David Assaraf en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
J’ai eu le bonheur d’ouvrir pour Matthieu Chedid une dizaine de fois dans sa tournée actuelle (pour l’album Lettre Infinie). Il y a un morceau où je demande au public de participer vocalement afin de reproduire l’ambiance d’une nuit mystérieuse un peu Burtonienne. (Pour le morceau Papillons Bleus).
On peut donc entendre des chouettes, des chiens hurlants ou encore des criquets remplir l’espace sonore des zéniths ou autres salles de la tournée de -M-, et la sensation est à chaque fois unique au monde, une espèce de communion avec près de 6000 personnes alors que le morceau est plutôt intimiste… C’est troublant et enivrant…
Ces âmes mystérieuses deviennent comme je les appelle « L’Orchestre Symphonique de la Nuit ».
Récemment, en ouvrant à la Seine Musicale, une chouette particulièrement originale, nous a tous transportés et rapprochés dans le rire et l’étonnement… Vivre un tel instant d’échange, aussi intense que rare, reste un souvenir dans lequel je me plonge souvent… avec un sourire sans cesse retrouvé…
Ta rencontre marquante en tournée ?
Je reviens à nouveau sur cette tournée partagée avec -M- tant j’y ai vécu des moments uniques…
L’équipe qui accompagne Matthieu dans sa tournée est absolument incroyable…
Que ce soient la technique, la production, les costumes, la cantine, la sécurité, l’entourage, bref, tout l’équipage, j’ai éprouvé une admiration totale pour tous, ainsi qu’une reconnaissance infinie pour chacun d’eux…
J’y ai rencontré des êtres vraiment rares que j’aime profondément…
David Assaraf – Et que rien ne m’éveille
Ton anecdote dans le van ?
Il m’arrive d’être accompagné au violon par Fanny Castaing (qui joue également dans l’album et est aussi une excellente photographe) et lors de nos déplacements, il y a toujours ce moment où elle se contorsionne, dans la voiture qui nous mène au concert, afin de réaliser un selfie où elle cherche à apparaître avec une amorce de sa chaussure à talon au premier plan. Ce sont des poses mythiques dont j’ai eu la chance d’être le témoin.
Ton disque, Ceux qui dorment dans la poussière en quelques mots ?
C’est un hommage, aux morts et aux vivants, à ce qu’ils nous ont laissé, à ce qu’on laisse, à ce qu’on est grâce à eux, à leur mémoire que l’on prolonge… Je pense que c’est un album « religieux » si j’ose dire, mais au sens étymologique du terme, un album qui essaie de nous
« relier » un peu… Et puis c’est aussi une magnifique rencontre avec Ian Caple qui a été mon partenaire indispensable à la réalisation de cet album…
David Assaraf – Juré craché sur vos tombes
Ton prochain rêve ?
Caler les dates de mes collaborations à venir avec Thom Yorke et Fiona Apple avant de rejoindre Tom Waits au bar dans lequel on se partage le piano…
En écoute avec David Assaraf :
- Fiona Apple – I know
Je venais d’arriver à Paris quand l’album When the Pawn est sorti.
J’ai écouté ce titre en boucle pendant des mois et ne m’en lasse toujours pas aujourd’hui… Sa voix, ses mots me bouleversent… - Arthur H – Je rêve de toi
Avant d’écrire moi-même des chansons, c’est un morceau que je chantais souvent, notamment dans quelques piano-bars…
Simple et sublime… - Otis Reding – The dock of the bay
La chanson préférée de mon père, chanson dont je parle dans celle qui lui est dédiée : Et que rien ne m’éveille. - Radiohead – Like Spinning Plates (live)
Quelle beauté… Je suis un inconditionnel de ce groupe et de Thom Yorke en solo également… son dernier album Anima est sublime d’ailleurs… - Cassius – Feel Like Me (feat. Cat Power)
Ce morceau me met dans un état incroyable…
Une ivresse incontrôlable…
J’ai en partie enregistré mon album dans le studio de Philippe Zdar à Montmartre où j’habite également… Il a été d’une aide précieuse… Quel homme… J’ai toujours l’impression de le croiser dans le quartier. - Baccara – Yes Sir, I Can Boogie
Le morceau imparable qui me fait systématiquement danser… - Ritchie Valens – La Bamba
Enfant j’avais vu le film la Bamba sur le chanteur Ritchie Valens…
Je la chantais alors à chaque occasion, ce sont mes premiers souvenirs de scène en quelque sorte… - David Bowie – Five Years
Première découverte musicale…
Je venais d’appendre à lire et nous allions au Maroc en voiture découvrir où mon père avait grandi.
À une station service il y avait des cassettes à vendre, j’ai lu David sur une pochette et je me suis dit, tiens, comme moi!
Et là le choc dans mon Walkman… - Barbara – je serai douce
Parce que la grâce de Barbara…
et le sentiment qu’elle ne dit tout ça qu’à nous seuls… - Jacques Brel – Jojo
Chanson qui m’a longtemps accompagné…
Puis c’est le dernier album de Jacques, il se sait malade et quelle déclaration pour un être cher qui déjà n’est plus. - Joan as Police Woman – Forever and a Year
Ce morceau était diffusé sur Fip à la naissance de ma fille…
Je me vois encore avec elle dans mes bras, endormie, et ce morceau qui passe… à pleurer de beauté ! - Leonard Cohen – Famous Blue Raincoat
Mais c’est tout l’album en fait…
Songs of love and hate .
Si vous avez besoin de vacances, l’album idéal pour voyager dans des contrées humaines inexplorées… - Tom Waits – Tom Traubert’s Blues
J’ai finalisé l’album en Angleterre, à Eastbourne, station balnéaire du sud de l’Angleterre où de nombreuses personnes âgées viennent se reposer… J’avais un petit rituel, chaque matin j’écoutais l’album Azylum Years et je donnais une peu de cake aux oiseaux qui occupaient le long balcon d’un hôtel décati. - Nina Johansson – It’s not our time
La première fois que je réalise un titre et écris une partition pour violon. Je joue également le piano sur ce titre.
J’aime infiniment sa musique, elle me transporte littéralement. J’avais envie d’écrire quelque chose de minimaliste, que sa voix puisse pleinement s’exprimer…
Je pensais à Charles Ives, ses dissonances, je voulais une tension permanente, être sur le fil de la corde…
Plus d’informations sur la page facebook de David Assaraf ou sur son site.
David Assaraf - Ceux qui dorment dans la poussière