Du pelliculage de la couverture au grammage du papier, du choix des interviews à la mise en page, tout est réuni pour faire d’Ultime : Léonard Cohen interviews et conversations, un magnifique objet.
Débutant en 1965 avec une interview de Don Owen et Donald Brittain et se clôturant avec un entretien signé Frédéric Vandecasserie de 2016, on voyage dans le temps et on (re)découvre Cohen à travers son rapport à l’écriture, sa judaïté, les femmes ou le monde de l’industrie musicale.
Et surtout, on retrouve dans ces pages les deux interviews menées pour Les Inrockuptibles en 1988 (Jours de Grâce) et 1991 (Beautiful Loser). Entretiens passionnants qui rendent Cohen encore plus passionnants.
Extrait (qu’on peut lire en réécoutant I’m Your Fan, la compilation de reprises publiée en 1991)
Pixies – I Can’t Forget
Discographie
Leonard CohenChristian Fevret : Je pensais pourtant que vous étiez considéré comme une star.
Leonard Cohen : Comme une toute petite star, oui, j’avais de très bonnes critiques dans les journaux, du New York Times aux petits magazines de poésie, mais j’ai vendu trois mille exemplaires de Beautiful losers en Amérique, et peut-être un millier au Canada. Quand à The Favourite game, quelques centaines au Canada et un millier en Amérique. J’étais conscient du fait que je n’avais pas d’argent. Je pensais aller à Nashville, faire un disque de country-western et ainsi résoudre mon problème financier. Sur le chemin de Nashville, je suis passé par New York. Je ne savais pas ce qui se passait en Amérique, je n’avais aucun contact avec l’Amérique depuis longtemps. C’est alors que j’ai entendu parler pour la première fois de Joan Baez, Bob Dylan, Judy Collins, Phil Ochs, Tim Buckley Lorsque j’ai débarqué à New York, j’ai réalisé qu’il se passait là autre chose et que Nashville n’était pas l’endroit où aller. Il fallait être à New York. Je suis donc retourné à Montréal et j’ai commencé à vraiment écrire des chansons. Je faisais l’aller-retour entre New York en Montréal, je jouais mes morceaux à des gens, je voulais rencontrer des gens, je voulais faire partie de quelque chose. Je n’y suis jamais parvenu. La plupart du temps, je me retrouvais seul dans la ville. Et si quelque chose a eu lieu, je ne l’ai jamais découvert. De temps à autre, je tombais sur quelqu’un dans un club, Bob Dylan, Phil Ochs ou Joni Mitchell, j’en ai connu certains plus intimement. Mais c’était principalement une situation solitaire pour moi, je ne faisais partie d’aucun groupe.
Par l’intermédiaire d’une amie, Mary Martin, j’ai connu Judy Collins. Je suis allé chez elle, je lui ai chanté quelques chansons qui ne l’intéressaient pas, elle m a dit « Rappelez-moi si vous avez quelque chose que je pourrais aimer. » Plusieurs mois plus tard, après avoir fini Suzanne, je l’ai appelée de Montréal et lui ai chantée au téléphone. Elle voulait la chanter immédiatement. Mary Martin, qui était devenue ma manageuse , a téléphoné à John Hammond, qui connaissait l’enregistrement de Judy Collins. Il m a emmené déjeuner près du Chelsea Hotel, puis m a demandé de lui jouer quelques airs. Il a dit You got it !?, je pouvais commencer à enregistrer un disque. C’était une époque très accueillante pour les chanteurs-songwriters, les maisons de disques en cherchaient. On avait beaucoup d’indulgence pour le chant Moi, je chantais un peu plus mal encore que les autres, mais ce n’était pas un obstacle. Beaucoup plus tard, après le festival de Newport, j’ai dit à mon avocat Ecoute, Marty, je ne sais pas chanter, je sais maintenant que je ne peux pas chanter.? Il a répondu Mais aucun de vous ne sait chanter ! Lorsque je veux entendre des chanteurs, je vais au Metropolitan Opera (rires) ?
Thanks For The Dance de Leonard Cohen sera disponible le 22 novembre 2019 chez Columbia/Sony.
Ultime : Léonard Cohen interviews et conversations des éditions Nova est disponible dans toutes les bonnes librairies et sur le net.
- Happens To The Heart
- Moving On
- The Night Of Santiago
- Thanks For The Dance
- It's Torn
- The Goal
- Puppets
- The Hills
- Listen To The Hummingbird