Ils font partie du club, celui très fermé des groupes qui dès le premier riff de basse vous prennent, vous retournent contre le mur ou vous dynamitent, vous dispersent, vous ventilent et vous laissent groggy et moite.
Il y a clairement aujourd’hui dans le rock and roll les BRMC et les autres. Bien sûr les autres black assurent, qu’ils soient Black Keys, Black Angels, Black Lips ou même ce bon vieux Jon Spencer, mais les BRMC possèdent ce petit plus que certains pourraient nommer ‘pose’ (la capuche, les rouflaquettes, la basse portée en étendard…) qui fait d’un concert un moment fort, un uppercut sonique, une expérience quasi mystique. Lundi soir, dès le premier titre, Hate the Taste, les fantômes étaient à la fête et la foule déjà houleuse devint tempétueuse, douchée par une pluie de houblon. Le rock & roll est par essence sauvage, rugueux mais aussi pelvien, ici il se mue en transe chamanique où le noir des cuirs étincelants, les cheveux geais de Peter et Robert sont illuminés par Leah, l’ex Raveonettes, moissonneuse batteuse métronome aux baguettes plus longues que ses bras fluets dans un clair obscur fantasmagorique.
Les BRMC sont le résultat d’un certain syncrétisme rock, ils ont ingurgité l’histoire d’un genre et le régurgitent crânement. D’ailleurs pendant que les roadies installent la scène minimaliste, batterie en figure de proue, la salle sort le chien des Stooges, les pierres qui roulent se castagnent dans la rue, les portes éteignent la lumière car la musique est finie. Dès les premiers larsen, dès les premiers coups de massues sourds sur les fûts, la fosse extatique pogotte que cela soit sur les morceaux mid tempo ou sur les rollercoasters grisants où la basse se fait guitare. Une pointe de clavier, un harmonica stridulant, une reprise hommage du Let the Day Begin du regretté Mickael Been de The Call, une version survoltée de Spread Your Love, un rappel acoustique et feu de tout bois avec Complicated Situation et Shuffle Your Feet et un final ‘maëlstromystique’ avec le déchaîné et classique Whatever Happened to My Rock & Roll font de ce concert une des soirées mémorables de l’année dans une salle plutôt habituée à un public sage, avec un très bon son et qui accueillait donc pour la première fois Les Nuits de l’Alligator avec en bonus les turbulents et bondissants irlandais de Kid Karate et Dead Combo.
La setlist du concert au Le Radiant-Bellevue :
Hate the Taste
Beat The Devil’s Tattoo
Let the Day Begin (The Call)
Rival
Ain’t No Easy Way
Berlin
Returning
River Styx
Some Kind of Ghost
Six Barrel Shotgun
White Palms
Lose Yourself
Evol
In Like the Rose
Conscience Killer
Spread Your Love
Rappel :
Complicated Situation (acoustic)
Shuffle Your Feet (acoustic)
Whatever Happened to My Rock & Roll
Black Rebel Motorcycle Club – Complicated Situation
Black Rebel Motorcycle Club – Shuffle Your Feet
Black Rebel Motorcycle Club – Let the Day Begin
The Call – Let The Day Begin (1989)
Black Rebel Motorcycle Club – Some Kind of Ghost
Black Rebel Motorcycle Club - Specter At The Feast
Très belle review, très bien écrite. Heureusement que le rock possède les BRMC! (par contre j’ai trouvé le son bien pourri pendant toute la soirée, des voix noyées dans les gros sons)
Merci ;-) mais pas trop d’accord sur le son. Qu’il y ait du gros son c’est inhérent au genre et justement j’ai trouvé que la voix passait juste ce qu’il fallait, après cela dépend peut être de la place dans la salle qui est assez grande ;-)