Tout est permis quand on s’installe dans la Cité des Anges. Les pires cauchemars comme les plus beaux rêves. En 1980, David Arnoff ne sait pas encore qu’il va réaliser le sien. En shootant les Cramps pour leur premier album, David Arnoff débute une carrière de photographe qui va l’ammener à travailler avec Nick Cave, Gun Club ou encore Damned. Trois mois après la parution de London Calling des Clash, les Cramps roulent à toute blinde et doublent par la droite les derniers sceptiques avec des morceaux comme Sunglasses After Dark et The Mad Daddy.
A la fin de l’année 1979, les Cramps ne savent pas encore qu’ils vont impressionner tout le monde avec leur premier album. En 1979, ils sont avec les Clash le meilleur groupe du monde. Joe Strummer le sait avec la parution de London Calling et le succès qui s’ensuit. Au même moment, les Cramps ne sont connus que par une poignée de fanatiques. Dans quelques mois, la donne va changer. C’est à ce moment que David Arnoff croise leur route.
Tu as rencontré les Cramps après un concert. Quel était ton état d’esprit lors de cette première rencontre ?
David Arnoff : Oui, je les ai rencontrés après l’un de leurs premiers concerts au Whisky a Go Go. Je suis devenu fan dès que je les ai vus. Ils avaient un look super et étaient amusants et surtout très différents de tous les autres groupes.
Quel âge avais-tu ?
Près de 30, je pense. Nous nous sommes rencontrés et nous sommes rapidement retrouvés pour faire des photos après ce fameux concert au Whisky a Go Go. J’étais donc assez à l’aise avec eux.
Où as-tu pris la photographie qui a été utilisée pour la pochette de Songs The Lord Taught Us ? Dans un bureau vide…
C’est exact. On a trouvé un bureau vide juste au coin de la rue où se situait Peaches, le magasin de disques que je gérais sur Hollywood Boulevard. Je voulais un espace où personne ne nous dérangerait. Je n’ai jamais eu à proprement parlé de studio. Ma petite amie d’alors travaillait dans le Cherokee Building et avait les clefs alors nous sommes entrés et nous avons trouvé un bureau vide. J’ai apporté un drap noir pour faire un fond et quelques spots très grossiers juste au cas où… Mais nous ne les avons pas utilisés. Tu peux d’ailleurs apercevoir le magasin Peaches sur cette photographie. Les Cramps et moi étions dans une de ces fenêtres à gauche, au-dessus du magasin de jouets.
Quel appareil as-tu utilisé ? Et quel type de pellicule ? ?
J’ai utilisé un Canon avec de la pellicule Ilford HP5 ou de la Trix de chez Kodak. Pour la couleur… Je ne m’en rappelle pas. Mais il s’agit d’une pellicule pour diapositives.
The Cramps – Rock On The Moon
Comment s’est déroulé ce shooting ? Combien de temps cela vous a pris ?
J’étais au départ assez nerveux. J’adorais le groupe ; les prendre en photo comptait beaucoup pour moi. De surcroît, il s’agissait de ma première commande pour une pochette. C’était donc très important. De plus, je travaillais très peu avec des pellicules couleurs et j’utilisais très peu les spots. Je n’étais donc vraiment pas dans mon élément. Mais j’étais ravi que le groupe m’ait choisi pour le poste et leur confiance m’a beaucoup aidé.
Je ne pense pas que nous ayons passé plus d’une heure ou une heure et demie là-haut.
C’était facile de travailler avec les Cramps ? Tu les as un peu dirigés pendant le shooting ?
C’était très facile et très amusant parce que nous nous entendions tous très bien. Et si on oublie mon stress… J’ai fait des suggestions générales simples sur le positionnement et la façon de regarder, juste des trucs de base, tous assez improvisés. Ils étaient merveilleux à photographier parce qu’ils étaient le groupe le plus cool au monde, même s’ils ne le savaient pas. Lorsque je prenais la photo qui était utilisée sur la couverture arrière, Ivy a demandé: « Est-ce que je n’ai pas l’air trop bête ? ». Comme si elle pouvait avoir l’air bête…
Tu as été satisfait du résultat ? Qui a choisi les clichés pour l’artwork du disque ?
