Le plus gros festival de Jazz de la région après celui de Vienne qui accueille cette année quelques ‘fils de’ comme Ravi Coltrane (le 25 mars) ou David Reinhart avec l’inévitable Thomas Dutronc (le 27 mars) organisait en partenariat avec les Nuits Sonores (qui se dérouleront du du 12 au 16 mai), une soirée électro avec au programme le lauréat du Tremplin Musiques Actuelles Amplifiées de la MJC de Vaulx-en-Velin, Deadwood, le parisien Rone dont le premier album, « Spanish Breakfast », paraît en mars 2009 chez InFiné Music et le trio cosmopolite virtuose Aufgang dont le premier album a séduit les amateurs comme les béotiens.
Deadwood
Deadwood fait du bruit, beaucoup de bruit mais ne chante pas avec un batteur marteleur d’enclume muet et un guitariste qui doit avoir des ampoules aux doigts à force de branler du manche et qui passe des samples. C’est assez répétitif, à tendance lourdement hypnotique et industrielle, chaotique et saturée, pas loin de Rage Against The Machine.
Rone
Après ces vrombissements dodécacophoniques, Rone apaise avec une musique d’ambiance synthétique qui serait soporifique si elle n’était pas agrémentée d’un saxophone soprano virevoltant invité pour l’occasion qui donne un peu de vie à cette musique planante et aseptisée qui est parfaite pour de l’illustration sonore comme sur cette collaboration sur ce film d’animation réalisé par Vladimir Mavounia-Kouka :
Aufgang
Mais quand le gang Aufgang déboule, on passe à la vitesse supérieure. Pendant que les profanes s’étonnent de la formation atypique avec deux pianos à queue cernant une batterie minimaliste, les fans se rapprochent de la scène pour mieux capter l’énergie du trio franco-italo-libanais Aymeric, Francesco et Rami. Dommage que la scène soit trop haute ou que le lieu ressemble plus à la salle des pas perdus d’une gare à l’est de Bucarest à 12h08. Il aurait été judicieux de placer les trois compères au centre, ceinturé par le public ici trop clairsemé.
Mais le groupe emporte l’adhésion dès les premiers rythmes de Channel 7 où la batterie métronomique d’Aymeric guide le mano à mano pianistique. On reconnait Barock, Sonar et Trois vitesses et l’on ferme les yeux, emporté par cette maestria sonore. Une petite pause permet comme souvent à Rami de prendre la parole quelques instants pour présenter ses compères globe trotters. Et ils enchainent sur le langoureux Prélude du passé qui vous enveloppe avec sa mélancolie doucereuse. Good génération transforme la MJC en dance floor Barcelonais pendant le festival Sonar et l’enchainement d’Aufgang avec les cliquetis menaçant de Soumission et les bras de Rami et Francesco hâpés par leurs pianos machines béantes finissent de mettre en transe un public conquis. Ils nous confiaient peu avant la performance qu’ils ne voyagent pas avec leurs propres instruments mais ils nous ont fait assurément voyager sans bouger lors de ce happening musical, les pianos volaient hier soir en formation serrée autour de leur commandement de bord à la baguette éjectable.