Damny
Le talk-over a ceci d’effrayant : il a le pouvoir de vous parler au creux de l’âme.
Souvenez-vous du meilleur de Tricky, des grands morceaux de Gainsbourg, et de leurs voix, se livrant jusqu’au malaise. Songez à Daniel Darc. Puis songez à Tricky, à nouveau, pour ce timbre démoniaque, qui trouve sa voix quand vous perdez la vôtre.
Discographie
La PhazeStop.
Vous y êtes.
Damny vous parle de cortex à cortex, comme un ange damné pleurant des larmes sêches.
L’argument hip hop, les guitares, les nappes sombres, tout n’est n’est ici que prétexte, tordu jusqu’à convoquer les angoisses du« Pornography » de The Cure, l’étalon de mesure des albums sans issues.
La Phaze est l’explosion. Damny livre une implosion en bonne et due forme. L’objet sonore est terrifiant. Ici, tout vous susurre à l’oreille et le son vous prend à la gorge pour mieux vous étouffer.
« Ecoute cette voix, c’est la tienne. » scande la mélopée. Et Damny devient votre Doppleganger. Celui qui vous dit ce que vous n’auriez pas souhaité entendre. Celui que vous ne voulez pas croiser dans le miroir.
Mauvais présage.
Par delà ce miroir, tout n’est que noirceur, oppressante. Le voyage proposé par Damny n’est pas de ceux dont l’on revient indemne.
Vérifiez vos vaccins, vous n’êtes pas chez Delerm. Ici, le confortable pull d’automne que l’on aime à porter est brûlé dans un accès de folie nihiliste, et la première gorgée de bière ne sert qu’à faire passer quelques Valiums. Pour la descente.
A l’heure où Arnaud Fleurent-Didier voudrait nous faire croire qu’il réinvente la chanson en français, l’album de Damny vient trafiquer les pendules pour les remettre à l’heure. Et l’heure n’est pas à France-Culture. L’heure est au voyage intérieur destination néant. « In the heart of darkness » écrivait Conrad.
« Damny » grand album éponyme et malade, ne relâche jamais la pression, pour mieux vous emmener « Au bout ». « Au bout », l’instrumental qui conclue l’affaire. « Au bout », et il n’y a plus rien.
Rien que vous face à vous même.
Et pour la première fois vous remarquez la fêlure dans le miroir.
Sortie : 25/01/2009
Ha yep, oeil de lynx. Thanx !
Damny a beau répéter 2 fois dans l’interview « l’album sort en janvier 2010″… c’est marqué 25/01/2009 en bas :)