Beirut – The Rip Tide

On ne dira jamais assez de belles choses en ce qui concerne Zach Condon. Un premier album singulier qui a mis dans le vent toute la concurrence, un deuxième qui a prolongé l'essai... Mais la dernière livraison du groupe (March of The Zapotec/Holland E.P.) nous l'avait laissée sur l'oreille. On craignait le pire. Aurions nous perdu l'ami Zach? Que nenni. The Rip Tide remet les pendules à l'heure. Pour mieux les dézinguer.


Avec ce disque, Beirut arrête de faire mumuse et revient aux choses sérieuses. C’est à dire Gulag Orkestar. The Rip Tide pourrait en être la suite logique. Visiblement Condon a enregistré des morceaux qui trainaient dans des tiroirs poussiéreux depuis des lustres. Et a composé quelques tueries dont l’influence balkanique est moins évidente. Mais le talent de Condon (quelle inégalité cruelle que le talent…) promeut n’importe quel enchaînement de notes en ritournelle intemporelle.

A Candle’s Fire permet à la dream team de Condon (Perrin Cloutier, Paul Collins and co) de nous emmener valser loin. Très loin. Le final de ce morceau ne peut être fourni que par Beirut. On est sur la corde raide. On peut basculer à tout moment dans le trop ou le pas assez. Et au contraire, on s’élève dans cette orgie toute en retenue. Santa Fe, ville natale de Condon, donne son nom à un morceau qui est le talon d’Achille du disque. La production retombe dans les travers du groupe. Enfin travers, travers… On se comprend.

https://soundcloud.com/revolver-usa/beirut-east-harlem

Discographie

East Harlem, premier morceau refilé à une foule de fans se tapotant les veines depuis des mois en attendant leur nouveau shoot, est au final très convenu. Goshen et son piano permettent à Condon d’inspirer quelques moments pour expirer de plus belle avec Payne’s Bay et The Rip Tide. Ce dernier a la capacité de mettre à genoux une horde de légionnaires. Bon Dieu. C’est simple. Pas compliqué. Mais le jeu du piano et des cuivres nous détache et nous porte on ne sait où. Le souffle de Beirut nous porte jusqu’au morceau final. Port of Call. Le diamant du disque. Zach Condon y chante merveilleusement bien. Port of Call nous noie dans un océan de spleen. Et on se dépêche d’y replonger.

Qu’écrire ? Pas grand chose. Juste écouter. Et pleurer.

On tient un des disques de l’année. Et peut être plus encore.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

Cela pourrait vous intéresser

Beirut

Beirut en Norvège

Réfugié sur l’île de Hadsel au nord de la Norvège pour des raisons de santé, Zach Condon croise la route d’un collectionneur et amateur d’orgues, Oddvar, qui lui ouvre l’église du village. Son orgue du début des années 1800 inspirera les chansons du nouvel album de Beirut, Hadsel qui sort le 10 novembre chez Pompeii […]
Beirut - No No No

Beirut – No No No

Il aura donc fallu quatre ans à Zach Condon, le maître à déprimer de Beirut pour donner une suite à l’album de la renaissance qu’est The Rip Tide. Attention, avec Beirut, on ne triche pas. Soit on touche le firmament (le divin Gulag Orkestar et l’excellent The Rip Tide) soit on se vautre comme ce […]

Plus dans Chroniques d'albums

Mattlow-uneviecool

Matt Low – Une vie cool

Il y a des voix qui vous séduisent, vous enveloppent, vous rassurent. Matt Low sort son deuxième album après le formidable La ruée vers l’or, et Une vie cool est drôlement bath.
Lesmarquises-soleilsnoirs

Les Marquises : Fiat Lux

Avec Soleils Noirs, Les Marquises nous entraîne dans un archipel du bout du monde, un voyage au long cours en deux plages mystérieuses et fascinantes aux titres puissamment évocateurs, L’étreinte de l’aurore et Le sommeil du berger.
Karkwa Dans-la-seconde

Karkwa – Dans la seconde

Qui l’eût cru ? Karkwa revient dans la seconde, treize ans après Les Chemins de verre. Peu connue en France, la formation québécoise est la valeur sûre de la Belle Province avec des arrangements amples et une voix, celle amicale de Louis-Jean Cormier.