De l’éjaculation musicale. A l’aise, Gisèle cisèle ses petits haïkus mélodieux dans un EP plantureux de neuf titres pendant que d’autres besogneux sortent péniblement des titres surproduits pour attirer le chaland. Elle réussit à nous attendrir avec ses textes bancals, ses mélodies claudicantes et comptinesques pour des titres au final parfaits pour renouer avec la bamboche cathartique. Ces chansons auxquelles on dit oui sont des petits cailloux précieux et dérisoires qui affleurent le lit de nos rivières personnelles, des bouffées d’air qui prennent en otage nos poumons en solitude avec leur distorsion harmonique. On écoute en boucle l’injonctif Je vais mieux, tube programmatique à écouter chaque matin, vaccin contre le vague à l’âme qui parfois nous submerge. On attend la fin du monde avec une douce sérénité en relisant Fuir de Jean-Philippe Toussaint, « je percevais le monde comme si j’étais en décalage horaire permanent, avec une légère distorsion dans l’ordre du réel, un écart, une entorse, une minuscule inadéquation fondamentale entre le monde pourtant familier qu’on a sous les yeux et la façon lointaine, vaporeuse et distanciée, dont on le perçoit. »
Distorsion de Pierre Gisèle sort le 28 janvier chez Safe in the Rain & Flippin’ Freaks Records. On la retrouve avec Teeth qui avait répondu à nos cinq questions.
Discographie
TeethPierre Gisèle – Des Diamants Dans l’Eau
- Des diamants dans l'eau
- La pâtisserie
- Distorsion harmonique
- La dame au balcon
- Je vais Mmeux (avec Teeth)
- Bedbugz
- L'oiseau blessé
- La fin du monde (avant goût)
- Tous les policiers