cet album. Je ne parle pas d’aller haranguer les foules en expliquant aux gens quoi faire ou quoi penser, mais plutôt d’essayer de proposer une lecture du monde qui m’entoure avec un point de vue affirmé sur ce qui me tient en vie, ce qui me fait flipper, ce qui m’attire, m’intrigue ou m’émerveille. En tout cas je ne voulais pas servir de la quiche tiède.
Où l’avez-vous enregistré ? Avec qui ?
On a d’abord maquetté dans un studio près de chez nous, avec David Fontaine. Avec son aide, on a défini les morceaux plus précisément, on les a joués jusqu’à plus soif, afin d’être prêts à enchaîner sur le recording per se. On envoyait les maquettes au fur et à mesure à Pascal Mondaz avec qui nous avons ensuite enregistré dans le Massif Central. Il donnait des directions petit à petit. On connaissait et on aimait son boulot avec Murat et le Delano Orchestra sur Babel, ainsi qu’avec H-Burns, JC Satan, Petit Fantôme… On voulait l’album le plus live possible, on est un groupe bordel, c’est pas pour attendre son tour avec un ticket dans la cabine d’enregistrement, y a rien de plus chiant que ça. Quand t’es chanteur tu passes en dernier en plus, alors que bon, jouer, c’est plus fun à plusieurs, en général dans la vie, non ?
Et a-t-il été facile à enregistrer ?
Par conséquent, oui. Juin en Normandie, Juillet dans le Massif Central, un bel été, le grand air, on savait où on allait, ce qu’on voulait, on savait qu’on avait des putains de titres, et on savait qu’on allait s’amuser à jouer tout ça sur scène. Le monde de la musique est devenu tellement spécial que chaque album peut largement être le dernier, alors autant en profiter. Enfin c’est ce que je me suis dit sur le coup…
Ce disque parle de l’adolescence et évoque un mystérieux symbole géométrique.. La Maison Tellier ne tiendrait-elle pas son concept album
?
Peut-être pas dans le sens des gros bazars de rock prog 70s. J’ai toujours eu du mal avec les concept-albums, très souvent le concept bouffait le reste. Et Dieu sait que j’aime Pink Floyd mais parfois ça tombait dans l’auto-complaisance ces histoires. Et pour peu que le concept soit un peu naze… Le principe de base c’est quand même de proposer plusieurs bonnes chansons à la suite. Peut-être qu’aujourd’hui ça pourrait tenir lieu de concept remarque. Ce qui s’est passé ici, c’est que pas mal de chansons se répondaient dans les thèmes abordés. L’impression de concept vient peut-être du fait que le titre de l’album était là avant les chansons. Ça a servi de cadre, mais de manière lointaine et floue. « Primitifs Modernes », ça permet d’exprimer plein de choses, mais sans forcer le trait. Pas la peine de sortir les gros sabots, j’aime que les gens se racontent leurs histoires en écoutant nos chansons. Le symbole (la « Triple Enceinte »), on aura l’occasion d’en reparler. Il est apparu sur le tard, et pour plein plein de raisons, il matchait parfaitement avec des notions contenues dans les chansons, à commencer par celle de seuil, de passage.
Quelle est l’histoire de la chanson La Horde ?
Cette chanson est arrivée sur le tard, un peu en marge du reste de l’album. Partie d’un riff à mi-chemin entre un blues et un morceau de Depeche Mode, elle a véritablement pris forme aux studios ICP, à Bruxelles, lors d’une session d’écriture de Raoul et moi, en compagnie du songwriter Johannes Genard, du groupe School is Cool. Puis on l’a un peu mise de côté, j’ai longtemps yaourté dessus. Mais elle s’est agrippée, et Pascal Mondaz, réal’ de l’album, a renforcé la direction du morceau, l’utilisation de claviers basse notamment. Le texte a été achevé au moment de faire les prises, de telle sorte qu’il regroupe pas mal de thèmes de l’album et qu’il puisse être perçu comme une pierre de Rosette, une bonne porte d’entrée dans la caverne des Primitifs Modernes.
Et cette pochette… Qui l’a réalisée ? Pourquoi cette pochette et pas une autre ?
La pochette, c’est Jean-Luc Singerat qui l’a réalisée, avec le photographe Fred Margueron. Jean-Luc, c’est notre graphiste historique, il sait avant nous ce qu’on veut voir pour nous représenter. Il est comme nous : il est ambitieux dans ses projets, il a besoin d’injecter du sens. Quant à savoir pourquoi celle-là… Le clan dans son entier l’a vue et a jugé que cela était bon. C’est primitif et moderne. C’est humain et fragile. C’est nostalgique de notre futur. C’est la Maison Telllier.
Vous partez bientôt en tournée… Elles vont être faciles à jouer sur scène ces nouvelles chansons ?
Mieux que ça, elles vont être jouissives !
- Primitifs modernes
- Prima notte
- Chinatown
- Fin de race
- Je parle d'un pays
- Laissez-les dire
- Les apaches
- Ali
- La horde
- Tout est pardonné
- Les sentinelles