Au fond d’une ruelle de la rue Vieille du Temple, une carcasse de verre abîmée surplombe le passage de la Favela Chic. Des barrières et une petite meute de filles à talons aiguillées et robes de satin. Passé le porche, nous voilà plongé dans une autre époque et dans un autre hémisphère. 35 degrés, une décoration digne d’un bar cubain avec des vierges décolorées en plâtre, des bancs de bois, des vieux canapés défoncés en brocart…
Au fond du grand comptoir appâtant le client avec ses Mojitos et ses planteurs, une cuisine à cœur ouvert. Ici, on voit tout, et l’ambiance est conviviale, on se serre un peu et on s’assoie sur une des tables rondes ou un grand banc. Petite nappe carreau rouge et blanc.
La vente des calendriers se fait en arrière boutique, avant les vestiaires, les pinups se mêlent aux Nerds, ces beaux garçons à lunettes foncées et en gilet en laine, intello de service des années soixante.
Derrière les platines du Favela Chic, Peter from Austria, directeur de la boutique de Lomography à Paris (nldr ce petit appareil photo qui fait la nique au numérique et qui foisonne d’effets naïfs à l’argentique) et quelques uns de ses compères DJ. Les sautoirs et autres fioritures crochetés dans les coiffures de ces jouvencelles ont ainsi pu swinguer sur des vinyles des années folles. Quand la musique du Chicago de la Prohibition rencontre la déco brésilienne de la Favela, le choc des coutures plus que des cultures n’est pas loin : plus moyen de passer dans les allées sans récolter un coup de rein.
Vient enfin le concert des Cavaliers , un groupe parisien de surf music, oui oui ça existe ! A quoi bon se fatiguer avec des paroles quand l’instrumental fout déjà une sacrée claque, voilà ce que je me suis dit pendant la totalité du set. Alors oui, ça ne révolutionne pas l’histoire de la surf music, mais la foule se défoule et scotch sur les coups que la batterie reçoit. Un défouloir intense, une basse à la limite de la décence ! Quant à leur total look retro surf, avec des gilets noirs sur chemise blanche et cravate, et leurs cheveux gominés sur une fine moustache latino : Aïe caramba !
Les volants et pois blanc des robes virevoltent, la sauce de la soirée a pris comme une mayonnaise.