En 1997, Vincent Chauvier ne connaît pas le mot repos. Après avoir lancé Dominique A et Diabologum, il lance la fabrication du premier album de Françoiz Breut. Originaire de Cherbourg, cette illustratrice de profession franchit le Rubicon avec Dominique A.
Françoiz Breut
J’ai envie de te poser la même question qu’à Pascal Bouaziz… Comment as-tu rencontré le label Lithium ? Par l’intermédiaire de Dominique ? Tu te rappelles de ta première rencontre avec Vincent Chauvier ?
Discographie
Françoiz BreutFrançoiz Breut : Oui j’ai rencontré Vincent Chauvier par l’intermédiaire de Dominique, non je ne me rappelle pas du tout de cette première rencontre .
Comment est née l’idée de faire ce premier album ? L’idée est venue naturellement ?
Nous avions un groupe de reprises avec Sarah Froning, Eric Deleporte (ex Pério) et Pierre Bondu qui s’appelait Squad Femelle, Dominique A m’avait, à l’époque de son deuxième disque, proposé de l’accompagner sur scène pour quelques morceaux, tout ça a pris de plus en plus d’importance et il a eu envie, de m’écrire des chansons, ce n’était pas dans mes plans, et on y a pris goût, le disque est sorti très vite après son disque La mémoire neuve où sur scène je chantais de plus en plus.
https://www.youtube.com/watch?v=5tIZyDOHk-I
Sur la pochette on peut lire que les co-producteurs sont Dominique A., Dominique Brusson, Gilles Martin, Olivier Grumf et Sacha Toorop. Pourquoi autant de personnes se sont occupées de la production ? Cela ne t’a pas donné le tournis ?
Les histoires de production, c’est toujours un peu compliqué car tout le monde a son mot à dire, j’aurai aussi pu bien dire que j’avais participé à la production. Il y a eu 3 périodes d’enregistrement une à Bruxelles produit par Gilles Martin, une à Liège produit par Grumf, et la dernière à Rennes par Dominique Brusson, les 3 lieux expliquent les 3 producteurs.
Quel est ton meilleur souvenir de cet enregistrement ?
Le meilleure période fut Liège, Nous étions dans les sous sols d’une ancienne gare, la Soundstation, qui était aussi une salle de concert avec un bar très cosy, nous avons rencontré pleins de chouettes personnes.
Liège était, est toujours une ville très chaleureuse au point de vue rencontres et bonnes énergies, les gens sont généreux, tellement contents de rendre service, Sacha Toorop (qui venait de Liège) nous a fait rencontrer pas mal de musiciens notamment un violoniste, un trompettiste qui ont participé au disque. Quand je pense à cette période, je pense à une très belle chanson de Brel qui s’appelle Il neige sur Liège.
Jacques Brel – Il neige sur Liège
Comment as-tu appris à chanter ?
Sur mon vélo et dans ma douche.
Dominique t’apportait des textes et vous les « sélectionniez ». Si cela fonctionnait, vous les gardiez… Si cela ne fonctionnait pas, les textes (et les mélodies) allaient à la poubelle. Tu n’as aucun regret sur la sélection qui a été faite ? Tu n’as pas le souvenir d’une chanson jetée trop vite ?
La sélection ne fut pas très grande, je ne me souviens pas, avoir refusé des chansons, étant une fan de première heure de Dominique, je crois que j’étais surtout impressionnée par la qualité de ses chansons et sur sa productivité. Comme nous étions en couple à l’époque, c’était donc très facile de travailler et de répéter ensemble, les choses vont beaucoup plus vite de cette manière, je me rappelle avoir pleurer à l’écoute de Aprés la nuit jouée sur un orgue Hammond et sa cabine Leslie qui prenait presque toute la place dans notre chambre.
Quelle est ta chanson préférée de ce premier album ?
La Femme sans histoire, c’est la chanson la plus gaie, la moins classique au niveau des arrangements, j’étais très heureuse de découvrir le travail du sampling à cette époque. Et le thème m’allait très bien puisque je n’écrivais pas encore et que j’avais simplement envie de raconter / chanter des histoires et raconter celles des autres ne posait aucun problème.
