Il y a des artistes que l’on ne quitte pas. Des artistes qui ravivent des souvenirs personnels, un concert privé after show dans le salon lounge d’un hôtel chic du vieux Lyon lors de la tournée Engelberg ou encore cette version magique de son déjeuner en paix filmé par Jeremiah pour la pionnière Blogothèque dans les cuisines d’un hôtel de Crans-Montana. Son dernier album, L’envolée remontait à déjà sept ans, mais on avait suivi son aventure en chef d’orchestre d’automates, ses concerts festifs et humains avec les 12 fadas cuivrés de la fanfare du Traktorkestar ou encore son doux duo avec Frédéric Lo sur Cet obscur objet du désir. Franc tireur, sur son nouvel album il ose cinq titres dans son dialecte bernois guttural avec parfois de l’autotune. Certains titres font moins d’une minute d’autres plus de six pour un disque apaisé et apaisant. Car il est libre Eicher, à la fin de l’envoi, il touche comme sur ce titre magnifique, la fête est fini avec Axelle Red et Miossec. De ritournelles en valses, d’haïkus en émotions, il se livre et nous délivre ses « petits cailloux », c’est doux, généreux et bienveillant. D’habitude, on n’aime pas trop citer le dossier de presse mais lisez le texte ci-dessous écrit par l’artiste qui raconte la genèse de ces Homeless Songs magnifiées par le regard troublé de Greta Garbo, oeuvre de l’artiste contemporain Gregory Debrandt. Et c’est l’auditeur qui est troublé, touché, chamboulé.
Stephan Eicher sera en tournée et en concert le 28 novembre au Radiant-Bellevue à Caluire près de Lyon.
Discographie
Stephan EicherStephan Eicher – Si tu veux (Que je chante)
« Durant les années de blocage avec mon ancien label, j’ai continué d’écrire et enregistrer des chansons. Réfléchir, chercher, écrire, enregistrer : c’est ce que je fais de mes journées quand je ne voyage pas pour chanter devant un public. Cette période était difficile à vivre mais elle portait en elle un élément libérateur. Je me posais la question : comment sonne une chanson sans l’empreinte de l’autocensure ? Cette autocensure que je retrouve chez beaucoup de musiciens, et que je commençais à percevoir chez moi aussi ? La chanson doit plaire, on veut plaire, sans réfléchir, en acceptant un format imposé, on ne sait plus vraiment par qui ou pourquoi.
Les 45 tours nous ont apporté les chansons directes sans ‘chichi’, en format 3 minutes. 2 chansons séparées par des faces A et des faces B, parce que le support le demandait. Chuck Berry, Billie Holiday, Elvis, Nat King Cole : les radios ont adoré.
Les 33 tours nous ont amené les « storytellers ». 30 minutes divisées par 3 minutes par chanson. Encore une fois séparées par un geste physique, le disque doit être retourné… « L’album » était né et apportait des chefs d’œuvres : Blond On Blond, Sgt Peppers, Blue, Kind of Blue, What’s Going On… Et puis dans un bureau au Japon, un directeur d’une monumentale industrie du divertissement a demandé à ses inventeurs de lui créer un format qui pouvait comporter la 9e symphonie de Beethoven, sans tourner le disque, sans craquement. Le CD, avec ses 74 minutes, apparaissait. Ces 74 minutes existantes, nous ont amené des concepts mais aussi le début d’une séparation entre la musique et les paroles. D’un côté tous ces enfants de Satie : Enaudi, Eno, Oldfield, Nils Frahm, ou la techno, sans paroles. De l’autre, le rap. Au centre, l’attitude et les paroles, Grand Master Flash, Bone Thugs And Harmony, Busta Rhymes… (je ne suis plus si jeune ;)
Ces 2 tendances avec leurs ouvertures, leurs interludes, les pistes cachées… Et aujourd’hui, le streaming qui est en train d’établir un nouveau format. Serait-ce la playlist ? Des chansons pleines de saccharine, très courtes avec des fins frustrantes pour que l’auditeur retrouve encore une fois le « hit » pour accumuler des streams ? Je ne sais pas… je reste curieux… mais entre temps : je me suis posé des questions : « Comment sonne une chanson sans les contraintes de durée ou de formatage pour les radios ? Sans que se posent les questions du genre « le refrain est-il suffisamment répété pour que ça accroche ? ».
J’ai remplacé ces contraintes par une modeste radicalité, en me posant d’autres questions : « A quoi ressemble une chanson porteuse d’une simple expression ou émotion ? » ; « Quand ai-je dis ce que j’ai à dire ? » ;« Et si j’ai envie de prendre le temps de tourner autour du pot » ; « Dans quel costume sonore ? ». Ou, selon la formule surréaliste du musicien et producteur Martin Gallop : « Comment sonne un chef-d’œuvre d’humilité ? ».
J’ai appelé ce recueil de chansons « Homeless Songs » … Homeless, car ces chansons ne me semblent pas avoir leur place dans l’industrie musicale actuelle. Elles habitent ailleurs. Elles dorment dehors. Ce qui n’est nullement péjoratif à mes yeux, bien au contraire. Ces chansons sont de petits cailloux. De petits cailloux ramassés par un enfant au bord de la rivière. Pour un adulte, impossible de comprendre ce qui a guidé le choix de l’enfant. Était-ce la fraîcheur agréable de la pierre ? Un petit motif sur sa surface ? Une forme bizarre ou amusante ? Le hasard ? Maintenant, tout ce que ces chansons peuvent souhaiter, c’est d’être entendues ; ce filet d’attention qui relie brièvement l’auditeur à la chanson, et à travers celle-ci, à moi et mes musiciens. Nous avons pris du plaisir à soigner ces instants de musique pour créer un moment de détente, un espace confortable, le temps d’une petite rêverie. Ou le top du top : pour susciter le sentiment d’être embrassé par la chanson. Ce serait merveilleux tant pour moi que pour les excellents musiciens qui m’entourent sur ce disque et cette tournée. »
Stephan Eicher
Camargue printemps 2019
Si tu veux que je chante ne sois pas infidèle
Ne me crois pas si fort, ne me crois pas si faibleQue je puisse accepter la brûlure et le froid
Sans perdre le sourire, sans perdre la voixSi tu veux que j’entende sois désormais plus claire
Ne me roule plus dans rien, ne brouille plus mes repères
Sous peine de relancer les ‘comment’ les ‘pourquoi’
Qui font perdre patience, qui font perdre la foiInutile de me tendre une impatiente oreille
Le goût de toi me manque mais rien ne se réveille
Les paroles ne viennent plus, la musique n’est plus là
Comme sec est mon cœur, comme sec sont mes brasSi tu veux que je chante, si tu veux que je chante
Les paroles ne viennent plus la musique n’est plus là
Comme sec est mon cœur, comme sec sont mes bras
Stephan Eicher - Homeless Songs
- Si tu veux (que je chante)
- Homeless song
- Prisonnière
- Niene dehei
- Je n'attendrai pas
- Monsieur - je ne sais pas trop
- Broken
- Gang nid eso
- Haiku - papillons
- Né un ver
- Toi et ce monde
- Still
- La fête est finie
- Wie einem der gewissheit hat
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