Mark Lanegan
Mark Lanegan a collaboré avec toute la planète rock de ses 20 dernières années. Il débute sa carrière dans les années 90 à Seattle. Quoi de plus normal alors que de commencer par le grunge. Après un projet avorté avec Kurt Cobain, le prince de l’époque, Mark Lanegan lance les Screaming Trees. Le groupe grunge n’aura pas le succès d’un Pearl Jam mais sortira tout de même 11 albums. Après le dernier album du groupe en 1997, Mark Lanegan multiplie les rencontres. Il participe aux albums de Queens Of The Stone Age depuis leur album Rated R, forme un duo avec le chanteur d’Afghan Wings, un autre avec Isobel Campbell la moitié de Belle and Sebastian, s’acoquine avec les belges de Creature With Atom Brain… Lorsqu’il est en mal d’égo ou que ses collaborations ne lui permettent pas de s’exprimer comme il le voudrait, Mark Lanegan sort des albums solos. Chez Sub Pop Records d’abord, héritage grunge probablement, puis chez Beggars Banquet. Blues Funeral, son nouvel album solo sortait en février. Pour ne pas faire mentir son gout pour les rencontres musicales, Mark Lanegan retrouve pour l’occasion Josh Homme, le leader de Queens Of The Stone Age et compagnon de longue date, Dreg Dulli frère d’arme sur le duo The Gutter Twins et Jack Irons ex Red Hot Chili Peppers.
Blues Funeral, le titre semble coller à merveille à l’image sombre de Mark Lanegan. « Le Blues c’est un état d’esprit chez moi » disait-il au magazine Noise. Dès l’ouverture de l’album, avec « The Gravedigger’s song », le premier single, la voix du chanteur se fait encore plus grave et rocailleuse que d’habitude. Elle se prête à merveille à ce titre nerveux aux percussions puissantes ou à « Bleeding Muddy Water », morceau à la lenteur lascive et à la batterie martelée comme autant de coups de buttoir. Sur « St Louis Elegy », les orgues et les harmonies vocales font discrètement planer l’esprit d’Ennio Morricone. La ballade « Deep Black Vanishing Train », avec ses guitares claires et ses instruments à vents, insuffle une touche americana à l’album… Blues Funeral enchaine les morceaux lugubres, mélancoliques, sombres, saturées, puissants, nerveux, qui s’inscrivent dans la continuité des courants explorés jusqu’ici par Mark Lanegan.
Discographie
Mark LaneganMark Lanegan Band – Quiver Syndrome
https://soundcloud.com/exclaim/sets/mark-lanegan-band-blues/s-WSsSJ
Mais ce n’est pas tout, parce que Mark Lanegan nous réserve quelques surprises. L’air de rien et dés le troisième morceau de Blues Funeral, le chanteur de rock s’essaye à une électro pop pleine de synthés et de boite à rythme. Une invitation à la danse, véritable matériel à dancefloor. On n’avait jamais imaginé Mark Lanegan dans le registre de crooner pop un peu glam, mais c’est pourtant de ça dont il s’agit. La voix de fumeur compulsif ne collera jamais vraiment aux arrangements électro pop un peu simpliste. Et si l’essai ne manque pas d’honnêteté, il manque plutôt d’authenticité. Comme si le chanteur de rock un peu anonyme avait voulu montrer que lui aussi était capable de faire danser les foules sur la bande FM. En restant anecdotiques, les morceaux auraient pu prêter à sourire, passer pour une blague, ou un essai motivé par la curiosité de l’artiste. Mais à force de multiplications, ils finissent par ennuyer au mieux, irriter au pire. Ce ne sont ni les synthés ni les boite à rythmes qui sont nouveaux chez Lanegan, alors finalement c’est peut être la pop qui ne lui va pas. On le sait depuis le début que son truc à lui, c’est plutôt un rock plus brute et sombre.
Blues Funeral fini par être un album à moitié réussi. Et on ne peut qu’espérer que l’électro pop ne restera qu’une tentative. En attendant, il sera toujours temps de découvrir ce que donne ces morceaux en live. Le chanteur se produira à Rock en Seine cette année, seule date française annoncée jusqu’ici.