Quelle est l’histoire de la chanson Ma Colère ?
Pour être honnête ,je ne m’en souviens pas… il faudrait demander à l’auteur. Pour moi c’est l’histoire de quelqu’un qui baisse les bras, qui a perdu beaucoup de ses illusions, quelqu’un de désabusé qui a perdu espoir face au monde qui l’entoure. J’ai un peu du mal à la chanter aujourd’hui, ça ne me correspond plus du tout.
Françoiz Breut – Ma colère
Pourquoi avoir choisi de mettre un portrait de toi fait avec un Polaroid en guise de pochette ?
Je n’ai pas décidé, c’est Lithium qui a décidé ça. Une jeune ( plus si jeune) chanteuse naïve n’avait pas beaucoup de poids au sein d’un petit label de mecs engagés. Je me laissais porter par les évènements, sinon j’aurai certainement proposé autre chose comme pochette.
Quels groupes écoutais-tu à l’époque ? Tarnation ? Tu les écoutes toujours ?
J’écoutais beaucoup d’américana, et j’ai découvert Tarnation, la voix divine de Paula Frazer , Calexico, leur premier album m’a beaucoup marqué, et lorsque nous nous sommes rencontrés lors d’un concert de OP8, je découvrais à cette époque toute la filiation avec Giant Sand et tous les disques que déjà Joey Burns commençait à produire. J’écoute toujours de temps en temps ces groupes, mais en 20 ans j’ai découvert pleins d’autres musiques, heureusement et notamment des groupes plus influencés par l’électronique comme Whitest boy alive, The Knife, Austra… et j’en oublie.
Te sentais-tu proche des groupes présents sur Lithium ?
Oui, très proche, au niveau musical et nous formions presque une petite famille à l’époque de Diabologum, Perio, Holden, et les tournées communes ont crée des liens, puisque nous nous voyons encore parfois malgré les distances.
Sacha Toorop
Sacha Toorop a publié l’album Les Tourments du Ciel (Igloo Records) cette année et est actuellement en tournée en Belgique.
Comment as-tu rencontré Françoiz ?
Sacha Toorop : J’ai commencé par jouer avec Dominique A, je suis arrivé un peu avant la sortie de son album La mémoire neuve sur lequel Françoiz chantait aussi quelques titres. Nous sommes partis en tournée ensemble, la vie sur la route nous a fait nous rencontrer.
Quel âge avais-tu ? Comment es-tu venu à la guitare ? C’était ton premier vrai enregistrements ?
C’était en 1995, j’avais 25 ans. J’ai grandi dans un environnement musical, mon papa étant musicien, il y avait des guitares à la maison. Elles faisaient parties des meubles. Vers 11 ou 12 ans, je jouais sur une acoustique avec la quelle il ne jouait pas souvent. J’ai continué à ma façon, je suis un autodidacte. J’avais déjà pas mal bidouillé sur 4 pistes et quelques fois en studio avec des amis.
Il y a eu des difficultés ? Tu es resté longtemps ? D’après Mocke, tu as fait la majorité des parties de guitare.
Je ne me souviens pas de difficultés particulières, sinon, de notre matériel qui n’était pas vraiment, disons, toujours très conventionnel. Je ne me souviens plus du temps que cela nous à pris pour l’enregistrement, mais je me souviens que nous ne tergiversions pas, les décisions se prenaient assez rapidement, comme une évidence, avec ce que nous avions emmené sur place.
Dominique a écrit les chansons, il a joué beaucoup des guitares. Nous cherchions des parties d’arrangements, chacun avec nos capacités, nos connaissances et nos références, nous gardions ce qui collait bien. L’un proposait une ligne de basse, un clavier, l’autre une guitare, un son, un effet sonore, c’était assez naturel. Nous aimons toucher un peu à tout.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de cet enregistrement ?
