Drôle de situation que d’être spectateur de ce moment de création. Je me rends compte de toute la difficulté pour eux de canaliser cette énergie et cette envie de faire le meilleur album. De pouvoir s’exprimer et revendiquer ce que chacun fait et ce qu’il est. Etre témoin des moments de doutes, de recherches, de tensions, de blocages qui permettront d’arriver à la synthèse de ce que chacun souhaitait mais qui ne pouvait sortir.
Et puis c’est aussi une course après le temps, dix jours de studio c’est très court, cela met une pression supplémentaire au groupe dans les moments de questionnement. Mais à aucun moment ils n’ont fait de sacrifice sur l’autel du temps ou du doute. Ils sont allés jusqu’au bout de leurs idées et de leurs envies.
Pour réaliser cet album, ils ont fait appel à Jeff Hallam (My Friend Jeff et bassiste de Dominique A). Il les a poussé à travailler les petits détails de composition, à découvrir de nouveaux sons, à utiliser certains instruments de façon non conventionnelle pour donner l’identité et la singularité de cet album. Aujourd’hui 3 minutes sur mer nous livre un EP de quatre titres, pour nous mettre l’eau à la bouche. L’album sortira dans quelques mois. D’ici là vous pouvez les écouter en première partie de Zazie au Théâtre des Folies Bergère, jusqu’au 19 mars. Quelques dates sont déjà prévues à Paris et en province.
Pour accompagner ces photos, chacun a bien voulu nous dire comment il a appréhendé l’enregistrement de ces titres. Pour cette nouvelle aventure le trio est devenu quatuor avec l’arrivée de Matthieu Lesenechal aux claviers.
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3 minutes sur mer - Catapulte
Guilhem Valayé : chant, clavier, guitare
« 3 minutes sur mer est issu de plusieurs mutations. Jusqu’à l’album Des espoirs de singes nous étions un duo. Tout n’était que live minimal et enregistrement mémo. Même ce dernier était une sorte de polaroid audio fixé par hasard par un ingénieur du son lucide et prompt (Christophe Gérard). Depuis nous avons cherché, non pas à nous enregistrer mais à bâtir ce que nous voulions écouter comme musique. Sortir des machines, partager avec d’autres musiciens et s’affranchir des capacités scéniques, d’un duo devenu trio nécessitait un numéro 10, filou et ferme. C’est en la personne de Jeff Hallam (réalisation) que le jeu a pu s’ouvrir sur le terrain des studios Music Unit, ainsi qu’au travers d’instruments additionnels comme le piano, les claviers analogiques, les cuivres , la basse et autres bricolages d’écho à bandes. L’endroit d’où l’on vient est notre premier album studio. Nous pensions faire une mise à jour de la musique de 3 minutes sur mer, mais l’achèvement de cet album nous a donné l’impression que nous allions simplement enfin laisser quelque chose, quelque part à quelques uns. »
Samuel Cajal : Guitare, sampling, chant
« Notre premier album dans un vrai studio. Ce n’est pas rien comme expérience, dès le premier jour je sais qu’il faudra apprécier tous les instants, le présent s’effiloche si vite en souvenir d’ancien combattant… Il y aura des engueulades, des accidents miraculeux, des doutes. Je sais aussi qu’il y a un sacré bonheur au bout. C’est le premier livre de notre vie collective qu’il nous faut poser là, en chansons, chapitre par chapitre. D’abord le cœur, la pulsation, la batterie de Johan. Ensuite mon tour, les guitares, essayer d’être efficace, choisir le bon ampli suivant la chanson parmi le vaste choix du studio Music Unit. Chaque prise à refaire, c’est du temps en moins pour les autres. Viendra les claviers de Mathieu puis, le toit de l’édifice, la voix de Guilhem. Tout le travail de pré-production effectué avec Jeff Hallam nous a énormément aidé, autant dans les arrangements que dans la planification du travail. Au final, je crois que la beauté de ce disque réside dans le fait qu’il a échappé aux individus qui y ont participé. »
Johan Guidou : Batterie, clavier, chant
« Cette expérience du studio est la transformation de la musique en art plastique. D’abord, il s’agit de choisir la matière avec laquelle les chansons vont être peintes, sculptées. De cette pré-production (magnifiquement orchestrée chez et par Jeff Hallam), de cette première ébauche en ressortira une sorte d’argile encore fraîche qu’il faudra cuire intensément. Music Unit a su à merveille représenter ce calorifère. 10 jours de cuisson sans que la température baisse… Puis est venu le temps de mettre la couleur. La voix, les mots, les histoires que l’on raconte. Au final l’ouvrage usiné, mixé, masterisé (Chab Mastering) ressemble sans doute aux images sculptées de l’endroit d’où l’on vient. »
Matthieu Lesenechal : clavier
« Enregistrer un album, quelque soit l’expérience que l’on a, c’est un travail toujours nouveau. Pas de règle ou de formule passe-partout ici, à l’image de la musique elle même. Il faut donc chercher, essayer, écouter, discuter et recommencer pour réussir à capter des choses que l’on avait même pas forcément imaginé. Souvent les chansons vous disent ou elles veulent aller, mais elles ne se laissent pas toujours dompter si facilement. Enregistrer un album c’est toujours un plaisir immense, surtout avec ces gens là. Vous vous rappelez quand vous ouvriez vos cadeaux de Noël étant gamin ? Voila, c’est comme ça. »