Le son me replonge quelques heures auparavant, vers 19h45 hier soir, lorsque j’arrivais, après d’interminables galères de colis suspect dans le RER A, dans cette bonne vieille banlieue champêtre qu’est Noisiel, avec une seule chose en tête : ne pas louper cette chanson.
Quelle chance j’ai eu, il faut bien le dire, les Woods étant programmés de 19h à 20h, j’ai failli tout rater.
Pourtant, au moment où je fais irruption sur le lieu insolite du Psych Fest, ils démarrent seulement leur live, avec 35 min de retard.
Quel soulagement ! Du coup, je prends à peine le temps de regarder autour de moi, et je file au devant de la scène, une bière à la main, pour prendre part aux festivités.
Je me glisse devant la barrière sans aucun mal, il y a bien moins de monde que ce que je pensais, cela change vraiment de l’oppression habituelle qu’on peut ressentir sur les gros festivals.
Pourtant il n’ y a qu’une scène, le lieu n’est pas si grand, mais tout le monde a visiblement la place d’apprécier le plus tranquillement du monde ce qui est entrain de se passer devant ses yeux.
Les Woods sont là, très pros, un live de qualité mais qui manque un peu de folie selon moi.
Chacun des membres du groupe semble happé par la puissance de son instrument, et j’ai parfois l’impression qu’ils jouent plus pour eux que pour nous. Cela n’enlève rien à la beauté de ce qu’ils nous envoient, techniquement parlant surtout, mais j’ai du mal à me sentir vraiment connectée et à me laisser emporter.
Et c’est sur Moving to the left, justement, que la magie opère enfin. Tout à coup tout le public se met à chanter, je regarde autour de moi, tout le monde semble s’unir autour d’eux, comme si nous commencions enfin à vivre ce concert ensemble plutôt que chacun pour soi : du festivalier cliché en pantalon à fleurs et aux faux airs de Lennon, à un vieux rocker de 70 ans venu avec son fils, en passant par un groupe de lycéennes, tout le monde scande le refrain avec eux. Un beau moment.
Woods – Leaves like glass
C’est après leur concert que je prends enfin le temps de réellement regarder où nous sommes.
Le lieu est beau, vraiment au milieu de nulle-part, et on a presque l’impression d’une fête de village improvisée aux accents un peu plus hippies que kermesse, disons. Trois bars se battent en duel avec une expo, un camion à burgers, un stand de vinyles et un minibus « Red Bull » dont je n’ose pas m’approcher trop à cause du son super fort aux beats énervés qui s’en échappe.
L’ampleur de l’événement est en fait bien moins importante que ce que je pensais, et l’ambiance n’y est pas forcément incroyable, mais franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien de pouvoir te balader d’un endroit à l’autre sans se faire marcher dessus, de pouvoir prendre une bière ou aller aux toilettes sans faire une heure de queue, d’avoir un mini-transat en tissus, et même 2, 3 ou 4 si tu veux, pour te poser entre deux concerts.
De pouvoir apprécier réellement la musique sans tousles artifices attrape-festivaliers habituels qui visent à te faire dépenser encore et toujours plus. Bon, la pinte reste quand même à 8e + consigne, faut pas déconner non plus.
Le concert de Night Beats a lieu sur la deuxième scène, à l’intérieur d’une grange. L’ambiance est bien plus énervée et étouffante que pour les Woods, à coups de pogos et de hurlements, ça jure pas mal avec le calme du reste du festival, c’est marrant.
Je fais quelques chansons mais ne tiens pas longtemps. Pour ceux qui ont eu le courage de rester dedans, cela a semblé être une belle perf’ de la part des Night Beats, qui ont su pousser dans leurs retranchements ce public de festivaliers si serein au concert précédent.
C’est le concert de clôture qui m’aura finalement le plus marquée.
Très beau live de Jacco Gardner et ses acolytes, qui jouent un peu plus d’une heure alors que la nuit tombe lentement sur la ferme du Buisson.
Jacco Gardner – Brightly
Je me laisse transporter par la musique, et par l’aura de Jacco, les cheveux dans les yeux comme à son habitude, mais bien présent, qui nous remercie, tantôt en français, tantôt en anglais, entre chaque chanson.
Non mais merci à toi mec, t’as vraiment été bon.
À tel point que quand la musique s’arrête définitivement, vers 23h, après sa deuxième chanson en rappel, tout le monde en redemande encore, et personne ne veut quitter les lieux.
Expérience concluante donc, que ce dimanche soir à la ferme, pour la 3ème édition du Paris Psych Fest. À réitérer, en espérant qu’ils nous concocteront une prog’ aussi fournie pour l’année prochaine, et un lieu plus insolite encore.
Jacco Gardner – Another You