Devendra Banhart & The Grogs paient leur tournée au Transbordeur

© Lauren Dukoff
En pleine fête des Lumières à Lyon le 7 décembre, Devendra Banhart, l'égérie chic des magazines branchouilles n'a brillé que par intermittence au Transbordeur.

Encensé par une certaine critique davantage friande de hype que de musique, adoubé par Nagui ou plutôt ses fiches, pote du gotha de la freak folk avec Cocorosie, Antony and the Johnsons, Vetiver, Beck, voir Gilberto Gil, chamane de luxe qui fait tomber la pluie et gronder le tonnerre selon son prénom hindou, Devendra se métamorphose peu à peu en Mika du folk faussement psyché qui fait se pâmer d’aise le premier rang et la communauté sud américaine de Lyon venue en nombre.

Le chanteur texan que l’on nous vend comme le renouveau du folk américain est accompagné de quatre musiciens baptisés The Grogs qui pousseront tous la chansonnette plus ou moins soporifiquement, seul le batteur à la voix rocailleuse à la Eddie Veder tirant son épingle du jeu. Bien sûr, l’ensemble n’est pas désagréable mais laisse un goût d’inachevé sur beaucoup de titres, les chansons s’égrènent, souvent se ressemblent, finissent parfois abruptement.

Discographie

Authentique insouciance ou fainéantise assumée ? Toute la première partie du concert est plutôt acoustique et intimiste, Devendra Banhart joue en partie son dernier album, What Will We Be, métissé, pléthorique voir bordélique qui vient de sortir chez Warner/Reprise, antique label fondé par The Voice, Franck Sinatra. Est-ce pour cela que Devendra se la joue crooner charmeur sur certains titres, singeant parfois le roi lézard Morrison en troquant son timbre stridulent qui ferait passer Julien Clerc pour Carruso pour une voix suave, onctueuse et séraphique ? Le hobo de Caracas enchaine alors les ritournelles légères et acidulées, Angelika et son break de salsa dans la langue de Cervantes, Baby et ses chœurs West Coast et ses guitares à la Vampire Weekend, Can’t help but smiling, bossa hagarde sous fumette, First song for B et son wurlitzer dépouillé et bouleversant, Carmencita et son refrain « la la la » remuage de popotin. Une reprise de Simon and Garfunkel, un hommage à un ami musicien de la précédente tournée décédé la veille : quand Devendra le cabotin laisse au vestiaire sa panoplie pailletée et ses colifichets de séducteur de jeunes filles en fleur, il redevient touchant et humain.
La suite du concert est plus électrique avec les musiciens qui prennent tour à tour le micro dont Rodrigo Amarante (qui forme avec le batteur des Strokes Fabrizio Moretti le groupe Little Joy), Devandra se fait bassiste et quitte le devant de la scène. Suivent des morceaux plus rythmés, 16th & Valencia Roxy Music se veut groovy, glam et dansant qui nous fait nous rappeler que Devendra a remixé Rome des frenchies de Phoenix, Rats et sa guitare suintante à la Led Zep et bien sûr l’obligatoire et régressif Feel like a child en rappel.

Étrange concert au final qui emporte l’adhésion, où la sincérité du bonhomme, ses échanges en français svp avec le public malgré une inattendue pudeur et retenue prennent le pas sur le rock FM à la Tom Petty ou le côté Paul Simon sous alcaloïdes.
Il est temps alors de quitter le Transbordeur sous le crachin mais avec le sourire, bien heureux d’avoir évité les hordes sudoripares et dé-ambulantes de touristes pseudo éclairés venant admirer les quelques lampions et lasers de la capitale des Gaules.

Date : 7 décembre 2009
crédit photo : Lauren Dukoff

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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