The Coral – The Curse of Love

The Coral - The Curse Of Love
Libérés du contrat qui les liait à une major qui avait refusé à l'époque de sortir ce disque, les Coral sortent de la cryogénisation The Curse of Love, album enregistré à la va-vite sur un 8 pistes après The Invisible Invasion.


Petit rappel historique. A l’époque, les membres du groupe ont 19 ou 20 ans, trois poils au menton et viennent de placer quatre disques dans le top 5 anglais en quatre ans. Même le très psychédélique Nightfreak and the Sons of Becker, suite bordélique et hallucinée de l’album Magic and Medicine, a atteint la cinquième place des classements britanniques. Une autre époque décidément.
Désormais hébergés sur leur propre label, les Liverpuldiens ont la liberté de publier ces chansons. Pas sûr qu’ils retrouvent le top 5 d’antan mais qu’importe…

The Coral

On ne le répétera jamais assez mais chroniquer un disque de ce groupe est un exercice relativement difficile. En effet, un disque des Coral se révèle au bout de quelques écoutes, de quelques mois et de quelques verres de vin rouge. Ce groupe a le don pour produire des disques qui naviguent en dehors du temps et qui offrent une nouvelle facette à chaque passage. Une constante chez les musiciens de Liverpool : tentez l’expérience avec un disque de Shack ou avec une chanson de Lee Mavers et vous verrez.

The Coral – The Curse of Love

Discographie

Une partie des chansons de The Curse of Love n’est pourtant pas totalement inconnue. Nous retrouvons des faces B (Willow Song, petite sœur de Put the Sun Back ou encore Gently, cousine de Two Faces) et des chansons occupant une place de choix sur la plantureuse compilation appelée sobrement Singles Collection.

Nous trouvons aussi de vraies nouvelles chansons qui montrent toute l’étendue du talent de son groupe hors pair. Avec trois guitaristes dans l’affaire dont Lee Southall (qui prendra son envol avec la future défection de Bill Ryder-Jones), difficile d’être mauvais et de pondre que des étrons. Quoique certains groupes en sont capables…

La première qualité de The Curse of Love est de nous faire basculer dans l’atmosphère de 2005. Le chef d’œuvre des Bees (Free The Bees) n’est pas loin, les Coral passent comme jamais à la radio (avec In The Morning) et l’Espagne fête les 400 ans du Don Quichotte de Cervantès. Des Don Quichotte, les Coral en sont. Têtes baissées, envoyant Noel Gallagher dans les cordes avant d’accepter son aide, les Coral balancent à la tête du public une multitude de chansons à tout berzingue. Le public suit, enfin tente de suivre, et sera au final essoufflé avant le groupe. Un comble! Les membres des Coral sont les Don Quichotte de la pop anglaise: ils se battent contre des moulins à vent et défendent une certaine idée de la pop. Et ça, tout le monde s’en fiche!

The Curse of Love est donc le chaînon manquant entre les débuts foutraques du groupe et le calme salvateur des années qui suivent.
The Second Self, comptine psychédélique, et sa grande sœur Nine Times The Colour Red rappellent le coté très Captain Beefheart de l’affaire.
On distingue aussi, la coupe au bol du Père James Skelly. Celui-ci quitte l’adolescence vocale de Dreaming Of You et se transforme peu à peu en prêtre de la nostalgie voguant sur la Mersey (Willow Song & The Watcher In The Distance). Et ce type arrive encore à nous faire pleurer avec les mots de You Closed The Door. Ce n’est qu’un début: en 2005, nous n’avons pas encore entendu Cobwebs.

C’est cela, fermons la porte, buvons un verre de vin et écoutons une nouvelle fois ce disque.

The Coral – The Curse of Love
9/10
Pouet? Tsoin. Évidemment.

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