Qui aurait cru 26 ans après la fin de la deuxième saison de Twin Peaks à un tel retour flamboyant ? Ceux qui se souviennent de feu La Cinq de Berlusconi qui ne savait sûrement pas ce qu’il faisait ont à l’époque assisté un cataclysme télévisuel les marquant à jamais. Lynch n’a pas crée le monde des séries, il a modifié la façon de les regarder, jouant sans cesse avec son spectateur, le secouant, le baladant, l’hypnotisant.
Avec cette troisième saison de Twin Peaks, Lynch signe bien plus que la suite d’une série qui a influencé bon nombre des suivantes à très gros succès fuitant inopinément sur la toile. Mais au final, est-ce une série télé ? n’est-ce pas plutôt une oeuvre d’art moderne et conceptuelle, non, une oeuvre programmatique, une oeuvre totale, une cathédrale qui va bien au delà de ses références et ses clins d’œil. On connait la passion pour l’art sous toutes ses formes, la peinture aux influences Baconiennes, la photographie, le design et bien sûr son goût pour la musique (trois albums, Ghost of Love en 2006, Crazy Clown Time en 2011, The Big Dream en 2013 – Ghost Crazy Dream ne pourrait-il pas être le sous titre de Twin Peaks ?).
Et comme Twin Peaks est une oeuvre-somme où l’on retrouve tout le petit musée lynchien, chaque épisode fait la part belle à la musique sur la scène du Bang Bang Bar avec des artistes soigneusement choisis par le maître, confirmant son penchant pour les voix féminines éthérées avec entre autres Chromatics, Au Revoir Simone, Sharon Van Etten, Lissie ou bien sûr Nine Inch Nails. Les chansons sont en fin d’épisode, formant le générique et parfois au delà. Là encore, même si ce n’est pas grand chose, le roi David ne fait rien comme les autres comme vous pouvez le constater ci-dessous dans le Blow Up d’Arte qui lui est consacré, le documentaire Cinéastes de notre temps de Guy Girard en 1989 où Lynch dans les néons d’un diner ressemble étrangement à Dale Cooper ou en regardant le récent David Lynch : The Art Life Documentary qui évoque davantage sa peinture.