Quelques jours plus tard, j’étais à nouveau nerveux en me demandant quelles photos pourraient être choisies par le groupe. J’ai fait une marque sur tous les tirages monochromes qui avaient ma préférence. J’ai ensuite fait une pile avec les diapositives que j’aimais. J’ai fait une autre pile avec les diapositives que je rejetais. J’avais envie de colorier à la main un plan noir et blanc à la main avec des peintures à l’huile, quelque chose que j’aimais à l’époque, et c’était l’un de mes clichés préférés de la session. A un moment Lux a demandé à voir la pile des diapositives que j’avais rejetées. Je me suis résolu à les lui montrer. La photographie de la pochette vient de cette pile. Elle est bien plus large. Le cadrage est plus grand. Il a fallu la réduire de 75% d’où son grain. Donc, en réponse à ta question, non, je n’ai pas aimé la photo. Au départ… Lux, puis Ivy, l’ont choisie et je leur en suis très reconnaissant.
The Cramps - Songs The Lord Taught Us
Songs The Lord Taught Us des Cramps est disponible chez I.R.S. Records et chez Zonophone.
Les photographies de cet article de David Arnoff et sont sa propriété.
- Tv Set
- Rock On The Moon
- Garbage Man
- I Was A Teenage Werewolf
- Sunglasses After Dark
- The Mad Daddy
- Mystery Plane
- Zombie Dance
- What's Behind The Mask?
- Strychnine
- I'm Cramped
- Tear It Up
- Fever
You met The Cramps after a gig… You was a fan of The Cramps ? What were your feeling during this first meeting ? How old were you ?
Yes, I met them after one of their first shows at the Whisky and became a fan as soon as I saw them. They looked great and were a lot of fun, very different from all the other bands.
How old?
Nearly 30, I think. We met up and drove around taking pictures shortly after the Whisky gigs one day so I was quite comfortable with them before the album cover came up.
Where did you shoot the picture used for the front cover ? In an empty office in Cherokee ? Why ?
That’s right, an empty office just round the corner from, Peaches, the record shop I managed on Hollywood Bl. I wanted a space where we wouldn’t be disturbed by anyone, somewhere private, but I never had a studio. My then-girlfriend worked in the Cherokee Building and had a key so we just went in and found an empty office. I brought along a black bed-sheet for a background and some very crude lights just in case, but those shots didn’t get used.
You can see Peaches in this shot. The Cramps and I were up in one of those windows to the left, above the toy shop. We all had a good look at the Supply Sergeant sign at one point.
Which material did you use (camera/film) ?
Canon camera, Ilford hp 5 film, or maybe Kodak Tri-ex. I honestly don’t recall what the colour film was other than that it was transparencies, not negatives.
How easy was this shooting ? How did long it take you ?
I was initially fairly nervous because if this worked out it would be my first album cover and I loved the band so it really meant a lot to me. Plus I’d never shot colour before (and rarely since), nor had I worked with artificial lighting, so I was well out of my element. But I was thrilled that the band had chosen me for the job and their confidence helped a lot.
I don’t think we spent more than an hour or an hour and a half up there.
How easy to work with The Cramps ? Did you give some orders at the band ?
So initial nerves aside, it was dead easy and a lot of fun because we all got on really well. I made simple general suggestions about positioning and which way to look, just basic stuff, all quite improvised. They were wonderful to photograph because they were the coolest looking band in the world, even if they didn’t necessarily realise it. When I was taking the shot that was used on the back cover Ivy actually asked, « Does this look dumb? », which was hilarious. As if she could ever look dumb.
Did you love the pictures shooted with the band ? Who did the choice for the artwork record ?
A couple of days later I was nervous all over again wondering which photos they might choose, if any. I marked all my favourite black & white shots on the proofs and made a stack of slides I considered possibilities, separate from the ones I’d rejected.I had it mind to hand-colour a black & white shot by hand with oil paints, something I was into at the time, and this was one of my favourite shots from the session.
But at one point Lux said, « What are those? », indicating the reject pile so I had to let him look at those. And that’s where the cover came from, the reject pile. The original image was full-length, so,we had to cut it down by 75% to make it square, which made it even grainier than it was in the first place.
So in answer to your question, no, I did not love the picture at first. Lux, and then Ivy, chose it and I’m very grateful that they did.