Photos : Joanna & Zaho de Sagazan @ Nuits de Fourvière | 26.06.2024

La soirée était belle. Pas un nuage dans le ciel, une température enfin estivale. Une foule compacte arrivée en avance sur les vieilles pierres pour voir la zazou Zaho, l’ouragan Sagazan. La vie était belle encore pour un temps. Le set commence et le brouhaha de l’assemblée s’éteint instantanément. De la fontaine de sang gicle cette voix ample, majestueuse, sculpturale. Baudelaire cherchait dans l’amour un sommeil oublieux, Zaho nous enivre seule au piano de sa force vitale, étanche notre soif de bonheur tout en dénonçant cupidité, égoïsme et toxicité. Car oui, « l’amour n’est [pour moi] qu’un matelas d’aiguilles ». Mais l’on prend une grande goulée d’air pour Aspiration qui nous fait déjà tourner notre tête avec les beats technoïdes des synthé modulaires. Puis l’on part en voyage, mais de ceux que l’on fait sans bouger ou presque en une nuit. Il faisait déjà chaud cette nuit à Fourvière mais ce trip moite nous envoie au septième ciel. Quand surgit l’explicite confession mon inconnu, entre fantasme inassouvi et réalité crue et libre, la température s’élève encore de quelques degrés. Alors on est saisis par les dormantes et cet amour qui rend fou il en est sûr. Quand vient l’accalmie et l’acmé du concert avec dis-moi que tu m’aimes, on est bouleversés par ce doute, ce manque de confiance en soi partagés par beaucoup, prendre soin de l’autre est au cœur de nos relations, amoureuses ou non et l’on voudrait tant le crier en ces temps cauchemardesques. Je rêve qui évoque l’absence et le deuil nous bouscule par sa sincère maturité mais la tristesse ne nous aura pas ce soir. Zaho prend les pleins pouvoir de la chanson en français et transforme le théâtre romain en dance-floor. Puis la danse continue sous l’orage avec le tube la symphonie des éclairs, des épreuves nait la beauté et ce titre prend un tout autre sens depuis quelques jours. Nous aussi nous voulons traverser tous les nuages pour trouver la lumière. Avant de danser à en perdre haleine, Zaho se livre une dernière fois avec ne te regarde pas et ce sentiment d’imposture qui nous traverse souvent. Alors oui, il faut se lâcher et danser, danser, danser. Fourvière jubile, exulte, éclate de joie jusqu’au rappel pour courir encore et encore avec ce Modern Love qui éclaire des visages plus souriants qu’à Cannes nous glisse la mutine Zaho.
Get things done. Et l’on peut célébrer la vie avec une reprise de la reine Brigitte Fontaine, c’est Zaho qui nous éblouit, dans le mal et le bien.

Joanna

Zaho de Sagazan