Stan Mathis en cinq questions
Ton souvenir de concert ?
Je viens de la scène rock, à une époque où c’était encore le genre dominant. J’ai donc beaucoup de souvenirs avant tout liés à l’ambiance, à l’excitation du public, à cette relation très organique que peut donner un riff de guitare ou l’assise d’un bass/batterie. La chose qui revient en permanence en pensant à cela, c’est la sensation de force et de sérénité au milieu du tumulte : ça fait du bruit partout, sur scène, dans le public, et toi, tu es là, au milieu, avec les musiciens, tu tiens la baraque. C’est génial de ressentir cela.
Le lieu où on l’a le plus ressenti ? le Transbo-club, à Lyon, en 2016.
Discographie
Stan MathisTa rencontre marquante en tournée ?
Johan Putet ! Parallèlement à ses activités de musicien (Octavio Mai, Big Junior), je l’ai sollicité il y a un an pour la réalisation de cet album, notamment pour la puissance de ses prods, sa touche électro et son talent. Nous avons enregistré en vase clos, uniquement nous deux, tous instruments et arrangements, en déconstruisant mes références pour créer un univers nouveau, ce qui m’a permis de remettre en question mes certitudes et de confirmer qu’on fait ce beau métier pour cela : reproduire à l’infini des parcours d’équilibristes.
Ton anecdote dans le van ?
Ah je suis très mauvais pour ça ! C’est plutôt un ensemble de souvenirs liés au temps passé entre musiciens, des heures à bouffer de la route, du temps passé en studio à creuser des heures pour un passage de 4 secondes, mais peut-être plus encore, ces moments de décompression, où on mange un sandwich entre deux prises, où on se retrouve à partager un café sur une aire d’autoroute à 8h du matin, et où on est juste heureux de vivre ces instants improbables ensemble.
Ton nouvel album en quelques mots ?
Musicalement : électro-rock, compact, inattendu. Surtout par rapport à ce que je faisais avant ! Thématiquement, il est question de l’identité, et plus précisément de ses déformations liées à nos modes de vie contemporains : l’isolement au sein des grands ensembles urbains, la pression sociale, les dominations de genre, les dérives futiles, tout ce qui tente de souffler le feu intérieur qui nous pousse encore à désirer malgré ces constats un peu moroses.
Ton prochain rêve ?
Partir en tournée pour défendre ce nouveau projet, seul sur scène, avec un live envisagé comme un spectacle, au sens où il n’y aura pas qu’un chanteur avec ses chansons, mais de la mise en scène, des effets de lumières, des projections. Voir comment je vais le vivre, comment je vais l’incarner, comment le public va recevoir cette nouvelle proposition. Pas vraiment un rêve en fait ! Juste constater si ce que j’imagine maintenant va devenir une belle réalité !
Stan Mathis – A l’intérieur
En écoute avec Stan Mathis
- Tame Impala – Let It Happen
Titre écouté en boucle pendant toutes les séances de pré-production avec Johan Putet. Arrangements magistraux conciliant énergie vintage et trouvailles électro-pop. Et ce break répétitif au milieu du morceau… - The Weeknd feat. Gesaffelstein – I Was Never There
Association étonnante entre deux génies de la prod moderne. Un titre fluide et obsédant, parfaite inspiration pour l’instauration de climats, d’atmosphères dans certaines chansons de mon album. - David Bowie – I’m Deranged
Issu d’un album un peu ‘maudit’ (Outside) , cette chanson apparaît aussi au générique de Lost Highway, grosse inspiration de mes nouvelles chansons. Bowie et sa capacité à trouver des lignes de failles mélodiques et interprétatives…. - Octavio Mai – Rêveries
Extrait de leur premier EP produit par Sage. Implacable de feeling pop et de constructions subtiles en arrière plan. - Joe Bel – In the Morning
La reine ! Fluide, évidente, lumineuse. Tout ce qu’elle écrit et chante a ce goût délicat. J’ai l’immense chance de partager un duo avec elle sur l’album de reprises, hommage à Hubert Mounier (chanteur de l’Affaire Louis’ Trio) qui sortira en novembre prochain. - Kelly Jones – Jayne
Ma voix préférée ! Le chanteur des Stéréophonics a sorti il y a 12 ans un incroyable album solo, radical et tendu, dont cette balade morbide est pour moi le sommet. - Last Train – The Big picture
Nouvel album de ce combo, avec cette incroyable chanson de 10 minutes qui n’a pas peur de renouer avec les racines blues et rock. Des guitares, de l’impact. Puissant. - Kavinsky – Nightcall
Un classique, pour la BO de Drive. Encore un univers atmosphérique, ambigu, qui en dit plus que ce qu’il semble exprimer. Une forte influence de mon album. - Trent Reznor – Driver’s down
Lui aussi aime les climats ambigus, distendus. Avec cette énergie caractéristique d’un rock radical et indépendant. Un grand « producer ». A collaboré avec Lynch, toujours les mêmes influences ! - Jeff Buckley – Nightmares By The Sea
L’icône maudite des 90’s. J’adore ce « faux » deuxième album, sorti après sa mort accidentelle. On sent un parfum de maladresse et de mélancolie terrible, les hésitations, la fragilité. Un superbe artiste.
Plexus solaire de Stan Mathis est disponible.
Stan Mathis sera en concert avec Octavio Mai le jeudi 21 novembre au Club du Radiant-Bellevue (Caluire) et le jeudi 19 décembre au Groom à Lyon avec Nära. Le concert hommage à Hubert Mounier aura lieu le 5 novembre au Transbordeur à Lyon