Les Yeasayer débutent par ‘The Children‘ avec le temps qui s’égrène, lentement mais inexorablement, les enfants étant effectivement le symbole flagrant du temps qui passe. On enchaine avec le single, ‘Ambling Alp‘ qui démarre avec le clapoti de l’eau, vite remplacé par une descente de tom énergisante. Les paroles ont aussi un effet remontant, protecteur mais responsabilisant à la fois. Le tout me donne envie de danser tout en me laissant aller.
‘Madder Red‘ me fait voyager, surement les harmonies avec les percussions, mais je me sens dériver un fleuve d’Indochine ; cela dit, ils parlent de partir à la chercher d’autres horizons plus procipes. Les paroles sont déchirantes : ‘It’s getting hard to keep pretending i’m worth your time’. On part ensuite sur la nostalgie à proprement parler avec ‘I remember’, un son très électronique et la voix si particulière de Chris à laquelle Anand fait référence lors de l’interview nous porte vers des souvenirs qui ne nous appartiennent pas mais paraissent familiers.
Discographie
YeasayerLe paroxysme de l’album est atteint sur les deux chansons suivantes : ‘O.N.E‘ débarque sans que l’on s’y attende et me fait tournoyer : je suis accroc à cette chanson ! Et mon ressenti était juste, Anand m’a confirmé que la chanson parle de drogue : une bataille sans cesse renouvelée, où on hésite entre le désir de se libérer de l’emprise et celui d’y succomber une fois de plus. Cette chanson est donc positive, même si encore fragile. Ma préférée de l’album la talonne : ‘Love Me Girl’ monte lentement et les battements de cœur s’accélèrent. Les cris d’oiseaux tropicaux se rajoutent au décor et brusquement le rideau se déchire, une supplication dans la voix traduisant une angoisse qui oppresse au point de ne plus pouvoir respirer.
Un rythme entraînant dès le début, ‘Rome‘ et ses percus nous emmènent dans une danse qui nous laissera dégoulinants de sueur et éreintés mais un sourire aux lèves. Ma seule déception de l’album sera sur ‘Strange Reunions‘, qui me paraît moins approfondie. ‘Mondegreen‘ se cherche, tente plusieurs rythmes, jusqu’à trouver le bon, qui accélère subrepticement… On est en plein cœur de l’acte : ‘Making love till the morning light’. L’album finit sur ‘Grizelda’, et on repart en voyage, mais plus en rêve, derrière une brume opaque, au milieu de la jungle.
Cet album, tel un manège, me prend, me soulève et me repose doucement tout en me donnant envie d’y retourner. Très introspectif, il arrive à merveille à faire ressortir des sentiments si difficiles à exprimer.
L’album Odd Blood est déjà sorti, je ne saurais vous le recommander plus chaleureusement. Ils seront aussi le 19 mars au Trabendo – concert que je ne veux louper sous aucun prétexte!