Les moments d’improvisations, quand nous cherchions des voies d’arrangements pour tel ou tel titre. Les moments timides avec Gilles Martin que je rencontrais pour la première fois et que j’adorais parce qu’il avait travaillé sur le premier album de dEUS (groupe belge que j’aimais bien) et qui était sorti quelques mois auparavant, j’étais impressionné par son travail.
Quelle est ta chanson préférée de cet album ?
J’aime vraiment l’album dans son entièreté.J’aime beaucoup le titre d’ouverture, Tarifa et La femme sans histoire.
Mocke
Mocke a poursuivi ses aventures musicales avec le groupe Holden. Il a aussi publié deux disques solos chez Objet Disque. Toujours chez Objet Disque, Mocke publiera le troisième album de Midget! intitulé Ferme Tes Jolis Cieux le 3 novembre).
Comment t’es tu retrouvé en studio avec Françoiz Breut en 1997 ? Tu rentrais tout juste de Dublin si je ne me trompe pas. Comment vous-êtes vous rencontrés?
Je jouais déjà avec Silvain Vanot depuis quelques mois, on partageait souvent l’affiche avec Dominique A et je croisais donc assez régulièrement Françoise. J’aimais bien causer avec elle avant qu’elle ne monte sur scène avec Dominique. Elle était tout à fait chaleureuse et charmante et elle n’a guère changé.
J’étais rentré de Dublin depuis quelques temps déjà.
Quel souvenir gardes-tu de cet enregistrement ?
Celle d’une atmosphère exaltante de travail, de création musicale, d’une sorte de labo galvanisant en compagnie de gens aussi inspirés que Sacha, Gilles et bien entendu Dominique qui dirigeait l’ensemble d’une main de maître.
Selon Discogs, c’est l’une de tes premières participations à un album. Quel âge avais-tu ? Te retrouver en studio avec Dominique A, Gilles Martin… Tout cela ne t’a pas impressionné ?
Je crois que la même année j’ai été enregistrer Égérie de Silvain à Nashville et on était déjà sur le premier disque d’Holden. Et puis il y a eu aussi le Zeppelin always crashing de Dogbowl à la même époque. J’avais 25 ans et je connaissais déjà Dominique. J’étais fan bien sûr mais ce n’était pas la première fois que j’avais affaire à lui. Quelques mois auparavant il m’avait invité à improviser sur ses morceaux lors d’un concert unique à La fondation Cartier. Gilles Martin je n’en avais presque pas entendu parler à l’époque.
Oui sans doute un peu impressionnant dans la mesure où j’admirais Dominique et que la voix de Françoise me semblait la perfection même. Et que je ne me sentais pas encore très abouti moi-même.
Quelle est ta chanson préférée de cet album ?
Je crois bien que c’est Ma colère.
Cette participation à cet album te fait sûrement rencontrer Vincent Chauvier. Est-ce que ta participation permet à Holden de se retrouver sur Lithium ? Ce premier album de Françoiz Breut est important pour toi ?
Non non Vincent je l’avais rencontré avant, avec Silvain, et il nous avait déjà signé sur son label.
Holden – La colère des imbéciles
Voilà un autre type que j’admirais. Il avait une vision, une force de conviction qui paraissait inébranlable. Je me rappelle qu’on avait déjà notre titre la colère des imbéciles et qu’il y avait là comme un écho à ma colère de Françoise. Oui je suis très fier d’avoir participé à ce disque. Quelques mois plus tard Françoise m’a proposé une tournée avec elle et j’ai été dégoûté de ne pouvoir la faire (pour cause de planning déjà rempli). Ce fut là, en tout cas, le début d’une amitié qui ne s’est jamais démentie.
Françoiz Breut - Françoiz Breut
Françoiz Breut de Françoiz Breut est disponible chez Lithium.
La photographie en Une est signée Jérôme Sevrette.
- Tarifa
- Ma Colère
- La Rue Ne Te Reprendra Pas
- Everyone Kisses A Stranger
- La Femme Sans Histoire
- Le Nord
- Motus
- Le Don D'Ubiquité
- Après La Nuit
- My Wedding Man
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Dates de concerts fournies par Bandsintown