C’est la première fois, si je ne me trompe pas que tu publies des chansons en français… Comment s’est réalisé ce passage ?
Musset : Progressivement ! Je me souviens avoir eu un choc en découvrant l’album La Musique / La Matière de Dominique A, ça devait être en 2011 ou 2012, juste avant la sortie de Vers les lueurs. Des chansons comme Immortels ou Hasta que el cuerpo aguante semblaient s’adresser très directement à moi, et l’envie d’écrire en français, que j’avais perdue en commençant Revolver est revenue. Je n’écoutais plus de chanson française depuis mon adolescence, alors que mon enfance avait été très marquée par Goldman, Cabrel, Berger etc.
Discographie
Mussetwww.youtube.com/watch?v=XZpxoe5B9-o
En 2012, il y a aussi Holy Motors, de Carax avec la chanson de Manset, Revivre qui a été assez décisive pour moi. 2012, 2013, on tourne encore beaucoup avec Revolver, et puis je sens qu’il est temps d’arrêter, de quitter le groupe, de passer à autre chose. Je pars en Amérique du sud, aux Etats-Unis, au Canada, je reviens doucement vers la France, au pays basque où je reste quelques temps, et petit à petit je commence à écrire quelques chansons en français
Je crois me souvenir que tu avais donné des concerts solo en 2014. Nous sommes en 2019. Ces cinq années ont permis de faire éclore Orion ou les chansons étaient déjà présentes ?
En 2014 je travaillais sur un premier album en français qui n’a pas vu le jour parce que j’ai senti que ça n’était pas encore au point, qu’il fallait que je laisse encore un peu de temps et que je travaille pour peaufiner les chansons, chansons qui pour la plupart sont passé à la trappe. Mais Orion est restée, même si les paroles et la musique ont bien changé depuis. C’est sans doute la seule qui est restée de cette époque. J’ai fait d’autres choses, j’ai rencontré de nouvelles personnes, musiciens, auteur, éditeur, qui m’ont aidé à faire le tri et voir plus clairement ce que je voulais faire.
Combien de temps cela t’a pris pour enregistrer cet EP ? Quel est le meilleur souvenir lié à l’enregistrement de cet EP ?
J’ai fini d’écrire Aussi loin il y a un peu plus d’un an, mais je n’ai pas passé un an à enregistrer cet EP. Ça s’est fait par touches successives, en prenant le temps de trouver la bonne couleur, les bons arrangements. Les chansons sont très folk, très épurées, chaque partie jouée et chantée doit être la bonne… J’ai enregistré beaucoup de titres, nous en avons choisi quatre pour l’EP, les autres seront sur l’album à venir.
Je pense que mon meilleur souvenir ce sont deux séances de chant que j’avais faites chez moi, dans ma chambre, avec mon éditeur, qui est aussi co-auteur de la plupart des chansons. Le retour à la chambre, à l’intime a très bien fonctionné pour ces deux titres, j’avais la sensation de renouer aussi avec les débuts de Revolver, nos concerts en appartements, nos maquettes enregistrées sur nos lits.
Quelle est l’histoire de A L’Intérieur ? C’est ma chanson préférée d’Orion….
A l’intérieur, tout part de l’intro de guitare, très simple, que j’ai toujours eue en tête, et qui me vient d’une chanson de Bright Eyes, A Perfect Sonnet. Cette chanson m’avait bouleversé, adolescent, et j’y pense encore très très souvent.
J’ai commencé à l’écrire en anglais, pour le film d’un ami (Flesh Memory de Jacky Goldberg), ça s’appelait I Could Always See Myself Dying, mais j’avais déjà en tête autre chose pour la version française. Parler de ces rencontres qu’on fait au hasard, le soir, les longues marches nocturnes, l’espoir que peut-être on s’entende, que quelque chose se passe. On guette les gestes de l’autre, on cherche les points communs, et puis on repousse le moment de se quitter ou de passer à autre chose, on marche encore un peu, c’est tout ce qui compte. Et l’alcool et la nuit aidant, les masques tombent, on parle un peu plus à découvert, on se méfie moins des mots, des apparences. C’est la seule chanson où interviennent des éléments rythmiques, mon frère, Nico, à la batterie notamment, c’est sans doute la chanson la plus pop du disque.
D’ailleurs pourquoi ce nom Orion ?
Il y a quelques années j’étais dans un monastère bouddhiste qu’on m’avait recommandé, j’étais perdu et j’avais du mal à méditer, à faire partie de la vie de l’endroit, je ne me sentais pas connecté, et puis il y a eu un jeune homme de mon âge qui une nuit m’a montré dans le ciel des constellations. Je n’y connaissais pas grand chose, j’avais quelques souvenirs d’enfance, mais il m’a montré Orion, facilement repérable avec ses 3 points alignés (la Ceinture d’Orion) qui faisait un drôle d’écho avec un petit tatouage que j’ai au poignet. Me replonger dans les étoiles m’a fait un bien fou ! Je pense que lui a sans doute dû oublier ce moment, mais pour moi ça a été le début de quelque chose.
TOP 5 Musset
1) Le disque que tu attends le plus ?
Le prochain Sufjan Stevens.
2) Le groupe que personne ne te soupçonne d’écouter ?
Indochine.
3) Le groupe que tout le monde a écouté sauf toi ?
Les Rolling Stones.
4) Ta bande originale de film préférée ?
Under The Skin, musique incroyable composée par Mica Levi.
5) Le meilleur endroit sur terre pour faire un concert ?
Le Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, j’y ai vu Camille récemment, c’était encore une fois sublime.
Orion de Musset sera disponible le 27 avril 2019 chez Taktic Music.
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